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“Une seule certitude, ce sera la fin de la toute-puissance de Bernard Clerfayt”

Schaerbeek, malgré l’attractivité croissante de certains quartiers, reste le sixième plus pauvre de Belgique. Le taux de chômage y est élevé et les loyers augmentent. Bernard Clerfayt avait pourtant réussi, en 24 ans de maire, à redorer l’image d’une ville autrefois paria, redevenue attractive, et où une mosaïque de populations diverses parvenait à cohabiter.

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La situation s’est dégradée après son départ pour le gouvernement bruxellois, en 2019, lorsqu’il a laissé la direction de la commune à Cécile Jodogne. La ville s’est appauvrie avec le Covid. Schaerbeek semble à nouveau sur une mauvaise pente. Bernard Clerfayt, après 5 ans au gouvernement bruxellois, dit enfin vouloir reprendre les choses en main : il veut être bourgmestre de Schaerbeek, et rien d’autre.

Mais politiquement, sa situation dans la commune est plus précaire que jamais. Avec 31 % des suffrages recueillis en 2018, il dispose a priori d’une belle marge par rapport à Écolo/Groen (19 %) et au PS (18 %). Ces chiffres sont toutefois trompeurs.

L’or s’est transformé en plomb

Depuis qu’il a quitté la place Collignon pour la Tour Botanique (siège de son ministère), il y a 5 ans, politiquement, l’or que Bernard Clerfayt avait entre les mains semble s’être transformé en plomb… Défi n’a obtenu que 8% aux régionales, sur le territoire de sa commune, avec à peine 1 023 voix de préférence pour Bernard Clerfayt… Un désaveu.

L’élection municipale suit une autre dynamique, mais celle-ci, pour l’instant, n’est guère meilleure. Seuls 4 des 12 candidats qui étaient en tête de liste du maire il y a 6 ans sont encore présents. L’ancien échevin Michel De Herde a dû quitter ses fonctions après avoir été accusé de viol, tandis que l’échevin Ecolo Sihame Haddioui avait également porté plainte contre lui pour attentat à la pudeur. La présidente du CPAS, Sophie Quarton, a choisi de ne pas se présenter, tout comme l’ancienne échevine Lorraine de Fierlant. La majorité a subi une hémorragie avec le départ des conseillers municipaux Emel Köse et Yusuf Yildiz (qui a ensuite rejoint les Engagés), les démissions de Kevin Likaj et Fatima El Khattabi, puis l’OPA du MR sur Sadik Koksal, puis Bernard Guillaume.

En septembre 2023, Bernard Clerfayt perd sa majorité au conseil municipal.

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Abattage rituel

Certains dossiers risquent d’alourdir l’équipe du maire. Ecolo-Groen risque de faire tomber Good Move comme un boulet, tandis que la proposition de Défi d’interdire l’abattage sans étourdissement a suscité la colère des électeurs musulmans. « Les candidats sur la liste du maire vont-ils perdre quelques sièges ou s’effondrer ? C’est toute la question »souligne un opposant politique. « Bernard Clerfayt reste un animal politique. Il est capable de revenir», objecte un socialiste.

Au cours de sa carrière de maire, il a en effet battu plus d’un concurrent, atteignant l’apogée de sa gloire en 2006, après avoir battu Laurette Onkelinx (PS). Parmi ses concurrents, personne ne risque de l’enterrer trop vite. Peut-être aussi parce que personne ne se démarque vraiment pour succéder au fils de Georges Clerfayt, l’ancien président du FDF.

Massacre politique rituel

Audrey Henry ou Hasan Koyuncu ?

Quatre ou cinq listes (la Liste du Maire, la liste MR/Engagés, le PS, le PTB et Écolo/Groen) se retrouvaient dans un mouchoir de poche. « Il faudra au moins trois partis pour avoir la majorité. Le MR/Engagés et le PS peuvent s’allier avec Ecolo, mais ces deux partis voulaient la mort de Good Move, donc ça me paraît compliqué. En fait, Bernard Clerfayt est difficilement contournable, à moins que le PS et Ecolo ne prennent le PTB», observe un proche de Bernard Clerfayt.

La possibilité d’une alliance entre la Liste du Maire, le PS et la liste MR/Engagé est évoquée, même si tous les partis jurent de ne pas avoir conclu d’accord préélectoral. Avec quel maire en charge ? Au vu de leurs scores aux élections régionales (18% pour le MR à Schaerbeek et 10% pour les Engagés), tous les regards sont tournés vers la liste MR-Engagés, qui a fait de la propreté et de la sécurité ses priorités. Le MR et les Engagés partent cependant de très loin, au niveau communal (6 % pour le MR en 2018, et 7 % pour le CDH-CD&V en 2018).

L’impact du départ de Hadja Lahbib, qui a renoncé à se présenter à Schaerbeek, est également difficile à évaluer.

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Car, même si la nouvelle tête de liste Audrey Henry jouit d’une grande estime au sein du MR, rien n’indique encore sa réelle popularité. « Je suis candidat à la mairie. Il y a beaucoup de gens déçus à Schaerbeek, suite à l’absence de Bernard Clerfayt ces dernières années, et les gens veulent du changement.»assure Audrey Henry.

Le PS, qui a obtenu le meilleur score de la commune le 9 juin (24%), nourrit également de grandes ambitions, même si la tête de liste PS n’impressionne guère ses concurrents, malgré un meilleur score que Bernard Clerfayt à Schaerbeek, aux régionales. ceux. “Hasan Koyuncu n’était pas génial comme conseiller municipal, donc en tant que maire d’une commune de 130 000 habitants, j’ai des doutes», claque une personnalité de la Liste du Maire.

Traditionnellement, à Schaerbeek, les socialistes obtiennent cependant de moins bons résultats aux élections communales qu’à la Région. Pour le PS, intégrer la majorité après 20 oppositions serait déjà considéré comme une victoire.

Le discours défaitiste du PTB

Le PTB, compte tenu de son score en juin dans la commune (2e à Schaerbeek, un peu derrière le PS), peut aussi viser la première place. “L’ambition n’est pas d’être bourgmestre mais d’être fort pour peser sur la politique à Schaerbeek et obtenir un changement radical.» tempère Leila Lahssaini, tête de liste PTB, qui place la crise du logement au centre de ses préoccupations.

Pourquoi une telle prudence de la part du PTB ? «Nous pensons que nous avons moins de chances d’obtenir un rapport de force favorable à Schaerbeek, car la commune évolue dans un rapport de force de droite depuis des années. Il ne faut pas être trop naïf. C’est pourquoi nous mettons davantage l’accent sur des communes comme Saint Gilles ou Molenbeek.», explique Giovanni Bordonaro, président du PTB en Région de Bruxelles-Capitale. Ce discours du PTB, un peu défaitiste, surprend. Cela ne surprendra pas Vincent Vanhalewyn (Ecolo), premier échevin et candidat à la mairie, qui «douter de leur volonté de grimper« .

Ecolo, certes, a perdu des plumes aux élections régionales. « Mais ces résultats régionaux sont biaisés par l’absence de Groen qui sera avec nous aux municipales.», souligne Vincent Vanhalewyn. La liste schaerbeekoise est également l’une des plus fortes, parmi les Verts, avec la présence de la députée Farida Tahar, d’Isabelle Durant et de la secrétaire d’Etat Barbara Trachte.» Le jeu sera très ouvert. La seule certitude est que ce sera la fin de l’ère de la toute-puissance de Bernard Clerfayt, car sa liste ne surpassera plus tout le monde.» a réprimandé Vincent Vanhalewyn. De notre côté, les priorités restent les mêmes : améliorer le cadre de vie, via l’espace public et le verdissement, et poursuivre une politique ambitieuse sur le plan social.

Enfin, les regards sont tournés vers la Team Ahidar, qui a créé la surprise lors des élections régionales. La liste conduite par l’ancien échevin du Défi Mehmet Bilge pourrait rebattre les cartes à Schaerbeek, en affaiblissant le PS et le PTB, après avoir pillé le Défi.

 
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