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100 years of archives, from Elzéar Bédard to Édith Piaf

«S’il y avait une chose à sauver, ce serait celle-là», affirme le directeur des archives de la Ville de Québec, Jérôme Bégin.

Le gros livre qu’ouvre délicatement l’archiviste David Tremblay contient les premiers procès-verbaux d’un conseil de la Ville de Québec le 1er mai 1833. Elzéar Bédard venait d’être élu premier maire de Québec.

Depuis sa fondation en 1608, la Ville était administrée par des officiers du Régime français et des juges de paix britanniques.

Pour l’archiviste David Tremblay, le document dans son imposante reliure est aussi le plus significatif. « C’est la fondation, la base de la ville. C’est dans les documents constitutifs les plus précieux.

Les premiers procès-verbaux d’un conseil de la Ville de Québec sont consignés dans ce précieux livre de 1833. (David Tremblay/Québec)

L’écriture délicate au stylo est bien loin des procès-verbaux et des agendas d’aujourd’hui, des documents PDF accessibles en un clic.

Je suis allée jeter un œil aux Archives de la Ville de Québec, de retour depuis l’hiver dans la toute nouvelle bibliothèque Gabrielle-Roy après avoir été relocalisée dans le secteur d’Estimauville pendant près de cinq ans, soit d’avril 2019 à janvier 2024.

Sur place, l’équipe d’une vingtaine de personnes a trouvé des locaux rénovés, plus éclairés et fonctionnels autour de la grande voûte qui n’a pas changé de place.

Si on formait un gigantesque tas, les archives mises bout à bout mesureraient 10 km !

Ce qui n’a pas changé non plus, c’est la passion de ces spécialistes des archives qui fêtent leurs 100 ans en 2024.

De la royauté à la chanson

D’autres documents impressionnent : les livres d’or de la ville qui mettent en avant des visites officielles ou des visites au Québec de personnalités. On peut y voir les signatures du roi George VI et de la « reine mère » Elizabeth le 17 mai 1939.

Celle aussi de la légendaire chanteuse française Édith Piaf reçue à la mairie le 28 mai 1955.

La célèbre chanteuse française Édith Piaf est reçue à la mairie le 28 mai 1955. (Valérie Gaudreau/Le Soleil)

Une expérience formidable est également celle du stéréoscope à travers lequel deux photos presque identiques vues en même temps forment un effet tridimensionnel. Les Archives possèdent des centaines de ces photos du Québec sous tous ses aspects.

Datant d’environ 1860, ses photos sont les « ancêtres des cartes postales », explique David Tremblay.

Toujours au département photo, les Archives comprennent la collection de photos de Soleil de 1969 à 2002 après que le journal ait fait don de centaines de cartons de photos en 2021.

Un stéréoscope de 1901, qui permettait déjà de voir des photos avec un effet tridimensionnel. (David Tremblay/Québec)

Les Archives continuent de croître. En passant le Soleill’équipe a travaillé sur le fonds du magasin JB Laliberté, acquis lors de la fermeture de la célèbre enseigne en 2020, après plus de 150 ans sur la rue St-Joseph. Une mine d’or de l’histoire commerciale de St-Roch.

Dans la pile, une affiche de 2012 annonçait un concours pour gagner une voiture Fiat. Cela semble très peu historique pour le moment. «Mais il faut le garder, ce sera de l’histoire dans 100 ans», illustre le réalisateur Jérôme Bégin.

La beauté de voir notre histoire enregistrée pour les générations à venir.

Le directeur des archives de la Ville de Québec Jérôme Bégin, au centre, entouré de l’archiviste David Tremblay et d’Isabelle Drolet, conseillère au développement du patrimoine des archives.

Portes ouvertes

Plusieurs activités ont déjà eu lieu cette année pour souligner le 100e anniversaire des Archives.

Je déclare également mon intérêt ! J’ai eu la chance d’y donner récemment une conférence sur l’histoire de Soleil.

Jeudi sera au tour de l’historien Luc Nicole-Labrie avec la conférence « Au verre ou à la pinte : l’histoire de la bière au Québec ». Le 23 octobre, j’animerai également la journée-conférence « Conjuguer archives et actualité – 100 ans d’histoire du Québec sous l’œil des médias ».

D’autres conférences gratuites sont à venir, notamment sur l’histoire du hip-hop et de l’industrie funéraire.

La page de couverture de Quotidien du Télégraphe de Québec Noël 1913.

Et si les archives vous intéressent, les portes seront ouvertes ce samedi 19 octobre de 9h à 16h.

L’équipe proposera une visite et des activités dont un atelier de coloriage de photos, comme c’était la tradition avant l’arrivée de la photographie couleur, explique Isabelle Drolet, conseillère à la valorisation du patrimoine des archives.

Mme Drolet a aussi travaillé récemment sur une autre idée de valorisation des archives de la Ville de Québec avec un projet de projection d’archives sur la façade de la bibliothèque Gabrielle-Roy qu’elle aimerait voir se concrétiser à l’été 2026. « Ce serait être un excellent moyen de mettre en valeur les archives et d’animer l’espace du quartier », dit-elle.

Le comité exécutif de la Ville de Québec a autorisé début octobre une demande de subvention de 300 000 $ du ministère de la Culture pour ce projet qui pourrait déboucher sur des collaborations avec des artistes de la région.

Une belle idée pour sortir les archives du coffre-fort et laisser l’histoire se dérouler !

Pour répondre à cette chronique, écrivez-nous à [email protected]. Certaines réponses pourront être publiées dans notre rubrique Opinions.

 
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