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“Ce qui manque à la , c’est un général”

FIGAROVOX/TRIBUNE – Selon un sondage annuel Ipsos, seuls 21 % des Français se disent optimistes pour leur pays. Pour l’essayiste Louis Sarkozy, cette nostalgie vient moins des difficultés économiques que de la désintégration de l’identité française et de son rôle fédérateur.

Diplômé d’un master en diplomatie et relations internationales de l’Université américaine de Washington DC, Louis Sarkozy est l’auteur de Bibliothèque de Napoléon : L’Empereur, ses livres et leur influence sur l’époque napoléonienne (2024).


«Je me réveille au milieu de la nuit», racontait l’ancien Premier ministre conservateur Benjamin Disraeli, alors âgé de cinq ans, «et je pense au passé« . Que ce soit par amour de l’Histoire ou par nostalgie socio-économique, il n’est pas seul. Le Figaro rapporte qu’en , «seulement 13% des personnes se sentent satisfaites de la situation actuelle« . Selon Ipsos, 64% des Français «aimeraient que leur pays redevienne tel qu’il était avant« . C’est important – avant de se laisser submerger par des accusations de « réactionnaire ! – pour demander pourquoi. Les experts nous disent que cette nostalgie n’est qu’une illusion. Il y a quatre ans, Éric Dupond-Moretti affirmait que le sentiment d’insécurité n’était qu’un «fantaisie« . Le psychologue cognitif Steven Pinker a écrit que «rien n’est plus responsable de la nostalgie du « bon vieux temps » qu’un mauvais souvenir« . Il y a moins de deux semaines, le nouveau garde des Sceaux, Didier Migaud, assurait que le laxisme judiciaire n’existait pas.

Cela contraste fortement avec l’opinion populaire. En effet, 73 % des Français estiment que la qualité de notre système éducatif s’est dégradée, et un pourcentage similaire considère que la trajectoire économique du pays est inquiétante. Par ailleurs, 92% estiment que la précarité augmente en France. Pendant ce temps, une grande partie de notre classe politique redoute l’idée d’un référendum sur l’immigration, craignant le rejet massif que cette décision pourrait provoquer.

En réalité, les chiffres donnent raison à la population et non aux élites. Pratiquement toutes les études montrent une augmentation de la criminalité et de l’insécurité. Les maigres mesures adoptées par notre Parlement, notamment en matière d’immigration, sont soit inefficaces, soit tout simplement non mises en œuvre. Seules 8 % des OQTF sont mises en œuvre, et 10 % des peines de prison ne sont tout simplement pas appliquées, pour des raisons qui défient toute logique. L’augmentation de notre dette nationale est vertigineuse et l’état de nos finances publiques est précaire, alors que nous sommes parmi les pays les plus imposés au monde ! Notre système social est insoutenable et voué à l’implosion s’il n’est pas profondément réformé. Nous manquons d’enseignants, d’infirmières, de médecins et d’argent. Mais “tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles», nous répète Pangloss.

Le peuple ne peut pas être « géré », apaisé ou trompé, il faut le diriger. La nostalgie chronique de nos compatriotes n’est pas liée à une époque plus facile, mais à une cause qui peut les unir.

Louis Sarkozy

Le plus grave est sans doute l’érosion de notre identité nationale. Accablés d’un côté par un islamisme politique omniprésent, de l’autre par le relativisme culturel indigène, c’est-à-dire une culture qui veut détruire la nôtre accompagnée de ceux qui pensent que sa destruction est une bonne chose, nous perdons le sentiment d’être Français. Car, Français, l’effort n’est pas quelque chose de nouveau dans notre Histoire. Nous sommes un vieux pays. La difficulté ne nous est pas étrangère. La tragédie non plus. Combien de pandémies ont ravagé nos populations ? Combien de guerres ont dévasté nos champs et nos maisons ?

Combien de superstitions et de sectarisme nous ont divisés et nous ont poussés les uns contre les autres au cours des longs siècles dont nous sommes fiers ? Il y a encore aujourd’hui des gens qui parcourent les rues de nos villes et villages, et qui étaient déjà en vie lorsque l’envahisseur s’est assis triomphalement à l’Hôtel Meurice à Paris. Quand les Juifs français ont été rassemblés et envoyés à la mort. Quand des milliers de Françaises ont été violées et des Français envoyés travailler sous un drapeau qui n’était pas le leur.

Nous savons tout cela. Nous avons enduré tout cela. La France l’a enduré. Pourtant, malgré ces épreuves, nos ancêtres et nos mères n’ont jamais couru le risque de se voir déchues de leur identité. Ils étaient et restaient français, c’est-à-dire unis par un million de liens sociaux et politiques qui semblaient alors éternels et inspirés par une continuité commencée il y a des millénaires et qui s’est poursuivie de leur temps jusqu’au nôtre.

Mais aujourd’hui, l’idée même de « nation » est devenue suspecte. La religion du multiculturalisme et de la déconstruction la fait progressivement disparaître. Nous l’avons constaté : au lieu de reconnaître l’ampleur des problèmes, une grande partie de la classe politique préfère souvent en nier l’existence. Les choses allaient mieux dans le passé, non seulement parce que l’éducation était de meilleure qualité, les soins de santé plus efficaces, la sécurité plus assurée, l’immigration moins présente et la prospérité plus accessible, mais aussi parce que l’effort avait un sens. Ce n’est pas la facilité qui manque, mais l’incarnation. Les Français ne craignent ni l’effort ni l’austérité – les siècles de notre histoire en témoignent – ​​mais plutôt le nihilisme, la malhonnêteté et la faiblesse. Le peuple ne peut pas être « géré », apaisé ou trompé, il faut le diriger. La nostalgie chronique de nos compatriotes n’est pas liée à une époque plus facile, mais à une cause qui peut les unir. “Être grand“, a déclaré le général de Gaulle, “ça soutient une grande querelle« . Nous avons des disputes. Ce qui manque, c’est un général…

 
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