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Le Musée des Arts Décoratifs sonde notre rapport à l’intime dans son exposition de rentrée

Dans L’utilisation de la photographie (Gallimard, 2005), l’écrivain Annie Ernaux et le journaliste Marc Marie révèlent quatorze photographies de leur chambre en désordre, leurs vêtements éparpillés sur le sol après le passage de leurs étreintes amoureuses. Chaque image est accompagnée d’un texte écrit à quatre mains, dans l’espoir de capter « les taches et l’empreinte des corps » nées des conjonctures du désir. Ces tirages éclairent les contours d’une intimité invisible, échangée dans l’obscurité, puis rejouée dans l’esprit des lecteurs. De quoi brouiller les frontières entre privé et public… Car c’est bien connu, nos jardins secrets ne sont jamais complètement secrets. Ou peut-être qu’ils le sont ? C’est la question que se pose le Musée des Arts Décoratifs dans son exposition de rentrée, intitulée L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux.

Edgar Degas, Femme assise au bord d’une baignoire et s’essuyant le cou (1980-1995).© RMN – Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Le Musée des Arts Décoratifs explore l’intimité au fil des siècles

Présentée dans la nef du musée et ses galeries latérales, la manifestation propose une réflexion originale sur la manière dont les objets reflètent les modes de vie et les évolutions de la société. Chambres, fauteuils, paravents, coiffeuses, baignoires, parfums, sextoys et autres accessoires liés à l’agrément, à la beauté, au repos et au plaisir peuplent l’exposition et montrent les transformations de l’intime à travers les époques.

Tout au long d’un parcours thématique, on admire les œuvres, les discours et les écrits des artistes qui ont ouvert les portes de ces intérieurs, véritables espaces à soi. Pensées à l’abri des regards étrangers, ces pièces ont tant de mystères et de vérités à raconter… Le lit, par exemple, devient un lieu de vie et de création, de solitude mais aussi de tendresse partagée, selon celui qui les lit. résider. Dans les années 1980, l’Américain C’est Goldin retrace ainsi son style autobiographique en photographiant sa relation avec son amant depuis son lit : “Il y a l’ambivalence de mon regard et cette distance entre nous, juste après l’amourexplique-t-elle. Il me tourne le dos pendant qu’il fume, pendant que je le regarde, toujours à la recherche d’un peu d’intimité. Le lit, avec ses barreaux de fer et ses oreillers en plumes, devient le berceau des joies et des peines de C’est Goldin. Avec son projet Somnya Ngomya, Zanele Muholi cristallise également, à partir de 2012, quelques autoportraits dans la chambre pour représenter son image et son identité. «J’aime les images en noir et blanc et les contrastes forts, car elles exposent de manière éclatante les pigments de ma peau. Cela rend les ténèbres sans équivoque et sans remords. »exprime l’artiste non binaire d’Afrique du Sud, dans une interview pour le Magazine Lampoonà propos de son tirage Bona que l’on retrouve dans l’exposition.

 
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