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Jackman, Maine : l’arrière-pays de Trump à la frontière de la Beauce

Avec ses élus démocrates, républicains et indépendants, le Maine est un État de contrastes. Au nord, c’est cependant le rouge républicain qui domine.

Bienvenue à Jackman, l’arrière-pays de Donald Trump, à la frontière de la Beauce, conservateur lui aussi.

La patère à l’entrée du bureau de Charles Lumbert ne laisse aucun doute sur ses appartenances politiques. Il appréciait particulièrement le président Reagan, « sa personnalité », dit-il.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Lorsque vous entrez chez Charles Lubert, vous savez à quelle adresse vous séjournez.

Sur du bois de rondin, le crochet en fer forgé aux motifs de sapin et d’orignal contient des photos des anciens présidents George W. Bush, accompagné de son épouse Laura, et de Ronald Reagan. Sans oublier la célèbre casquette rouge MAGA, au slogan « Make America Great Again » popularisé par Donald Trump, placée à proximité.

Le résident natif de Jackman est un républicain inconditionnel du Maine.

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La ville de Jackman est située à 70 kilomètres de Saint-Georges. L’économie de la ville d’environ 800 habitants repose sur l’industrie forestière, le tourisme et les emplois gouvernementaux liés aux postes frontaliers de la région.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Jackman a grandi, mais n’a jamais été une ville riche. Les gens ont travaillé dur et ont fait bien mieux avec des Républicains qui sont meilleurs pour les affaires, pour l’économie. Les démocrates sont trop interventionnistes auprès du gouvernement. Nous sommes indépendantsexplique l’édile inquiet pour l’économie du pays.

Donald Trump est un homme d’affaires, il comprend très bien l’économie.

Une citation de Charles Lumbert, résident et conseiller municipal de Jackman

Beaucoup dans la région sont du même avis : Donald Trump a remporté le vote populaire dans toutes les circonscriptions du nord du Maine lors des deux dernières élections.

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La répartition du vote populaire pour l’élection présidentielle dans le Maine en 2016 et 2020, lorsque Donald Trump était le candidat républicain.

Photo : Radio-Canada

Nourriture, essence et chauffage

Pour Charles Lumbert, la principale préoccupation des habitants à un mois des élections est le coût de la nourriture et du carburant. Le prix de l’essence a atteint 1,14 $ CAN le litre lors de la visite de Radio-Canada la semaine dernière.

Nous sommes à 75 milles (120 km) de Skowhegan au sud et à 45 milles (72 km) de Saint-Georges au nord. Il faut prendre la route pour se déplacer. Les camions doivent venir nous livrer nos marchandises. Le coût du carburant est donc directement lié au coût de tous nos besoinsajoute-t-il.

Pour lui, Donald Trump est plus ouvert à l’exploitation pétrolière, ce qui aurait un effet sur le prix à la pompe.

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Scott Smith possède une entreprise de chauffage et l’une des deux stations-service de la ville.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Son collègue au conseil municipal, Scott Smith, possède une entreprise de chauffage. Ses préoccupations tournent autour de la qualité de vie des aînés, nombreux dans la communauté, et de la relève.

La clé du succès est de réduire les coûts énergétiques. A cette époque, les salaires pourraient être plus élevés.

Une citation de Scott Smith, propriétaire d’une entreprise de chauffage et d’une station-service

L’entrepreneur croit que les gens qui travailler de longues heures ou posséder une entreprise a tendance à voter républicaince qui explique la popularité du parti de Donald Trump à Jackman.

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Certaines affiches de campagne de Donald Trump et JD Vance sont visibles dans la petite communauté du Maine.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Mais comme la majorité des propriétaires d’entreprises de Main Street, Scott Smith ne montre pas ses couleurs politiques. Le sujet reste sensible pour beaucoup au sein de la communauté d’environ 800 personnes.

Il espère que le climat tendu qui règne dans le pays à un mois des élections va s’apaiser. Nous devons arrêter de nous disputer et résoudre les problèmes en groupedit-il.

La pénurie de logements

Au Northland Hôtel, pas question de parler politique. La gérante Meg Welch nous montre une pancarte au-dessus du bar. Attention, pas de politique, pas de religion, pas de drame icion peut y lire.

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Meg Welch ne veut pas que ses clients parlent de politique dans son bar. « Nous voulons la paix », explique-t-elle.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Cela peut être terrible, la politique est un sujet brûlant ici. Finalement, nous avons tous les mêmes préoccupationsdit-elle avec philosophie.

Pour elle, la plus grande préoccupation est le manque de logements disponibles à Jackman.

Les 13 chambres de l’hôtel sont réservées, entre autres, aux agents de santé, et les locations courte durée de résidences secondaires sur des plateformes comme Airbnb se multiplient depuis la pandémie.

Nous manquons de personnel et il n’y a pas de logement disponible pour les personnes qui souhaitent venir travailler ici ou pour les jeunes qui ont terminé leurs études et souhaitent rentrer chez eux.explique-t-elle, consciente que l’élection présidentielle ne résoudra pas ce problème du jour au lendemain.

La région la plus républicaine du nord-est

Pour le politologue Mark Brewer de l’Université du Maine, les données collectées lors des élections permettent de comprendre pourquoi le nord du Maine vote pour Donald Trump.

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Mark Brewer est directeur du Département de science politique de l’Université du Maine.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Il note que la région est rurale, compte de nombreuses personnes âgées, d’anciens combattants de l’armée américaine et d’électeurs n’ayant qu’un diplôme d’études secondaires. Ces critères font pencher la tendance du vote vers le Parti républicain, explique le politologue.

Il y a aussi quelque chose avec Donald Trump. Un autre type de républicain. Il adhère à un populisme beaucoup plus économique et ce message passe bien [dans le nord du Maine].

Une citation de Mark Brewer, directeur du département de sciences politiques de l’Université du Maine

Mark Brewer constate également un changement dans les habitudes électorales au niveau national.

Le protectionnisme commercial se vendant bien dans le nord du Maine, les électeurs qui se considéraient plutôt comme des démocrates travaillistes sont devenus républicains. Même chose dans le sud du pays, devenu [à l’inverse] plus démocratique au cours des 20 dernières annéesexplique ce dernier.

Indépendance du Maine

Les électeurs du Maine ont la réputation d’être indépendants. L’État est majoritairement démocrate, mais compte un sénateur indépendant, un sénateur républicain et un vote républicain au collège électoral contre trois pour les démocrates, dans un modèle de répartition des voix partagé uniquement avec le Nebraska.

Les électeurs changent leurs habitudes, c’est le cas de Dave Jones, le propriétaire de Jackman Power Sports à Jackman.

L’entrepreneur est inscrit sur les listes électorales en tant que démocrate, mais il aime son indépendance ainsi que Mainerfidèle à la réputation des électeurs de l’État.

Je voterai pour le meilleur candidat pour mon entreprise et ma famille. […] C’est comme ça que nous sommes dans le Maine, les gens pensent différemment, ils sont plus détendus et pensent davantage à ce qui sera rentable.

Une citation de Dave Jones, propriétaire de Jackman Power Sports

L’homme Jackman avoue avoir du mal à démêler les faits et la fiction sur Donald Trump, sa condamnation ou les accusations portées contre lui en regardant les informations. Selon lui, les habitants de la région voient au-delà de ça.

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Dave Jones est le propriétaire de Jackman Power Sports. Il vend des motoneiges Bombardier depuis plusieurs années. Le Ski-Doo demeure son best-seller depuis 15 ans.

Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier

Beaucoup de gens n’aiment pas Donald Trump à cause de la façon dont il parle, mais c’est un peu ainsi que parlent les habitants des zones rurales du Maine.il explique.

A un mois des élections, les feuilles des arbres sont encore très rouges à Jackman.

 
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