News Day FR

Alexandre Glikine arpente le Valais de l’Antiquité

Alexandre Glikine arpente le Valais de l’Antiquité

Chaque semaine, Michel Audétat vous recommande un livre qui l’a fait réfléchir, amusé, ému…

Michel Audétat

Publié aujourd’hui à 9h49

Abonnez-vous maintenant et profitez de la fonction de lecture audio.

BotTalk

L’historien et helléniste Michel Aberson (né à Genève en 1956) a enseigné l’histoire ancienne aux Universités de Genève et de Lausanne. Auteur de textes savants pouvant concerner l’épigraphie latine ou les Alpes dans l’Antiquité, il prend parfois la tangente sous un nom d’emprunt : Alexandre Glikine. Sous ce pseudonyme, il a publié un recueil de six nouvelles inspirées de la Grèce contemporaine, « Richter 6.5 », publié l’année dernière aux Presses Inverses. Et le même éditeur sort aujourd’hui un de ses romans : « Alypios » (version revue et corrigée d’un texte paru pour la première fois dans La Différence en 2009). C’est frappant. Des phrases brèves, tendues, presque hypnotiques. On admire que le roman soit si intense avec une telle économie de moyens.

Nous sommes dans le Valais romanisé du IIIe siècle après JC. « Un siècle sombre », affirme une note de l’auteur, qui laisse place à l’imagination. Fils du gouverneur de la Vallée, Alypios est un bel aristocrate imprégné de culture gréco-romaine et « parfois cruel », que désire secrètement son esclave Eutychès. Un coup d’État survient, l’esclave sauve son maître, ils s’enfuient dans les montagnes et les rôles sont désormais flous. L’esclave ici est le narrateur ; il tient les rênes de l’histoire comme il tient entre ses mains le destin de son maître. Leur balade alpine est grandiose. C’est peu dire que le lecteur travaille ; il court, essoufflé, derrière les deux fuyards qui tentent d’échapper à leurs poursuivants, mais pas aux ardeurs sensuelles qui les tourmentent.

Le roman d’Alexandre Glikine rejoue à sa manière la dialectique du maître et de l’esclave. L’esclave Eutychès humanise peu à peu son maître, Alypios, qui va émanciper son esclave au propre comme au figuré : il lui offre la liberté, mais aussi la langue écrite et les mots qui le font rêver à d’autres mondes, à Alexandrie, Samos, la mer Égée et ses dauphins. . Ces propos sèment pourtant la confusion. Avec eux, l’objet des désirs d’Eutychès va bouger.

A lire : « Alypios », Alexandre Glikine, Presses Inverses, 144 p.

Avez-vous trouvé une erreur ? Merci de nous le signaler.

0 commentaires

suisse

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :