L’Orchestre National de Jazz de Montréal nous a habitué à un travail impeccable avec des collaborations souvent surprenantes et originales. Jeudi soir, le groupe de 17 musiciens a interprété les compositions du compositeur et contrebassiste Michael Formanek.
Composés en 2013, ces morceaux sont sortis en 2016 sur l’album La distance à l’ECM avec un groupe composé de 18 musiciens new-yorkais bien connus sur la scène du jazz moderne. Le NJO n’avait pas à rougir de la comparaison avec la foisonnante scène new-yorkaise.
La scène est remplie de cinq saxophones, quatre trompettes et quatre trombones plus une guitare, un piano, une batterie et un marimba, sans oublier la contrebasse de Michael Formanek et David Russell Martin à la direction !
Formanek a débuté sa carrière dans les années 1980 et a joué avec Freddie Hubbard, Joe Henderson, Dave Liebman, Fred Hersch, Wayne Krantz et Tim Berne, pour n’en nommer que quelques-uns.
Marianne Trudel nous avait prévenus en introduction : il est difficile de définir un style précis pour les compositions jouées ce soir et c’est ce qui fait la beauté du jazz.
Après un premier titre lent plutôt conventionnel dans sa structure, le suivant débute sur des accents dissonants qui penchent vers la musique contemporaine pour se terminer sur un côté fanfare plus traditionnel. Et cela continue avec un morceau qui commence avec des accents funky et se transforme en big band de jazz moderne.
On pourrait penser que cette diversité de styles nous perdrait : au contraire, nous nous laissons emporter au gré des errances auditives de Formanek, souvent surpris, jamais blasé.
Et si les compositions de Michael Formanek contiennent bien des choses inattendues sans pour autant prêter à la confusion, son jeu de contrebasse est solide et précis sans chercher à briller plus que les autres musiciens. On a aussi l’impression que les compositions de Formanek, inventives et ardues, poussent les solistes à plus d’imagination, il n’y a rien à jeter !
On retrouve également quelques effets comme une réverbération prononcée sur un long solo de trombone qui a su apporter un côté frais sans tomber dans le ringard. Plus classique, il y a l’utilisation de boucles enregistrées à la volée par la guitare de Steve Raegele que l’on a eu le plaisir d’entendre la semaine dernière dans un tout autre genre au sein de The Dears. On pourra également retrouver Raegele en fin de semaine en solo et en duo avec Formanek (voir détails ci-dessous)
La pianiste Marianne Trudel est toujours à l’aise quels que soient le style et l’environnement, un plaisir constant pour les oreilles. Paulo Max Riccardo est à la batterie et c’était la première fois que je l’entendais : avec une passion maîtrisée et pleine de jeunesse, il a su former un rythme homogène avec le vétéran Formanek.
Avec des compositions riches aux styles changeants, la soirée est difficile à définir. Entre jazz big band moderne et incursions en forme de clins d’œil aux compositeurs de musique contemporaine, surprise et inventivité ont été de mise pour notre plus grand plaisir, évitant des errances sonores mal mesurées qui nous auraient perdus. Le répertoire a su offrir aux musiciens une dose de défi qui les a poussés à nous offrir une belle interprétation qui rendait justice aux compositions.
Michael Formanek est présent au line-up Off Jazz 2024 :
- Vendredi 4 octobre à Dièze Onze avec le Drôme Trio (Michael Formanek : contrebasse, Chet Doxas : saxophones ténor et soprano, clarinette et Vinnie Sperrazza : batterie)
- Samedi 5 octobre à O Patro Vys : Michael Formanek et Steve Raegele – Solo + Duo
Egalement à l’affiche du festival :
- Dimanche 6 octobre : Cloche au Stewart Hall (Pointe-Claire)
- Mercredi 9 octobre : Florian Hoefner + Quinsin Nachoff Elements Chamber Orchestra – La Voie de au Studio Piccolo (Montréal)
Orchestre National de Jazz de Montréal :
- Chef d’orchestre : David Russell Martin
- Artiste invité : Michael Formanek (contrebasse)
- Saxophones: Jean-Pierre Zanella, Samuel Blais, Annie Dominique, Frank Lozano, Alexandre Coté
- Trombones : Dave Grott, Margaret Donovan, Taylor Donaldson, Teadora Joy Kadonoff
- Trompettes : Jocelyn Couture, Aron Doyle, David Carbonneau, Bill Mahar
- Piano : Marianne Trudel
- Guitare : Steve Raegele
- Marimba : João Catalão
- Batterie : Paulo Max Riccardo
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