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Les grandes promesses sont terminées

Le temps des promesses est révolu et celui des bilans n’est pas encore arrivé. Le gouvernement caquiste se situe entre les deux. Au moment le plus périlleux de son mandat, celui de l’exécution de ses nombreuses réformes.


Publié à 2h00

Mis à jour à 5h00

Dans le domaine de la santé, la nouvelle agence prendra bientôt ses fonctions. Dans le domaine de l’éducation, la réforme a été adoptée. Le projet de doubler la taille d’Hydro-Québec est aussi connu, tout comme les investissements massifs de fonds publics dans le secteur des batteries. Dans les transports publics, le projet d’agence Mobilité Infra devrait prochainement être adopté. Dans le logement, la stratégie a été rendue publique en août, sans nouveau financement. Les métiers du BTP ont également été décloisonnés pour accélérer les chantiers. Et les maisons de retraite ainsi que les crèches de 4 ans peinent à être construites au rythme prévu.

Si l’usage est respecté, un remaniement ministériel est attendu au début de l’année prochaine. Le gouvernement proposera évidemment d’autres projets d’ici 2026. Mais le plus conséquent a déjà été annoncé. Le moment est venu de terminer le travail.

Deux ans, c’est peu. Et ce retard n’est pas le seul obstacle. Il y a aussi un pessimisme ambiant.

L’hiver dernier, après une session parlementaire difficile, le mot d’ordre au Québec était « discipline ». Fini les cafouillages comme la subvention aux Kings et les tongs saisonnières sur le troisième maillon. Ce gouvernement allait cesser d’être son pire ennemi, promettaient-ils.

Même si les Caquistes n’ont pas connu un printemps étincelant, leur chute dans les sondages a au moins stoppé.

Quand on se compare, on se console, mais on s’inquiète aussi.

Ailleurs dans le monde, l’humeur des citoyens est morose. Justin Trudeau rassemble les mécontents contre lui, le président français Emmanuel Macron traverse une période difficile et le chancelier allemand Olaf Scholz perd également des soutiens depuis trois ans.

En Australie, pas moins de sept premiers ministres se sont succédé depuis 2007. Aux États-Unis, lors des cinq dernières élections de mi-mandat, le président a eu une cote de popularité inférieure à 45 %, la pire séquence depuis des années. 1950. Et au Royaume-Uni, le nouveau Premier ministre Keir Starmer a perdu 45 points dans les sondages depuis juillet, comme le résume une récente analyse du Temps Financier1.

Pour compliquer les choses, le gouvernement caquiste posera ses réformes en plein resserrement budgétaire. Le déficit zéro doit être atteint d’ici 2027-2028. Un objectif qui a été opportunément reporté après la prochaine campagne électorale.

Même si divers groupes de pression se plaignent du manque d’argent, les dépenses ont augmenté. Le gouvernement Legault ne pourra plus distribuer de chèques. Il devra apprendre à faire des choix. Le mot « efficacité » – au cœur du discours caquiste dans l’opposition, mais plutôt négligé depuis 2018 – reviendra sur le devant de la scène.

La renégociation des conventions collectives dans le secteur de l’éducation est terminée. Nous fondons de grands espoirs sur les contrats de travail avec les infirmières et les médecins – notamment les médecins généralistes.

Au Québec, personne ne s’attend à une amélioration spectaculaire des services publics d’ici 2026. L’espoir est de montrer plus modestement que la situation s’améliore petit à petit.

Dans le domaine de la santé, le recours aux agences privées a été réduit de moitié cette année – ce qui équivaut en fait à un retour au niveau de 2022. Leur suppression progressive s’annonce difficile en région. Les projets de loi à l’étude réduiront la paperasse imposée aux médecins et autoriseront d’autres professionnels à prodiguer des soins. L’objectif ultime demeure d’améliorer l’accès à la première ligne en misant sur les groupes de médecine familiale. Mais dans le système actuel, le Guichet d’Accès de Première Ligne (GAP) reste une bonne idée qui n’a pas tenu ses promesses.

En éducation, la répartition des tâches s’est mieux déroulée au cours de la dernière année scolaire. L’ajout d’aides à la classe est également le bienvenu. La nouvelle convention collective pourrait inverser la baisse des inscriptions dans les facultés d’enseignement – ​​à condition, estime Bernard Drainville, de rompre avec le discours négatif sur la profession. Par ailleurs, les résultats des jeunes Québécois aux tests internationaux demeurent enviables.

Du côté des garderies, les Caquistes se félicitent d’avoir ajouté 19 000 places au réseau subventionné, en plus d’avoir commencé les travaux sur l’équivalent de 18 000 places. Il n’en reste pas moins que l’accès reste déficient.

Bien que le nombre d’enfants sur les listes d’attente ait diminué de 3 000 depuis l’année dernière, quelque 34 000 noms y figurent toujours.

Le gouvernement Legault cherche à accumuler ces petits gains et à les faire connaître. Le but : paraître compétent. Du moins, plus que les autres partis.

François Legault estime avoir une autre carte dans son jeu : le nationalisme. Pour la protection des Français, là encore, la plupart des mesures ont déjà été annoncées. En francisation, le budget a triplé depuis 2018. Mais la demande croît encore plus vite à cause de l’immigration. En rythme annualisé, la demande au premier trimestre a été deux fois plus importante que l’année précédente, a indiqué le ministère.

Québec a réduit les allocations offertes aux étudiants. Son raisonnement : puisque près de 40 000 personnes sont sur liste d’attente, cette incitation n’est plus nécessaire. Quoi qu’il en soit, les Français sont perdants.

Plus que jamais, le premier ministre parlera d’immigration. Une tendance qui s’observe d’ailleurs dans une multitude d’autres pays. Mais M. Legault souffre de son double langage. D’une part, il exhorte le gouvernement fédéral à réduire rapidement l’immigration. En revanche, il réduit à peine le nombre de travailleurs temporaires sous son contrôle. Il est difficile d’imaginer que le gouvernement Trudeau ira plus loin que lui.

Alors, à quoi s’attendre de nouveau sur le front de l’identité ? La réponse pourrait venir du rapport qui sera déposé cet automne par la commission pour accroître l’autonomie du Québec. M. Legault tente de clarifier son autonomie, ce juste milieu entre l’approche référendaire décomplexée du Parti québécois, dont les détails seront annoncés avant les prochaines élections, et le fédéralisme du Parti libéral, qui aura un nouveau chef d’ici l’été.

En 2018 et 2022, M. Legault s’en est pris à ces deux partis avec un discours axé sur le nationalisme et l’économie. Reste à savoir si la prochaine fois il répétera cette scission, ou s’il sera plutôt écrasé dans l’étau.

1. Lisez l’analyse de Temps Financier (en anglais ; abonnement requis)

 
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