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Editorial La Roche-sur-Yon
Publié le
29 octobre 2024 à 11h47
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Aram Minassian a 28 ans. Il a passé treize ans en Arménie et treize autres en France. Entre ces deux périodes, un écart de deux années, celles de l’exil. Quant aux treize prochaines années, où l’art le mènera-t-il ?
Avec sa moustache Dali, le jeune peintre nous accueille dans son atelier. Des tableaux où le bleu et le vert dominent. “C’est plutôt de l’art naïf”, explique-t-il.
Un visage déconstruit qui rappelle Picasso, un personnage flottant qui rappelle Chagall, un paysage surréaliste qui rappelle Dali. Dans presque chacune de ses œuvres, Mont Ararat est présent. Cette montagne qui culmine à 5 137 mètres est devenue le symbole de l’Arménie. « Cela témoigne de mon attachement à mon pays », dit-il sobrement.
“Le passeur nous a trahis”
Aram a quitté sa petite ville d’Etchmiadzine peu avant ses quatorze ans. Son père était déjà parti un an et demi plus tôt avec les grands-parents et la sœur de l’adolescente. « J’ai dû rester avec ma mère parce que nous n’avions pas assez d’argent pour financer le voyage de toute la famille. »
Lorsque tous deux parviennent à fuir, leur voyage s’avère semé d’embûches. « Nous avons dû traverser l’Ukraine pour rejoindre la France. Mais le passeur nous a trahis. Il a gardé l’argent, nos passeports et nos visas. »
Le jeune Aram et sa mère restent plus de huit mois en Ukraine. Parfois dans un petit logement, parfois dans la rue. «C’était vraiment la panique. J’étais désespérée, je pensais que je ne reverrais plus jamais mon père et ma sœur. »
« Les Azerbaïdjanais nous ont aidés »
« Paradoxalement, ce sont les Azerbaïdjanais qui nous ont aidés à partir. Je ne peux pas les considérer comme des ennemis», dit-il avec émotion. Direction la Pologne, en voiture pendant une semaine.
Puis le bus pour rejoindre la France. « Avec l’angoisse constante d’être arrêté puisque nous n’avions plus de papiers. » Enfin, La Roche-sur-Yon où, après deux longues années, ils retrouvent leur famille, qui entre-temps a obtenu l’asile politique.
De cette période, il reste « une vraie connexion entre nous deux », sourit la mère d’Aram en serrant son fils dans ses bras, fière de ce garçon qui a surmonté tant d’épreuves avec elle et qui, comme sa sœur, mène sa vie avec brio.
Pendant le confinement…
« En Arménie, quand ma sœur avait 20 sur 20 partout, j’en avais 2 ou 3. Sauf en Arts visuels », s’amuse-t-il. Une passion qu’il a rapidement redécouverte lorsqu’il a finalement repris les études et obtenu un baccalauréat professionnel en communication visuelle à Sainte-Ursule high school in Luçon.
N’ayant pas les moyens financiers pour aller aux Beaux-Arts de Nantes, Aram a travaillé chez Michelin, dans la brioche, puis a effectué un BTS en relation client. « J’ai vendu des voitures, des luminaires. »
Puis, il y a eu le confinement où les pinceaux sont revenus chatouiller le jeune homme. « J’ai alors compris que c’était vraiment ce que je voulais faire. » Il décide de se lancer. Laveur de voiture le matin, peintre l’après-midi. Puis indépendant, dès qu’il commence à vendre des tableaux et à être en contact avec des galeries de peinture en France et même à l’étranger.
« La Vigne aux Roses est mon quartier »
Début octobre 2024, la maison de quartier Vallée Verte accueille la première exposition d’Aram à La Roche-sur-Yon. « C’était logique de le faire ici. La Vigne aux Roses est mon quartier. Il y a mes parents, mes amis et c’est là que j’ai puisé mon inspiration. »
Pour Aram Minassian, l’art est devenu le moyen de faire revivre son passé sans s’y enfermer. Il transforme « les cicatrices non cicatrisées, celles du manque du paysdes adieux qui ne pouvaient être dit, des amitiés qui ont disparu dans les conflits guerriers du Haut-Karabakh.
Les souvenirs d’exil se transforment en créations pleines de couleurs et d’espoir. « Quand je peins, j’ai l’impression de me connecter au monde entier et d’envoyer des messages de paix », confie-t-il avant de nous quitter.
Instagram : aramminassian.art
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