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plus de 3 ans pour traiter une plainte

Vous avez eu un problème avec votre médecin, votre pharmacien ou votre dentiste et vous l’avez signalé, mieux vaut ne pas se précipiter. « Sur la période 2015-2023, le délai total de traitement d’un dossier par la Commission de surveillance des professions de santé et des droits des patients (CSPSDP) est largement supérieur à trois ans. Cette durée atteint même quatre ans pour les décisions rendues en 2023. » C’est ce qu’a pu constater la Cour des comptes après avoir étudié le fonctionnement de la CSPSDP. Sollicitée en novembre 2023 par le conseiller d’Etat Pierre Maudet, chargé de la Santé, la tutelle a rendu ce jeudi un avis assez sévère quant à l’efficacité de la CSPSDP sur les huit dernières années.

Créée en 2006, la CSPSDP est l’organisme auquel tout patient peut s’adresser pour porter plainte, voire dénoncer un professionnel de santé, qu’il soit simple praticien, spécialiste ou vétérinaire. Composée de 20 membres – dont plusieurs médecins – elle a le pouvoir de prendre des sanctions disciplinaires (avertissement, blâme et amende pouvant aller jusqu’à 20 000 francs) et de proposer un retrait temporaire ou définitif du droit d’exercice qui doit être prononcé par le ministère de la Santé.

“Pour des raisons évidentes de secret médical, nous n’avons pas instruit tel ou tel cas particulier”, souligne d’emblée la magistrate titulaire, Isabelle Terrier, en référence au cas de la gynécologue qui a fait beaucoup de bruit. “Nous n’avons pas non plus abordé les questions liées à la gouvernance, mais nous nous concentrons sur l’efficacité.” Et le constat est sans appel : « rien qu’en regardant les délais, on constate que le travail de la CSPSDP n’est pas efficace ».

En décomposant les différentes étapes, la Cour s’est par exemple rendu compte qu’« il s’écoule en moyenne plus de 540 jours entre la prise de décision de la sous-commission et la présentation du dossier, y compris la rédaction d’un projet de décision, en plénière ». Grâce à la stabilisation de deux avocats, « le stock de dossiers en attente de rédaction d’une décision est passé de près de 90 en 2014 à une vingtaine à ce jour ». Toutefois, le goulot d’étranglement se situe ailleurs dans le processus.

Autre point important selon Isabelle Terrier : « La commission ne publie pas de rapport annuel. Il n’existe pas de catalogue des décisions prises. Il est donc difficile de s’appuyer sur la jurisprudence. « En l’absence de document de référence, la question du traitement équitable se pose. Le seul qui se souvient des dossiers et a donc une vue d’ensemble est le directeur. Tout dépend d’une seule personne», déplore le magistrat.

La Cour constate enfin que « la directrice est souvent contrainte de compléter le travail de ses collègues » et que « les ressources humaines du greffe sont insuffisantes ». Rappelant que les travaux de la Cour des comptes se sont concentrés sur la question des délais, elle a conclu : « Nous n’excluons pas de poursuivre nos travaux sur la gouvernance ».

Pierre Maudet announces reinforcements

C’est avec une certaine satisfaction que Pierre Maudet a dû lire l’avis de la Cour des comptes. « Cela corrobore mes hypothèses. Ces constats sont désormais étayés et documentés et me permettent d’avancer sur les changements attendus, avec objectivité et réalisme», réagit le conseiller d’Etat. Pour remédier aux problèmes soulevés, il a annoncé vouloir renforcer les moyens de la CSPSDP à partir de janvier 2025 ; et améliorer «la coordination avec le service médical cantonal qui était trop absent des démarches». Et d’ajouter : « J’accélérerai également le déploiement de nouveaux logiciels de traitement des dossiers, comme le recommande la Cour. »

Aux yeux de Pierre Maudet, « il paraît évident qu’il faut gagner en transparence dans le suivi et la communication des situations traitées, par souci d’exemplarité et par respect pour les plaignants ». Enfin, il souhaite «faciliter l’échange d’informations avec les cantons voisins pour éviter que les sanctions prises à Genève n’y soient appliquées». Dans la perspective de la réorganisation du CSPDSP, la loi devrait être modifiée.

 
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