News Day FR

Des retrouvailles avec un arrière-goût de trouble alimentaire

L’hyperphagie boulimique, caractérisée par des crises de boulimie récurrentes sans comportements compensatoires, est entrée dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) plus tard que les autres troubles de l’alimentation, en 2013.

« On le voit comme quelqu’un qui mange ses émotions, mais c’est bien plus que ça », affirme l’auteur, évoquant la honte et la culpabilité liées à ce trouble.

Diplômée du Conservatoire de Québec en 2020, Anne-Virginie Bérubé s’apprête à présenter sa première pièce à Premier Acte. Ces derniers mois, le public a pu la voir dans le tableau Le grand marché d’influence de Où vas-tu quand tu dors en marchant et dans la chambre Salope Boxer.

Afin d’aborder les troubles alimentaires de manière sensible et réaliste, l’auteure a rencontré une travailleuse de la Maison L’Éclaircie lors de la création de son spectacle. Cet organisme communautaire québécois vient en aide aux personnes aux prises avec des troubles de l’alimentation et à leurs proches.

« Je ne voulais pas commettre d’erreur. Je ne voulais pas que cela devienne un manuel d’instructions. Je ne voulais pas non plus que cela devienne quelque chose qui pourrait pousser certaines personnes à adopter des comportements nuisibles. Je voulais que ce soit abordé de la bonne manière», insiste Anne-Virginie Bérubé.

Relations familiales

Dans Un arrière-goût de compostle thème des troubles alimentaires et de la santé mentale est abordé à travers les retrouvailles d’un frère et d’une sœur.

À l’âge de 21 ans, Christophe quitte le domicile familial sans prévenir ni sa mère célibataire ni sa sœur Éléonore, alors âgée de 12 ans. Cinq ans plus tard, ils se retrouvent par hasard dans le jardin communautaire qu’ils fréquentaient étant enfants.

“Evidemment, il y a des petits affrontements, il y a de la tension, mais aussi un peu d’absurdité et des situations comiques pour alléger l’ambiance.”

— Anne-Virginie Bérubé, auteure de la pièce Un aftergoût de compost et cofondatrice du Théâtre du Refuge

Rien n’oblige les personnages à rester dans ce jardin. Mais comme le public, ils veulent des réponses. Pourquoi Christophe est-il parti ? Que s’est-il passé pendant son absence ?

Au-delà des troubles alimentaires et de la santé mentale, ce sont les relations familiales, notamment entre frères et sœurs, ainsi que la thématique de l’abandon qui traversent ce spectacle de 60 minutes.

Ceci est enveloppé dans les conceptions sonores de Pierre-Olivier Roussel qui s’est appuyé sur la spatialisation et la bioacoustique pour transporter le public dans le jardin communautaire où se déroule ce huis clos.

Un arrière-goût de crise de financement…

La production de la pièce a été confiée à Nathalie Séguin. Plutôt sobre, sa proposition doit mettre en valeur la performance des interprètes Antoine Gagnon et Béatrice Casgrain-Rodriguez.

«On a fait des auditions pour le rôle d’Éléonore, ce qui ne se fait pas tellement dans le théâtre de création au Québec», révèle le cofondateur du Théâtre du Refuge.

Cette jeune entreprise s’est donné pour mission de faire de la place à la relève. Ainsi, plusieurs diplômés du Conservatoire de Québec ont été invités à tenter leur chance pour le rôle d’Éléonore.

Quant à Antoine Gagnon, l’acteur avait tant bien que mal réussi son audition plus tôt.

À un moment donné, l’auteure a eu besoin d’entendre son texte dans la bouche d’un interprète et s’est tournée vers l’acteur. Cette dernière s’est montrée tellement convaincante qu’Anne-Virginie Bérubé n’a pas ressenti le besoin d’aller chercher ailleurs.

Ce dernier explique que c’est souvent par manque de temps qu’il y a peu d’auditions dans le monde du théâtre de création. Comme pour cette production, les artistes commencent souvent à travailler sur leur projet avant de savoir s’ils auront du financement et, lorsque la confirmation arrive, tout se déroule assez rapidement.

Un arrière-goût de compost n’a pas reçu de financement du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Cette production est soutenue par le programme Première Ovation qui lui permet de couvrir leurs dépenses matérielles et d’offrir une rémunération minimale aux artistes et designers. Mais pas au producteur.

«On est dans un contexte où ce n’est pas du travail, c’est du bénévolat», fait valoir l’auteur qui s’inquiète de l’avenir du théâtre au Québec.

Anne-Virginie Bérubé et son conjoint ont également réalisé des activités de collecte de fonds pour augmenter leur budget et mener à bien leur projet.

Puis, à la mi-septembre, moins d’un mois avant la première représentation, la troupe a reçu une subvention du Conseil des Arts du Canada qui permettra de mieux rémunérer la troupe.

Titre : Un arrière-goût de compost

Auteur : Anne-Virginie Bérubé

Directeur: Nathalie Séguin

Distribution: Antoine Gagnon and Béatrice Casgrain-Rodriguez

Dates : du 8 au 19 octobre 2024

Lieu: Premier acte

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :