News Day FR

La France continue de réduire drastiquement son aide publique au développement – ​​Libération

Le projet de loi de finances pour 2025, présenté ce jeudi 10 octobre, prévoit une réduction de plus de 20 % des aides destinées à soutenir les pays et les populations les plus vulnérables. Contre les engagements pris par Emmanuel Macron.

Nouveau coup dur pour la solidarité internationale. Le projet de loi de finances pour 2025, présenté ce jeudi 10 octobre en Conseil des ministres, prévoit une nouvelle réduction drastique de l’enveloppe budgétaire consacrée à l’aide publique au développement (APD), qui regroupe les financements publics destinés aux pays pauvres et émergents. La France prévoit d’y consacrer 5,2 milliards d’euros, soit une réduction de plus de 20 % par rapport à l’année précédente (6,5 milliards d’euros).

Cette annonce, bien qu’attendue, suscite l’émoi au sein des associations venant en aide aux plus démunis. L’APD joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités, en finançant des programmes tels que le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. D’autant que le budget consacré au programme « Solidarité avec les pays en développement » prévoit une réduction encore plus importante : environ -33% par rapport à l’année précédente.

Une baisse de 740 millions d’euros en février

«C’est une coupure énorme et complètement incompréhensible compte tenu du contexte mondials’insurge Olivier Bruyeron, président de Coordination SUD, une plateforme qui regroupe 180 ONG françaises de solidarité internationale. Nous assistons à une multiplication des conflits et des crises liés au changement climatique. Avec quels moyens la France pourra-t-elle désormais répondre aux besoins de la population ? Concrètement, cette réduction de plus de 1,3 milliard dans le budget équivaut à la suppression de milliers de projets menés avec des personnes vulnérables ou encore à la fin du soutien éducatif à des millions d’enfants.

Coordination SUD dénonce également la création du programme « Fonds de solidarité pour le développement », auparavant hors budget, et directement financé par la taxe sur les transactions financières et la taxe sur les billets d’avion. « Non seulement ce financement était protégé, mais il garantissait également l’apport de deux secteurs à forte intensité capitalistique. À mesure que ce mécanisme prend fin, le budget de l’APD est encore plus précaire. »précise Olivier Bruyeron.

C’est la deuxième fois, en moins d’un an, que le budget de l’APD est sacrifié. En février, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait annoncé une réduction drastique de 740 millions d’euros, soit 13 % de ses ressources budgétaires en 2024 sur ce volet. Quelques mois plus tôt, le président Emmanuel Macron appelait encore à un élan de solidarité mondiale, devant un parterre de chefs d’État réunis en sommet pour « un nouveau pacte financier et mondial ».

Depuis son élection en 2017, le locataire de l’Elysée avait promis de consolider les moyens de l’action internationale de la France. La loi de programmation d’août 2021 incluait même l’objectif d’atteindre 0,7% du revenu national brut (RNB) dédié à l’APD d’ici 2025, conformément à un objectif fixé en 1970 par l’Assemblée des Nations Unies pour les pays riches. L’année suivante, la France devient ainsi le quatrième pourvoyeur d’aide au monde, notamment dans les secteurs de l’environnement, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de l’éducation ou encore de la santé. Depuis, l’objectif de 0,7% a été reporté à 2030. Avec cette nouvelle baisse annoncée le 10 octobre, la France pourrait perdre tous les efforts consentis ces sept dernières années.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :