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Le grand retour de la rigueur budgétaire ?

Les appels à un meilleur contrôle des finances publiques viennent de partout, du FMI, des économistes, des milieux d’affaires, préoccupés par l’impact à long terme des budgets publics déficitaires. Ce mouvement qui s’intensifie suscite de plus en plus d’inquiétudes quant aux répercussions sur le financement des services publics.

De nombreux pays restent confrontés à une dette publique élevée et à d’importants déficits budgétairesécrivait le Fonds monétaire international en avril dernier. Nous appelons les gouvernements à éviter les dérapages budgétaires et à consacrer davantage de temps à reconstituer les marges de manœuvre et à sauvegarder la viabilité des finances publiques à moyen terme. » a ajouté l’organisation.

Selon le IGF70 % des pays membres ont resserré leur politique budgétaire en 2022, mais ce taux est tombé à 50 % en 2023. L’organisation souligne que la plupart des pays ont du mal à abroger complètement les politiques budgétaires adoptées en réponse à la pandémie. Et la hausse des taux en 2022 et 2023 a encore accru les coûts d’intérêt.

Ainsi, en 2023, la dette publique mondiale s’est élevée à 93 % du PIB. Avant la pandémie, ce taux était de 84 %. Cette hausse vient en grande partie des États-Unis et de la Chine.

Le IGF Il craint que la situation budgétaire mondiale ne se détériore encore davantage alors qu’un nombre record de pays prévoient des élections cette année. Plus de la moitié de la population mondiale a été et est invitée aux élections. Cependant, selon le IGF, Il est prouvé que les États ont tendance à dépenser plus et à moins imposer pendant les années électorales..

Les pressions en matière de dépenses pour faire face aux problèmes structurels, notamment les transitions démographiques et écologiques, écrit le IGFs’intensifient, tandis que le ralentissement des perspectives de croissance et la persistance de taux d’intérêt élevés risquent de restreindre davantage l’espace budgétaire dans la plupart des pays.

Le IGF propose de mettre fin complètement aux mesures budgétaires adoptées pendant la pandémie, de limiter la hausse des dépenses tout en protégeant les plus démunis et d’augmenter les impôts des sociétés sur les bénéfices jugés excessifs.

Que se passe-t-il à Ottawa?

Cet appel de IGF se fait particulièrement entendre en France, où le déficit atteint 5,6% du PIB cette année et s’élèvera à 6,2% l’année prochaine, selon les projections du gouvernement français, des niveaux nettement supérieurs à l’objectif maximum imposé, en principe, par l’Union européenne, soit 3%.

Chez nous, difficile de décrypter les intentions de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, concernant les orientations budgétaires des prochains mois. La grande incertitude politique quant à la survie du gouvernement brouille le paysage budgétaire.

La ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland

Photo : CBC / Jean-François Benoit

Aux dernières nouvelles, le gouvernement Trudeau prévoyait un déficit de 40 milliards de dollars cette année, soit 1,4 % du déficit PIB. Or, le directeur parlementaire du budget estimait récemment que ce déficit pourrait finalement atteindre 46 milliards de dollars. Ottawa doit faire le point sur ses finances en novembre lors d’une mise à jour économique et budgétaire.

Les économistes et les représentants du milieu des affaires estiment que le gouvernement Trudeau doit redresser la situation afin de revenir à l’équilibre budgétaire après plusieurs années de dépenses lourdes. La dette est passée de 687 milliards de dollars en 2015 à 1.215 milliards au 31 mars, soit de 31% à 42,1% de la dette. PIB. La dette nette, hors actifs non financiers, s’élève à 1 328 milliards de dollars.

Austérité au Québec ?

Pendant ce temps, au Québec, le gouvernement Legault nie être en mode austérité. Toutefois, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, et le ministre des Finances, Éric Girard, demandent aux ministères de respecter les enveloppes prévues au dernier budget, ce qui nécessite certains ajustements et le report de certains projets.

Le Québec veut freiner la croissance des dépenses, ce que plusieurs considèrent comme des compressions budgétaires. Les partis d’opposition affirment que le gouvernement s’est lancé dans des mesures d’austérité. Il faut dire que le premier ministre Legault et le ministre des Finances Girard ont déjà indiqué que le retour à l’équilibre budgétaire est une priorité.

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Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, lors de la présentation du budget 2024-2025 en mars dernier.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Parallèlement, dans le logiciel du gouvernement caquiste, la réduction du fardeau fiscal figure en tête des priorités. On s’attend à ce qu’en 2026, année électorale, le gouvernement veuille encore promettre des réductions d’impôts, de droits de douane ou de taxes. Mais il sera difficile d’y parvenir sans alourdir davantage les finances publiques.

C’est là que la rigueur budgétaire entre dans le débat au Québec. Le gouvernement Legault, qui a annoncé le déficit le plus élevé de l’histoire du Québec en chiffres absolus – 11 milliards de dollars pour 2024-2025, soit 1,9 % du PIB –, cherche des solutions pour réduire la croissance de toutes les dépenses afin de créer des marges de manœuvre pour les prochaines promesses électorales.

Les milieux économiques soutiennent cette vision, un message qui est d’ailleurs sans doute très bien reçu dans le cabinet du ministre Eric Girard, économiste et ancien banquier.

Une certaine discipline budgétaire

A Zone économique Jeudi soir, Guy Cormier, le PDG de Desjardins, a livré un plaidoyer fort en faveur d’un meilleur contrôle des finances publiques. Il faut rétablir une certaine discipline budgétaire» a-t-il dit en faisant référence à la situation à Québec et à Ottawa. Quand je regarde la crise du logement, le changement climatique, l’importance de soutenir notre jeunesse, les problèmes de santé et d’éducation, c’est la prochaine génération qui devra payer pour cela.

Il faut donc s’attaquer, selon lui, un peu plus de rigueur sur tout ce qui touche à l’équilibre budgétaire [et] faire des choix aujourd’hui que nous ne répercuterons peut-être pas sur les gens en 2030, 2035, 2040.

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Guy Cormier, président du Mouvement Desjardins

Photo : La Presse Canadienne / Paul Chiasson

Peu importe le gouvernement, les libéraux, les conservateurs, les gouvernements provinciaux, il faut remettre en question la performance économique du pays, la mise en place de mesures – simplifier la réglementation, améliorer la productivité de nos entreprises, stimuler l’activité économique – justement pour améliorer les recettes de l’État et peut-être avoir moins pour réduire les services.

Parallèlement, le gouvernement québécois subit d’importantes pressions financières – en santé, en éducation, dans le secteur des transports – pour faire face aux changements climatiques. Et le sous-financement des infrastructures, souligné encore une fois par le maire de Montréal vendredi matin après la fermeture de trois stations du métro montréalais, oblige l’État à revoir ses priorités.

Dans un rapport publié en 2023 par le CIRANO, un groupe de chercheurs affirmait que le déficit de maintien des actifs est en constante augmentation au Québec. Ce déficit était estimé à 31 milliards de dollars au 31 mars 2023.

L’État doit donc composer, d’une part, entre des pressions financières croissantes et, d’autre part, la viabilité des finances publiques. Entre ces deux impératifs, les citoyens attendent des services publics plus efficaces, un système de santé qui rassure plutôt qu’inquiète, des écoles saines et inspirantes pour les jeunes et de vraies solutions pour y faire face. au défi climatique. Tout un défi.

 
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