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Décès d’un agent de sécurité en Gironde : de lourdes amendes requises

Le drame s’est déroulé dans la nuit du 2 au 3 mai 2019 à Bassens, sur le site de l’entreprise de recyclage Derichebourg. Peu après 22 heures, alors qu’il effectuait sa ronde, Loïc Sanchez, un agent de sécurité de 37 ans, dont la société était chargée de garder le site, s’est retrouvé face à un portail ouvert de 27 mètres. Incapable d’actionner le mécanisme électrique, il le pousse à la main. Au terme de sa course, le portail en fer, pesant près d’une tonne, est tombé sur l’agent. Incapable de se libérer, il meurt asphyxié.

Trois sociétés

Ce lundi 30 septembre, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, après une longue procédure, trois entreprises ont répondu pour homicide involontaire. Sur le banc des accusés, le concepteur du portail, le chaudronnier Duberney, l’entreprise Derichebourg ainsi que l’entreprise de gardiennage EPS (aujourd’hui liquidée) qui employait la victime. Tous sont poursuivis pour des manquements susceptibles, à des degrés divers, d’avoir contribué au drame. Comme c’est souvent le cas dans ce type de configuration, chacun rejette la faute sur l’autre.

A chaque prévenu, la procureure Marie-Noëlle Courtiau-Duterrier adresse la même question : « Vous considérez-vous responsable de la mort de Loïc Sanchez ? »

Défaut de conception

Aux commandes, le chaudronnier, âgé de 70 ans, est le seul à manifester des remords. « C’est moi qui ai fait ce portail, je ne peux pas dire que ce n’est pas de ma faute », soupire-t-il avant de fondre en larmes. Les rapports d’expertise, tout comme l’enquête de l’Inspection du Travail, estiment que l’accident a été provoqué par un défaut de conception de la butée de fermeture de l’ouvrage et soulignent une fabrication et une réalisation qui ont ignoré les normes européennes. Le parquet lui reproche également de ne pas avoir fourni de mode d’emploi à son client.

“J’ai créé ce portail, je ne peux pas dire que ce n’est pas de ma faute”

Poids lourd du recyclage, Derichebourg est critiqué pour avoir mis à disposition des salariés du travail non conforme. D’autant qu’il souffrait de dysfonctionnements récurrents, qui avaient nécessité 10 fois l’intervention d’un électricien avant l’accident. Le parquet estime également que l’entreprise était dispensée de procéder aux contrôles qui lui étaient imposés. “Je ne sais pas, j’ai eu beaucoup de réunions, l’expert a dit qu’on n’avait pas commis d’erreur”, assure le responsable des opérations (qui n’était pas en fonction au moment du drame). « Ce n’est pas comme ça que je l’ai lu. L’expertise pénale dit au contraire que vous êtes en partie responsable”, répond le procureur.

« Je ne vois pas comment j’ai commis des erreurs. Cela m’a bouleversé. Cet accident n’aurait pas dû se produire. Il n’aurait pas dû tenter d’ouvrir le portail», défend l’ancien directeur de la société de gardiennage. Avant de tomber sur une question… de son avocat. « Vous avons-nous dit que ce portail était dangereux ? » lui demande son avis. “Oui, des dysfonctionnements avaient été signalés”, dit-il face à l’avocat un peu abasourdi. “Je parlais de dangerosité, pas de dysfonctionnement”, poursuit le conseil.

“Je suis mère”

Sur le banc des parties civiles, seule la mère de l’agent, la voix étranglée par l’émotion, adresse quelques mots aux prévenus. « Je suis mère. Vous l’avez tué. Dis-le au moins ! » dit-elle.

« Nous sommes confrontés à un cas d’école d’une combinaison d’échecs. Si tout le monde avait fait son travail, peut-être que l’accident n’aurait pas eu lieu», soulève le procureur qui demande 50 000 euros d’amende contre la société Duberney, 100 000 contre Derichebourg et 15 000 avec sursis. contre le directeur de la société de sécurité.

“Aucun chef d’entreprise n’aurait pu déceler la dangerosité de ce portail”, a objecté Derichebourg, qui a demandé l’acquittement, tout comme la société de gardiennage.

Le tribunal présidé par Gérard Pitti a réservé sa décision.

 
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