Entre promotion des traditions et revendications actuelles, René Gros-Louis souhaite faire de la Nation huronne-wendat un acteur « incontournable ».
Installé sur la terrasse de l’hôtel-musée des Premières Nations, René Gros-Louis revient sur ses motivations et ses priorités. Après avoir occupé pendant douze ans le poste de chef familial, il tente aujourd’hui sa chance de grand chef.
Clin d’œil à son attachement au territoire, le bruit de la rivière qui coule à proximité s’entremêle à ses récits.
« Mon père était chasseur, pêcheur et trappeur. Mon grand-père l’était aussi», raconte celui qui vit dans la communauté depuis sa naissance.
Après 35 ans au gouvernement fédéral, dont 25 ans à Services aux Autochtones Canada, le septuagénaire souhaite désormais mettre son expérience au profit de sa Nation. «Je vois où va la Nation et cela ne correspond pas à mes valeurs», dit-il.
Préoccupé par l’état des relations qui unissent la Nation huronne-wendat avec les gouvernements et les autres Premières Nations, René Gros-Louis souhaite instaurer une « atmosphère de respect envers tous les partenaires et tous les usagers du territoire ».
Éduquer pour cohabiter
Il souligne l’importance de sensibiliser tous les acteurs impliqués directement ou indirectement dans la réalité de la Nation. Le partage des connaissances permettrait non seulement de transmettre l’identité huronne-wendat, mais aussi de sensibiliser la population aux causes soutenues par la Nation et de « défaire les préjugés et les paradigmes », estime-t-il.
« Il faut pouvoir cohabiter », estime le candidat. Pour lui, éduquer la population, « non seulement les Québécois, mais aussi nos membres », assurerait l’établissement de relations plus harmonieuses.
«Quand je parle d’éducation publique, cela implique tout le monde», explique-t-il. « Les gens à l’extérieur ne savent pas pourquoi nous ne payons pas d’impôts. Pouvons-nous finir de l’expliquer à un moment donné ?
Il souhaite ainsi mettre la Nation au premier plan. « Je trouve qu’on entend moins parler de la Nation. Je veux que la Nation soit présente partout », souligne-t-il.
Prendre le pouls
Sous sa direction, « les membres de la Nation auront leur mot à dire », assure-t-il.
Il propose notamment la création d’un poste de leader responsable des membres extérieurs à la communauté. Les Hurons-Wendat ne résidant pas à Wendake pourraient ainsi « communiquer directement avec un chef de famille, quel que soit son nom, pour avoir un point d’entrée, écouter et partager des commentaires », précise-t-il.
Le candidat entend également utiliser la fonction publique huronne-wendat pour mettre en œuvre un véritable « réflexe » de consultation. Interrogé sur la question du foncier de la Défense, il applique immédiatement son principe. « Je ne prendrai jamais de décisions concernant ces terres sans que la population soit consultée. »
Préoccupé par le sort des aînés Hurons-Wendat, M. Gros-Louis ajoute qu’eux aussi seront entendus. « On n’en parle jamais assez. Je rentre dans cette catégorie. Je connais bien leurs besoins», affirme celui qui a notamment contribué à la création du CHSLD de Wendake.
« Cela ne sert à rien de faire des promesses et de dire : ‘Je vais le faire.’ Je suis un gars d’équipe. J’ai du leadership. Je pourrai le dire si quelque chose ne marche pas, mais la concertation nous amène vers des projets qui font du bien à la population», ajoute-t-il.
Le territoire où il s’enracine
Désormais installé près du foyer à l’entrée de l’hôtel, M. Gros-Louis démontre son amour pour la chasse. La saison approche à grands pas et quelque chose dans ses yeux s’illumine alors qu’il explique ses projets pour les prochaines semaines. Sa passion pour l’activité traditionnelle colore ses propositions de candidat à la chefferie.
« Le territoire est une de mes priorités, affirme-t-il. « Mes racines sont là. »
René Gros-Louis partage ses souvenirs d’une époque où il devait s’éloigner de la région pour chasser. « Je suis allé, avec mon père, aux quatre coins de Nionwentsïo, mais je ne comprenais pas pourquoi nous n’allions pas derrière notre maison, dans notre cour », se souvient-il avant de détailler. “Le gouvernement nous l’a interdit.”
Maintenant que l’accès des Hurons-Wendat au territoire a été rétabli, le candidat considère qu’il s’agit d’un « immense privilège » que la Nation doit « préserver et protéger pour que les Hurons continuent d’en bénéficier ». pour les sept prochaines générations.
Par ailleurs, le territoire est, pour M. Gros-Louis, indissociable de toute une série d’autres enjeux tels que l’habitation, l’économie et l’identité.
« Cela fait partie de nos racines. C’est profond. Cela ne peut même pas être expliqué. Je n’arrive pas à trouver le mot pour décrire le plaisir qu’ont les Hurons à chasser. J’ai des frissons quand j’en parle.
— René Gros-Louis, candidat au poste de Grand Chef de la Nation Huronne-Wendat
Malgré la saison de chasse qui s’annonce, René Gros-Louis se prépare à la lourde charge de travail qui l’attend en cas de victoire le 25 octobre. « Mon engagement sera total », assure-t-il.
« En tant que grand patron, je vais être partout. Même lors d’un tournoi pee-wee, c’est moi qui vais lancer la rondelle au centre de la glace », plaisante-t-il en partant.
Le Soleil vous présente, au cours des prochains jours, le portrait des quatre candidats en course à la direction de la Nation Huronne-Wendat.
Jeudi : Jennifer O’Bomsawin
Vendredi : Pierre Picard
Samedi : Michel Gros-Louis
Sunday: René Gros-Louis
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