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que dit la science ?

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, promet de supprimer les pistes cyclables sur les artères très fréquentées, affirmant qu’elles « paralysent » la circulation automobile. Des études scientifiques se sont penchées sur cette question.

Développer pour attirer

L’aménagement d’une route ou d’une piste cyclable crée une demande. C’est ce que révèle une étude européenne publiée en 2018 (Nouvelle fenêtre). Selon cette étude, augmenter le nombre de voies sur une route favoriserait la circulation automobile. Le trafic devient plus dense et les embouteillages routiers plus réguliers.

Pendant une courte période, il peut y avoir une réduction [du trafic]mais après un an ou deux, voire trois ans, la circulation est tout aussi mauvaise, voire pire, qu’avant l’ajout des nouvelles voies.selon David Beitel, chef du département de données chez Eco-Compteur, une entreprise montréalaise qui analyse la circulation des piétons et des cyclistes.

Le gouvernement Ford souhaite réduire le nombre de pistes cyclables à Toronto, notamment celle de la rue Bloor Ouest. Selon lui, ils sont à l’origine des embouteillages dans la ville.

Photo : Radio-Canada / Patrick Morrell

Mais qu’en est-il des vélos ? Le modèle est le même : augmenter le nombre de pistes cyclables entraînera une augmentation du nombre de cyclistes.

Dès qu’on construit une piste cyclable, au bout d’un an ou deux, la demande latente se manifeste.

Une citation de Shoshanna Saxe, Chaire de recherche du Canada sur les infrastructures durables.

En 2019, une enquête de la ville de Toronto (Nouvelle fenêtre) a révélé que 70 % des Torontois font du vélo, contre 54 % en 2009. Parmi les cyclistes, 44 % utilisent le vélo pour des déplacements utiles (travail, courses, famille) contre 29 % en 2009.

Parallèlement, le service de vélos partagés de Toronto, Partage de véloson constate également une augmentation de son utilisation. En 2023, il représentera 5,7 millions de déplacements, soit 21 % de plus qu’en 2022.

Construire des pistes cyclables donne aux gens un autre choix.

Une citation de Shoshanna Saxe, Chaire de recherche du Canada sur les infrastructures durables

La sécurité et l’idée d’une circulation plus fluide et moins coûteuse inciteront les nouveaux usagers à abandonner la voiture au profit du vélo, estime Mme Saxe. Ce résultat s’observe cependant sur une longue période : il faut environ un an ou deux pour constater une augmentation du nombre de cyclistes.

New York, Paris, Toronto… Des résultats observés dans les grandes villes

New York et Paris ont vu leur trafic routier diminuer ou se fluidifier après le développement des pistes cyclables.

L’étude réalisée en 2020 par CIVITAS de la Commission européenne montre qu’à New York, le temps de trajet a été réduit de 35% (Nouvelle fenêtre) entre la 77e Avenue et la 92e Avenue. Un gain de temps obtenu grâce à un espace dédié aux voitures pour faire un virage, créé lors de l’ajout de la nouvelle piste cyclable.

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Depuis le développement des pistes cyclables à New York, la circulation routière est devenue plus fluide sur certains tronçons, et le nombre de cyclistes a augmenté.

Photo : La Presse Canadienne / Mark Lennihan

Selon la même étude, l’ajout de pistes cyclables dans la Big Apple a réduit de 20 % le nombre de cyclistes blessés sur la route. Un chiffre qui est en légère baisse, malgré la forte croissance du nombre d’utilisateurs.

La Ville de Toronto a réalisé une étude sur le tronçon de la rue Bloor Ouest (Nouvelle fenêtre)entre la rue Runnymède et la rue Résurrection. Depuis l’ouverture de cette piste cyclable, les voitures roulent un peu moins vite et le nombre de cyclistes augmente.

L’étude révèle également que le temps de trajet en véhicule a augmenté : de 2,4 minutes à 4,4 minutes. Données à prendre avec prudence selon Shoshanna Saxe : Le temps de trajet avant les pistes cyclables a été mesuré en 2022. […] nous étions encore en période de fermeture [liées à la COVID]. Les temps de trajet se sont allongés dans toute la ville à mesure que nous nous remettons de la pandémie.

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Toronto a réalisé une étude sur la piste cyclable de la rue Bloor Ouest. Les données ont été enregistrées sur deux ans, entre novembre 2022 et avril 2023 et entre novembre 2023 et avril 2024.

Photo : Radio-Canada

La population urbaine, autre facteur responsable de la circulation

L’augmentation du nombre d’habitants contribue également à l’augmentation du trafic, notamment dans les métropoles comme Toronto qui connaissent une immigration très forte. Les modes de transport doivent s’adapter rapidement. Or, construire une ligne de train ou une piste cyclable ne peut se faire en quelques mois. Pour de nombreux habitants, la voiture devient un choix évident, malgré son coût.

À l’heure du débat sur les pistes cyclables à Toronto, la question reste de savoir si les élus veulent donner la priorité au trafic routier ou aux modes de transport moins polluants comme le vélo.

Avec des informations de Nicolle Mortillaro de CBC

 
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