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Oh non, pas encore Trump

Je ne peux pas faire semblant d’être neutre – ce n’est d’ailleurs pas le métier d’un chroniqueur – l’homme me répugne.

M. Trump fait l’actualité en partie parce qu’il sait comment générer de l’information avec ses mensonges et ses accusations malveillantes. Mais qu’est-ce que tout cela nous concerne ? N’avons-nous pas assez de nos propres problèmes à résoudre ? Je pense à la santé, à l’éducation, à l’immigration, aux déficits astronomiques du Québec et du Canada. Devrions-nous également ressentir du stress face aux problèmes des autres ?

J’aimerais répondre non, mais la réalité est tout autre. Les résultats de l’élection présidentielle, surtout si Trump gagne, ce qui reste plus que possible (je crois qu’il gagnera) malgré la bonne performance de Kamala Harris, auront un impact direct sur le Canada. Même si nous n’avons que très peu de choses à dire en la matière, hormis les représentations diplomatiques qui ne pèsent pas très lourd dans la balance trumpienne.

Nous ne pouvons pas être voisins du pays le plus puissant du monde sans que cela nous affecte directement ou indirectement. Près de 80 % de nos exportations sont destinées à nos voisins immédiats. Comme on dit, lorsque les États-Unis attrapent un rhume, le Canada se retrouve avec un grave cas de pneumonie.

Et si Trump gagne, nous risquons de nous retrouver avec un bilan sanitaire encore pire. Certains de ses engagements électoraux nous visent directement.

Trump se vante sur chaque plateforme de vouloir mettre en œuvre le plus grand programme d’expulsions d’immigrés illégaux de l’histoire des États-Unis. Ils seraient 11 millions, selon des sources fiables et non les délires de l’ex-président qui situe ce chiffre à 22 millions, dont la plupart sont installés et intégrés à l’Oncle Sam depuis des années. Parmi eux se trouvent un demi-million d’immigrants haïtiens accueillis dans le cadre d’un programme de résidence temporaire du gouvernement américain.

S’ils se sentent menacés d’expulsion, les gens de cette communauté pourraient se tourner vers le Canada comme pays d’accueil. C’était la fin d’un programme d’immigration temporaire similaire qui avait rendu Roxham Road populaire à l’époque.

Des dizaines, voire des centaines de milliers de migrants pourraient se retrouver à nos frontières pour demander l’asile si la menace d’expulsion de Donald Trump devenait un jour réalité.

Que pourrions-nous faire ? Les rapatrier dans leur pays d’origine au lieu de laisser le sale boulot aux Américains ? Les accueillir ? Nous nous retrouverions avec une belle patate chaude migratrice. Le plus important de notre histoire. En d’autres termes, nous n’avons rien vu de Trump, une fois élu, mais sa menace d’exécution.

Mais il y a plus. Trump menace d’imposer des droits de douane à tous les pays qui font des affaires avec les États-Unis, qui pourraient atteindre 20 % et 60 % pour la Chine. L’accord de libre-échange tripartite entre le Canada, le Mexique et les États-Unis conclu en 2020 nous protège à peine. Il expire en 2026. On peut déjà dire qu’il est en danger, même sans l’élection des Républicains. Les démocrates ont également une tendance protectionniste. Kamala Harris a voté contre ce nouvel accord de libre-échange et a déjà déclaré en entrevue qu’elle n’aurait pas voté en faveur de l’ALENA. Mais Trump, comme on pouvait s’y attendre, voudra renégocier le nouvel accord. Son seul avantage est son style.

Selon une étude de la Banque Scotia, des tarifs douaniers de seulement 10 % pourraient aggraver l’inflation et réduire l’activité économique de 3,6 % au Canada. Nous risquons de voir le PIB diminuer.

Les tarifs douaniers, Source de revenus pour le gouvernement américain selon Trump qui ne comprend pas le fonctionnement du système car il s’agit d’une taxe déguisée sur les consommateurs, auront également un effet au Canada. Les produits importés des États-Unis mais produits à l’étranger – je pense à la Chine – coûteront plus cher. Un autre effet secondaire important est que la valeur du dollar canadien pourrait souffrir de cette taxe sur nos exportations.

Une autre conséquence possible de l’élection de Donald Trump est la sortie des États-Unis de l’OTAN, ce qui placerait le Canada dans une position intenable en tant que seul membre nord-américain de l’alliance.

Ce n’est pas tout. Si Trump réduit les taux d’imposition des sociétés, ce qu’il a promis de faire, le Canada devra suivre s’il ne veut pas se tourner vers l’externalisation. Il promet également d’alléger les réglementations environnementales, ce qui pourrait également convaincre les grandes entreprises de s’implanter dans le sud. Le programme républicain promet une réduction des budgets consacrés à l’environnement : nous serions les premiers à en souffrir, après les Américains.

Faisons un peu de politique-fiction. Imaginons un instant que Trump redevienne président des États-Unis et que Pierre Poilievre soit élu premier ministre du Canada avec une large majorité. Poilievre n’est pas un mini-Trump – il n’est pas assez riche ni assez sournois pour cela – mais il pourrait bien s’inspirer de ce qui aurait fait le succès électoral républicain pour imposer au Canada des politiques bien plus à droite que celles auxquelles nous sommes habitués. . Les deux hommes auraient sans doute des liens.

Les élections américaines nous concernent tous. Penser autrement indique une déconnexion avec la réalité. Soyons vigilants.

 
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