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La révolte libérale pour évincer Trudeau

(Ottawa) Une vingtaine de députés libéraux demandent à Justin Trudeau de se promener dans les feuilles qui recouvrent désormais les allées du parc de la Gatineau pour réfléchir à son avenir. Au terme de cette marche, il devrait, selon eux, envisager de partir pour le bien du Parti libéral.

Avant même de poser les pieds dans le pays, aux petites heures de samedi matin, après avoir participé à un sommet international au Laos, Justin Trudeau doit faire face à la révolte d’une partie de ses troupes, plus inquiètes que jamais du sort qui les attend chez elles. . de la prochaine campagne électorale.

Des députés libéraux, principalement issus des provinces de l’Atlantique et du sud-ouest de l’Ontario, ont profité de l’absence du premier ministre et de sa garde rapprochée la semaine dernière pour déclencher leur mutinerie, rapporte le quotidien vendredi soir. Étoile de Toronto et les réseaux CBC et CTV.

Leur geste remet sur le devant de la scène l’actualité du célèbre proverbe selon lequel quand le chat est parti, les souris dansent.

Une lettre exigeant le départ de M. Trudeau a circulé lors de la réunion des caucus régionaux mercredi, avant la réunion du caucus national. Jusqu’à présent, au moins vingt députés l’ont signé.

Une dizaine d’autres seraient prêts à apposer leur signature sur le document qui circule discrètement parmi ceux qui sont prêts à pousser leur leader vers la porte de sortie.

Le député de la Nouvelle-Écosse, Kody Blois, est cité par le Étoile de Toronto comme l’un des leaders de cette nouvelle révolte.

Les sondages qui s’accumulent depuis 18 mois et qui donnent une avance de 15 à 20 points au Parti conservateur font frémir de nombreux députés libéraux qui craignent un désastre électoral si Justin Trudeau s’accroche.

La défaite du parti dans les bastions libéraux de Toronto–St. Paul’s, en juin, et LaSalle–Émard–Verdun, en septembre, lors d’élections partielles, ont accentué le sentiment de panique.

Le refus du premier ministre de changer de cap, en remaniant en profondeur son cabinet ou son équipe de proches collaborateurs, ou en lançant une campagne publicitaire tous azimuts pour redéfinir le chef conservateur Pierre Poilievre, alimente la frustration.

Après la défaite à Toronto–St. Paul’s, un député libéral du Nouveau-Brunswick, Wayne Long, a déclaré que Justin Trudeau devrait se retirer pour le bien du parti. Mais il était le seul à le faire publiquement.

L’avalanche de mauvaises nouvelles pour les troupes libérales – deux sondages publiés la semaine dernière indiquaient que le Nouveau Parti démocratique (NPD) avait dépassé d’un petit point le Parti libéral, deuxième en termes d’intentions de vote hors Québec – semble avoir convaincu d’autres députés de prendre le relais. action.

Le principal concerné a réaffirmé à plusieurs reprises ces derniers mois sa ferme intention de diriger les troupes libérales lors des prochaines élections.

Encore récemment, dans une interview de près d’une heure avec son député Nathaniel Erskine-Smith, qui anime une émission de podcast intitulée Peu communsJustin Trudeau a dit avoir hâte de croiser le fer avec Pierre Poilievre lors de la prochaine campagne électorale. Il a soutenu que les Canadiens évalueront mieux les risques associés à une éventuelle élection du chef conservateur lorsque les projecteurs seront braqués sur lui.

Les solutions simplistes et les slogans creux que propose Pierre Poilievre à la crise du logement, à la hausse du coût de la vie, à la lutte contre la criminalité, aux inégalités sociales et à la pérennité des programmes sociaux finiront par se retourner contre lui, selon Justin Trudeau.

Mais de plus en plus d’élus libéraux se montrent sceptiques face à ces déclarations optimistes.

Il n’en demeure pas moins que ce mouvement de révolte se dessine dans un contexte politique très risqué. Un contexte peu favorable à une relève de la garde.

Premièrement, une course à la direction d’un parti politique dure généralement de trois à six mois. Cela donne aussi lieu à de fortes tensions entre ceux qui aspirent au trône. Les différents camps adverses ont besoin de temps pour panser leurs blessures après un tel affrontement.

Cependant, le Parti libéral ne dispose pas de beaucoup de temps pour organiser une telle course à la direction. Il reste au plus 12 mois avant les prochaines élections.

Justin Trudeau dirige alors un gouvernement minoritaire. Rien n’empêcherait les partis d’opposition d’unir leurs forces pour renverser le gouvernement, même lors d’une course à la direction. D’autant plus que le Parti conservateur et le Bloc québécois sont pleinement conscients qu’ils peuvent faire des gains importants aux dépens des libéraux lors des prochaines élections.

Depuis l’ouverture de la législature le 16 septembre, le Parti conservateur a tenté à deux reprises de provoquer la chute du gouvernement. Le NPD pourrait aussi profiter de la désorganisation dans les rangs libéraux pour se présenter comme l’option alternative auprès des électeurs progressistes.

Enfin, ceux qui réclament le départ de Justin Trudeau n’ont pas à leur tête un champion de leur cause qui pourrait porter un coup de grâce au leader actuel et prendre rapidement le relais. Au cours des 50 dernières années, le Parti libéral a toujours pu compter sur un candidat « en réserve de la République ».

Et ce candidat – que ce soit Pierre Trudeau, John Turner, Jean Chrétien ou Paul Martin – pouvait compter sur une solide organisation de partisans prêts à monter au front à tout moment pour défendre sa cause. Ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui.

La lancinante question reste donc la même : qui pourrait succéder à Justin Trudeau en si peu de temps et lancer ensuite une campagne électorale ?

Les principaux candidats qui aspirent à lui succéder sont bien connus : la ministre des Finances Chrystia Freeland, le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, la présidente du Conseil du Trésor Anita Anand et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney.

Mais aucun d’entre eux ne peut se vanter d’avoir la notoriété ou l’organisation nécessaire pour mener en quelques semaines une campagne à la direction.

À moins d’un miracle, les libéraux se dirigent vers une défaite électorale écrasante, si l’on en croit les sondages. Et à moins d’un revirement majeur, les libéraux devront encaisser le coup en ayant Justin Trudeau comme chef.

 
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