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L’aînée d’Anticosti fête ses 100 ans

Ernestine Poulin a vu Anticosti traverser les époques, du territoire de chasse d’un riche chocolatier étranger à un parc national au patrimoine de renommée mondiale. Aujourd’hui centenaire, il raconte l’histoire d’une île aux multiples facettes, isolée, mais peuplée de cerfs « grandioses ». Une île qu’elle n’abandonnera jamais.

À 100 ans, je n’ai pas l’impression d’avoir eu 50 ans » dit Ernestine Poulin en ajustant son appareil auditif.

Après plus d’un siècle de vie, ses pas sont lents, hésitants, et son audition n’est plus ce qu’elle était.

Malgré tout, au grand désarroi de sa fille Ginette Gagnon, il lui arrive de gravir les trois étages de sa maison centenaire pour accéder à ses nombreux souvenirs, entassés dans le grenier.

Elle en ressort des petites pépites, dont des photos de ses parents datant de la fin du XIXème siècle.

Sur la photo, on peut voir Ernestine Poulin devant le Château Menier. La villa, construite pour le chocolatier français Henri Menier en 1899, a brûlé en 1953.

Photo : Radio-Canada

C’est moi! J’avais 23 ans là-bas, devant le château Menier qui était encore deboutdit-elle.

Une île au destin unique

Ernestine Poulin est née à Port-Menier en 1924. À l’époque, l’île était encore la propriété du chocolatier français Henri Menier qui avait fait d’Anticosti son terrain de chasse privé, en y introduisant le cerf de Virginie.

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Ernestine Poulin reste marquée par le décès de sa mère qui a succombé à des complications liées à son cinquième accouchement.

Photo: Radio-Canada / Alban Normandin

Deux ans plus tard, l’île est achetée par Wayagamack Pulp and Paper qui deviendra plus tard Consolidated Bathurst, communément appelée la Console par les habitants de l’île.

L’arrivée de l’industrie forestière annonce une ère de développement économique pour l’île.

À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Ernestine Poulin se souvient bien d’avoir été aux côtés de son père, Ernest Poulin, lorsqu’il allait rencontrer Allemands qui a débarqué sur l’île en bateau.

A l’époque, le mystérieux groupe d’investisseurs souhaitait racheter l’île.

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Les expéditions des investisseurs allemands à l’île d’Anticosti font l’objet d’un livre intitulé « L’expédition allemande à l’île d’Anticosti » d’Hugues Théorêt. (Photo d’archives)

Photo: Éditions Septentrion

Dans les années 1940, alors que la guerre bat son plein, Ernestine Poulin rencontre Gérard Gagnon, originaire de Saint-Fabien, près de Rimouski.

Ce dernier visite Anticosti au retour du front.

Le couple s’est marié en 1947. Ils ont eu deux enfants et en ont adopté un troisième.

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Ernestine Poulin résidait dans l’ancien village de l’Anse aux Fraises sur l’île d’Anticosti. Aujourd’hui, on peut y voir quelques ruines.

Photo: Radio-Canada / Alban Normandin

Ma mère est une force de la nature. Ses racines sont véritablement ancrées dans l’île » raconte leur fille Ginette Gagnon, maintenant septuagénaire.

Bien que Ginette Gagnon ait quitté l’île d’Anticosti à l’âge de 20 ans pour s’établir dans la région de Québec, les souvenirs du berceau de son enfance ne l’a jamais quittée.

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Selon Ginette Gagnon, la résidence d’Ernestine Poulin est également centenaire.

Photo: Radio-Canada / Alban Normandin

[L’île] Ça me manque toujours. […] J’ai grandi dans la nature, au bord de la mer dit-elle.

De son côté, Ernestine Poulin déclare : Je ne m’ennuyais pas sur l’île.

Dans les années 1950, selon Mme Gagnon, le village de Port-Menier était particulièrement dynamique.

Il y avait des familles nombreuses d’une dizaine d’enfants, une école pleine de monde et une faune luxuriante permettait aux familles de se nourrir. à leur faim.

EtClub existait également. Il y avait un bowling, une salle de billard, un restaurant, un cinémaénumère Ginette Gagnon.

A cette époque, son père et sa mère tenaient une petite auberge et accueillaient des touristes.

Les résidents ont même reçu des livraisons de l’ancien géant de la vente au détail Eaton’s, qui livrait des marchandises par bateau et par avion vers l’île.

Entre 1926 et 1974, l’île atteint son apogée démographique avec plus de 800 habitants et 3 000 employés.

En 1974, l’île est vendue au gouvernement du Québec et Consolidated Bathurst met fin à ses opérations.

L’ère post-« Console »

Avec le départ du principal employeur de l’île, les familles sont parties dit Mme Gagnon.

Plusieurs familles ont déménagé au Saguenay ou en Haute-Côte-Nord, où l’industrie forestière est toujours vivante et rentable.

C’est devenu plus calmeelle juge.

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La ville de Port-Menier ne compte que 175 habitants. (Photo d’archives)

Photo: Radio-Canada / Alban Normandin

Même si elle est attristée par le déclin démographique de l’île, elle salue les habitants de l’île qu’elle qualifie de ingénieux et vaillant .

Même ceux qui ont quitté l’île ont toujours l’île dans leur cœur. On ne retire pas l’île de l’insulaire.

Une citation de Ginette Gagnon, fille d’Ernestine Poulin
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Ernestine Poulin est une fervente catholique.

Photo: Radio-Canada / Alban Normandin

Sa mère vit désormais seule, entourée de croix et de statuettes de Saint-Joseph et de Saint-Frère-André.

Lorsqu’on lui demande si elle souhaite quitter l’île un jour, Ernestine Poulin répond par la négative.

L’idée de quitter sa maison rose face à la mer pour une résidence pour aînés à Sept-Îles ou à Québec ne fonctionne pas ça ne l’intéresse pas .

Fervente catholique, Ernestine Poulin récite ses prières tous les jours.

Je lui dis : Ô Dieu Tout-Puissant, fais-moi revivre. Et il me garde en vie, hein ? répond le centenaire.

 
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