Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
Avant que l’été ne disparaisse à jamais, englouti par le brouillard et la neige fondue, laisse-moi allumer une guirlande d’ampoules et t’emmener danser avec moi une dernière fois… au bal populaire.
Le « Balpop », pour ceux qui le connaissent, est une fête qui est en train de disparaître, et c’est bien dommage. Car cette fête est, avec le 11 novembre, la fête patronale, et le 14 juillet, un des refrains de la vie du village, un équinoxe, un solstice pour la communauté.
Le lieu où tout se règle, avec de la bière ou des punchs. Travaillant comme des ânes toute la semaine, avec peu de loisirs, les ouvriers trouvaient dans le balpop l’occasion de régler leurs comptes. C’était le lieu où s’exhalaient les émotions accumulées au cours de l’année, les excès d’amour, de colère ou de ressentiment. Bal de jalousie, rites virils et bagarres entre villes rivales…
Les voyous perchés sur leurs mobylettes, surveillant les filles de loin, tirant des Luck Strikes en attendant le quart d’heure américain…
Les vieux d’aujourd’hui vous racontent des histoires nostalgiques sur le balpop d’autrefois. A Ars-sur-Moselle, c’étaient les frères Amar qui organisaient le bal avant la guerre… Deux frères, l’un qui jouait de l’accordéon, l’autre de la batterie. Ils faisaient danser les fêtards le samedi soir, jusqu’à minuit pile ! A minuit moins dix, ils annonçaient la dernière, et rien ne pouvait les faire changer d’avis, l’heure était venue ! Plus tard, il y eut les bals Spountz et Louis Lemaire, dans la cantine de la boulonnerie. On enleva les tables, on installa une scène. Louis Lemaire était un sacré numéro ! Un batteur qui aimait se battre. Un type un peu agaçant embêtait une souris parce qu’elle ne voulait pas valser avec lui ? Louis l’attrapait et ça se réglait dehors…
Related News :