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Le Service de renseignement suisse serait dans le chaos

Vue de la salle de contrôle du Centre de presse du Palais fédéral, lors de la conférence de presse au cours de laquelle Christian Dussey, directeur du Service fédéral de renseignement (SRC), explique le rapport de situation Sécurité Suisse 2023 du CRS, le lundi 26 juin 2023 à Berne .Image : CLÉ DE CLÉ

Le Service fédéral de renseignement est très occupé avec sa propre transformation. À tel point que des délais importants ne peuvent être respectés.

Henry Habegger / ch médias

La ministre de la Défense Viola Amherd n’avait pas en tête une réforme du Service suisse de renseignement (SRC) lorsqu’elle a proposé en 2021 au Conseil fédéral le successeur de Jean-Philippe Gaudin, tombé en disgrâce. Elle aurait préféré penser à des améliorations occasionnelles.

Mais le nouveau chef des services secrets et ancien diplomate Christian Dussey, en poste depuis avril 2022, aurait développé une soif de création insoupçonnée et crée une nouvelle structure du service. Un nouvel organigramme, de nouveaux domaines d’activité pour le management, bref : un nouveau service secret.

Ce projet a été approuvé par Amherd et son secrétaire général de l’époque, qui l’ont jugé satisfaisant.

Christian Dussey.Image : CLÉ DE CLÉ

C’est ainsi que certains milieux bien informés de Berne racontent la genèse de la transformation en cours de la SRC. En mars 2024, les membres de la nouvelle direction prennent officiellement leurs fonctions.

L’argent n’était pas suffisant pour tous les postes

Mais il est clair que la transformation du Service fédéral de renseignement (SRC) ne se déroule pas comme espéré. Même si les postes du nouvel organigramme ont été progressivement pourvus, les moyens financiers n’ont pas suivi pour couvrir tous les salaires et réaliser les projets prévus.

Selon des sources, cette situation s’explique, entre autres, par la création de postes spéciaux pour plusieurs anciens cadres supérieurs, qui occupent le même niveau salarial, mais sans responsabilités de gestion. Par exemple, l’ancien chef de la gestion des informations de renseignement, responsable de la base de données de protection de l’État de l’Etat islamique, a fait le lien avec le deuxième dossier, en 2010. À l’époque, 180 000 dossiers de personnes avaient été jugés illégitimes ou non pertinents et supprimés.

L’ancien responsable de l’évaluation et du contrôle de la situation, ancien directeur adjoint, sera également maintenu à un poste privilégié. Parmi les nouveaux collaborateurs figurent également un ancien chasseur de têtes qui avait participé au recrutement de Dussey et que ce dernier avait ensuite nommé vice-directeur de la SRC.

L’un des résultats de ce bouleversement est le mécontentement du personnel, mais aussi les critiques, par exemple de la part des cantons, selon lesquelles les performances des services ont considérablement diminué.

«Les services secrets suisses sont tellement préoccupés par eux-mêmes qu’ils ont dû réduire la lutte contre le terrorisme»

Le NZZ, en juillet

Selon les observateurs, les performances du service sont devenues faibles. La «situation hebdomadaire», classée confidentielle et transmise à de nombreux départements de la Confédération et des cantons, «ne contient pratiquement jamais d’informations qui n’aient pas déjà été publiées dans les journaux».

Bilan de situation 2024 non encore publié

Le rapport de situation annuel des services de renseignement est clairement lui aussi victime de cette situation. Ce rapport, intitulé Sécurité de la Suisseest généralement publié et présenté en juin ; parfois même au printemps. Le rapport de situation Sécurité Suisse 2023 a été publiée le 26 juin 2023, l’édition 2022 le 27 juin 2022. L’édition 2021 a été publiée le 10 juin 2021.

Le rapport, d’une centaine de pages, décrit l’évolution de la situation sécuritaire internationale et les principales menaces qui pèsent sur la Suisse. Il s’agit d’un travail de base important pour la politique, les autorités et le public. Mais jusqu’à présent, tout le monde attend en vain l’édition 2024. Mais alors, pourquoi n’est-il pas encore disponible ? Ce retard est-il lié à des problèmes internes ? Une question posée par CH Media (auquel appartient Watson) à laquelle la SRC répond que :

«L’édition 2024 de notre rapport de situation «Sécurité en Suisse» paraîtra probablement fin octobre. La date sera communiquée ultérieurement »

La révision de la loi sur la SRC, qui devait initialement faire l’objet de débats parlementaires encore cette année, est également en cours avec au moins un an de retard. La consultation a déjà eu lieu en 2022, mais il ne s’est pas passé grand-chose depuis. Comme l’a indiqué vendredi le Conseil fédéral, le projet sera également divisé en deux parties. La loi doit notamment doter les services secrets de nouvelles compétences significatives pour surveiller les actions violentes et extrémistes.

Amherd envoie son extincteur

Les services de renseignement sont en difficulté. La cheffe du DDPS Viola Amherd a récemment mis un coach à la disposition du directeur. Son secrétaire général adjoint Marc Siegenthaler doit « accompagner la transformation de la SRC et la soutenir avec des moyens ». C’est ainsi que le NZZ » citait le service de presse de la SRC en août. Ses détracteurs affirment que Siegenthaler, ancien responsable des ressources humaines, n’a aucune expérience en matière de renseignement.

Marc Siegenthaler (archives 2021).Image : CLÉ DE CLÉ

Quand le secrétariat général d’un département intervient dans un bureau fédéral, c’est que c’est le feu dans le lac. Ainsi, début septembre, le conseiller fédéral UDC Guy Parmelin a placé son secrétaire général par intérim à la tête de l’Office fédéral de l’approvisionnement économique du pays (OFAE). Le président de l’OFAE, Hans Häfliger, et son adjoint quitteront leurs fonctions à la fin de l’année.

Dans ce contexte, une rumeur se répand selon laquelle la SRC aurait également augmenté les salaires des nouveaux membres de la direction d’une classe salariale dans le cadre de la transformation. Cela ne peut toutefois pas être confirmé, bien au contraire. Selon le service de presse de la SRC, les fonctions de direction ont été réévaluées. Ils sont désormais répartis dans les classes salariales 29 à 32. Cela correspond à des salaires annuels maximum, sans indemnités, allant actuellement de 200’000 à 234’000 francs.

Avant la transformation, les membres de la direction étaient dans les classes 29 à 33 (maximum : 253’000 francs). Le directeur est resté inchangé dans la classe salariale 36 (314’000 francs). La question de savoir dans quelles classes se trouvent réellement les membres de la direction aujourd’hui reste cependant sans réponse.

On dit du directeur Dussey lui-même qu’il aimerait devenir ambassadeur aux États-Unis. Avant d’être nommé chef du SRC, il a brièvement servi comme ambassadeur en Iran.

Bien entendu, ce n’est pas la première fois que le rapport de situation est publié en octobre. En 2020, année de la pandémie, c’était le 27. Seulement, le 16 mars 2020, le Conseil fédéral déclare la « situation extraordinaire », le pays est sens dessus dessous. Dans l’avant-propos du rapport de situation 2020, la conseillère fédérale Viola Amherd a déclaré :

«La CRS s’est penchée de manière approfondie sur la question de savoir comment le Covid-19 existe et influencera la situation de menace. L’étude de cette question explique la date tardive de publication du rapport de situation annuel de la SRC.

Contrairement à 2020, la « situation extraordinaire » concerne cette fois la SRC elle-même.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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