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SÉNÉGAL-MUSIQUE-PROFIL / Ablaye Cissoko et la kora, l’histoire d’une passion – Agence de presse sénégalaise

Par Cheikh Gawane Diop

Saint-Louis, 2 oct (APS) – L’auteur-compositeur et musicien sénégalais, Ablaye Cissoko, est devenu au fil des années un virtuose de la kora (harpe-luth mandingue), un héritage qu’il a su populariser à travers le monde grâce à ses nombreuses collaborations.

Installé à Saint-Louis depuis 1985, adolescent, Kimitang Mohamadou Cissoko, de son vrai nom, se distingue par ses sublimes notes de kora. L’ancien pensionnaire du Conservatoire de Musique de Dakar est aujourd’hui « fier » de raconter comment est née sa passion pour cet instrument africain ancestral.

« Vous savez, nous naissons griots, mais nous ne le devenons pas, car la passion et le griotisme sont deux choses différentes. Il y a des griots qui ne veulent pas du tout exercer leur rôle de transmission. Ils ne veulent même pas qu’on les appelle griots», explique-t-il pour montrer sa fierté de ses origines.

Descendant d’une famille de griots, les Cissoko du Mandingue, et fils de gendarme, Ablaye Cissoko passe des heures avec la kora, puisqu’il a appris à jouer de cet instrument auprès de son père, dès l’âge de 8 ans.

« Je me suis intéressé très tôt à la kora. J’ai passé mes heures autour de cet instrument. Mais il n’était pas dit que ce serait mon métier. Mon père était gendarme et joueur de kora», se souvient Ablaye, soulignant que son père était également chef d’orchestre de la gendarmerie nationale.

La kora, sa première confidente

Ablaye Cissoko a noué une longue amitié avec la kora au point que cet instrument de musique à cordes est devenu son « premier confident ».

« La kora a toujours été ma première confidente, ma première amie, ma première conseillère. Si je souffre ou si je suis heureux, je me repose toujours sur la kora. Elle m’inspire et me libère de mes tourments. Je suis passionné, au sens premier du terme », s’enthousiasme le koriste sénégalais dont la musique est à la croisée des sonorités africaines et du jazz.

Derrière cet amour incommensurable pour cet instrument de musique se cache pourtant un homme passionné de football.

«J’ai joué et j’ai adoré le football. Il y a eu une année où j’avais même une place en sélection dans l’équipe de football de l’Association sportive des forces armées (ASFA), mais mon père n’en voulait pas », révèle-t-il.

Une passion devenue un métier

Originaire de Kolda, ville située au sud du Sénégal, Ablaye Cissoko s’estime chanceux que sa passion soit désormais devenue son métier. Une vie professionnelle pleine d’épanouissement qui lui a permis de voyager à travers le monde depuis son Saint-Louis natal : Oslo, en Norvège, New York, aux Etats-Unis, Paris, en France, etc.

« Si vous avez la chance que votre passion devienne votre métier, vous gagnez votre vie et c’est une grande bénédiction. Si je devais choisir un métier, je dirais peut-être que j’aimerais être professeur, mais il faut accepter son destin », confie ce virtuose de la kora.

Marié à une Saint-Louisienne, le Korist garde toujours en tête les conseils de son tuteur qui lui ont permis de faire carrière dans la musique.

« Un jour, il m’a dit une chose : avoir le don ne suffit pas, être griot ne suffit pas, avoir toutes les koras du monde ne suffit pas tant qu’on ne travaille pas et c’est un travail personnel. Et dans ce travail personnel, il faut être très ouvert pour pouvoir évoluer », se souvient Ablaye Cissoko, qui garde ses paroles comme un livre de chevet.

Durant près de deux décennies et suivant les conseils de son père, l’artiste acquiert de l’expérience et devient un maître incontesté dans son art.

« Depuis près de vingt ans, les choses ont changé. On a eu beaucoup de collaborations à Saint-Louis qui m’ont tout apporté, notamment la scène Jazz Saint-Louis. La kora m’a permis de rencontrer beaucoup d’artistes et j’ai acquis beaucoup d’expérience”, assure le kora, très à l’aise dans une belle tunique africaine.

Le festival de jazz de Saint-Louis, depuis sa création en 1993, a accueilli de nombreux musiciens et artistes du monde entier, notamment les Camerounais Manu Dibango et Richard Bona, les Américains Lucky Peterson, Randy Weston, Marcus Miller, etc., le Sénégalais Youssou Ndour, Baba Maal, Cheikh Lo, Hervé Samb, les Maliens Ali Farka Touré, Cheikh Tidiane Seck, etc.

« Kordaba », une école d’initiation à la kora

Maître kora en Afrique de l’Ouest depuis de nombreuses années, Ablaye Cissoko a créé une école d’initiation et d’apprentissage de la kora. Une école nichée au cœur du quartier Ndioloffène de Saint-Louis.

« L’idée derrière cette école +Kordaba+, c’est que je voulais que la kora soit accessible aux garçons et aux filles comme la guitare. Une école de la kora où on n’est vraiment pas dans la transmission mais on est dans l’initiation, notamment l’apprentissage et l’enseignement de la kora”, dit-il.

Selon lui, le Sénégal regorge de beaucoup de talents, de gens extraordinairement doués, mais qui ont besoin d’un contexte ou d’un lieu pour pouvoir épanouir leur talent.

Promoteur du festival « Au Tour des Cordes », dont la quatrième édition est prévue du 31 octobre au 2 novembre, Ablaye Cissoko, en bon Koriste, peut aujourd’hui se targuer d’une reconnaissance internationale, d’où le succès de sa collaboration en 2009 avec le Le trompettiste allemand basé à New York Volker Goetze avec l’album « Sira ».

Les deux artistes se retrouvent en 2012 et produisent « Amanké Dionti » vendu à près de 10 000 exemplaires en France et en 2014 pour un troisième opus « Djaliya ».

Ablaye Cissoko, dont la philosophie musicale est « d’apaiser le cœur des hommes », a collaboré en 2011 avec le multi-instrumentiste marocain Majid Bekkas.

CGD/FKS/ASB/ABB

 
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