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“La plus faible récolte de la dernière décennie”, en l’absence de volumes, les vignerons gersois misent sur les qualités du millésime

l’essentiel
Les vendanges se terminent dans le Gers. Touchées par des pluies excessives au printemps, les vignes ont produit une quantité de raisins bien inférieure à ce que les professionnels espéraient après trois mauvaises récoltes successives. Mais si les volumes ne sont pas au rendez-vous, la qualité aromatique semble l’être.

Après le gel en 2021, le froid et la sécheresse en 2022 puis le mildiou l’année dernière, l’année 2024 ne marquera pas un retour à la normale pour les vignerons gersois. “On ne sait plus ce que sont les vendanges normales”, déplore Vincent Piquemal, président des Vignerons Indépendants de Gascogne. En termes de volumes, la production est l’une des plus faibles des 20 dernières années, selon le professionnel. Toutefois, 2024 devrait être marquée par un millésime « d’une très grande qualité ».

Un climat défavorable

Une nouvelle fois, les conditions climatiques ont été fatales au vignoble gersois. Cette année, pas de gel ni de grêle, mais de l’humidité à la floraison. « L’orage qui a frappé le département entre le 8 et le 9 juin, avec entre 100 et 200 mm de pluie, a apporté une humidité excessive », rappelle Alain Desprats, président du syndicat des Côtes de Gascogne. Conséquence : les vignes ont connu des phénomènes de coulure (les fleurs ne sont pas fécondées) et de millerandage (les grains grossissent mais ne font pas la moitié de la taille d’un raisin normal). “C’est un désastre insidieux qui a rarement pris une telle ampleur”, constate Olivier Dabadie, président de Plaimont.

25% de volume en moins

« Nous n’avons pas pu estimer correctement la récolte, poursuit Olivier Dabadie. “Nous savions que ce serait faible, mais nous n’avions pas imaginé à ce point.” Le Gers dispose d’une capacité de production d’environ 1,8 million d’hectolitres de vin. Cette année, elle devrait s’élever à 1,35 million, soit une perte de 25 %. Un résultat inférieur à celui de 2023, déjà catastrophique pour le secteur. « L’année dernière, nous étions à 1,45 million », rappelle Vincent Piquemal. « Je pense que 2024 est la récolte la plus faible que nous ayons connue au cours de la dernière décennie, voire des 20 dernières années. » Une tendance qui se confirme également à l’échelle nationale.

Une situation hétérogène

Contrairement à la grêle ou au gel, cette année, malheureusement, c’est tout le secteur qui est touché ; aucune ferme n’a une récolte complète. Toutefois, les professionnels constatent une certaine hétérogénéité. Premièrement, il semble que les raisins blancs soient les plus touchés. « Tous les cépages présentaient des faiblesses de production mais le Colombard, qui représente la moitié du vignoble, a été le plus touché, car il était en pleine floraison au moment de l’excès d’eau », explique Olivier Dabadie. Les types de terroir semblent également avoir été un élément à prendre en compte : les sols argilo-calcaires ont mieux résisté que les sables fauves ou les sols boulbènes, sur lesquels « la sentence est impitoyable. Il y a des récoltes où les trois quarts de la production, contre 25 % sur les sols argilo-calcaires.

Un millésime qualitatif

Si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité semble être au rendez-vous, grâce aux conditions climatiques qui se sont installées dans le Gers entre le 15 juillet et fin août. « Il a fait beau mais sans canicule, ce sont des conditions favorables pour que la plante synthétise des précurseurs aromatiques qui donneront cette note d’agrumes et de fruits exotiques », explique Alain Desprats. Pour les blancs, les arômes seraient présents sur tous les cépages, “les vins seront délicieux et croquants, avec cette odeur de fruit frais”, assure le président des Côtes de Gascogne.

Si les volumes ne sont pas au rendez-vous, les qualités aromatiques semblent l’être.
Photo DDM illustration – Sébastien Lapeyrère

Les rosés devraient être dans la même veine, avec une note de fruits rouges. Les sucrés seront sans doute moins sucrés mais devraient avoir le potentiel aromatique qui les caractérise, avec des notes d’abricot et de fruits confits. Pour les rouges, la construction acide semble intéressante. Pour tous les vins, la teneur en alcool sera certainement plus faible. « C’est un millésime sur lequel nous fondons beaucoup d’espoir, résume Alain Desprats.

Un contexte économique compliqué

Après quatre années de catastrophes successives, les viticulteurs du Gers peinent à sortir la tête de l’eau. “On dit toujours que l’année suivante sera meilleure”, remarque Vincent Piquemal. “Mais depuis 4 ou 5 ans, on constate que c’est toujours pareil.” La situation économique des vignerons est « au plus bas, l’optimisme est au plus bas, les prix sur le marché du vrac sont bas, énumère Alain Desprats. Nous espérons que les prix augmenteront mais cela ne compensera pas la perte de récolte » . D’autant que le marché n’est pas non plus au beau fixe, avec une succession d’événements (Covid, taxes Trump, guerre en Ukraine, taxes chinoises…), entraînant des difficultés pour les exportations.

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«Quand on manque de volume, on perd aussi des parts de marché à l’export», estime Olivier Dabadie. Plus de 60 % des Côtes de Gascogne étaient exportées. Il y a des pays, comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Angleterre, où historiquement on consommait ces vins et où on n’en trouve presque plus, car il n’y avait pas les volumes pour les approvisionner et ils ont été remplacés par d’autres. A défaut de quantité, les vignerons comptent donc sur le côté qualitatif du millésime 2024 pour, espère Alain Desprats, « commencer, tout doucement, à reconquérir les marchés à l’export ».

 
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