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Le Québec grandit, mais consomme moins d’eau

« On voit de moins en moins de citoyens faire fondre leur neige avec leur boyau d’arrosage ou laver leur entrée avec de grands jets d’eau chaque fin de semaine. L’acceptabilité sociale de ce type de comportement n’est plus vraiment là », constate-t-il en entrevue à Soleil Marie-Josée Asselin, conseillère municipale responsable de la gestion de l’eau au comité exécutif de la Ville de Québec.

Et tant mieux, soutient-elle, au moment de présenter un nouveau rapport sur l’utilisation de l’eau potable qui est encourageant pour la région métropolitaine de Québec.

Comme c’est le cas depuis plusieurs années, la consommation d’eau continue de diminuer à Québec, à L’Ancienne-Lorette et à Saint-Augustin-de-Desmaures.

Dans le secteur résidentiel, les citoyens ont consommé 206 litres d’eau par jour par personne en 2023. C’est moins que dans l’ensemble du Québec, alors que la moyenne provinciale de consommation d’eau potable s’établissait à 253 en 2022.

« Les gens se rendent de plus en plus compte qu’il faut être prudent. Et ils le font. »

— Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif, responsable du dossier de l’eau

Cette courbe est d’autant plus surprenante lorsqu’on constate qu’au même moment, la population a continué de croître. À elle seule, la ville de Québec a accueilli près de 17 000 nouveaux résidents l’an dernier, un record depuis « des décennies », a déclaré le maire Bruno Marchand dans une entrevue éditoriale au Soleil au début du mois de septembre.

Depuis 2006, le volume total d’eau potable distribué a progressivement diminué de 19,5%, alors que la population a augmenté de 64 000 personnes sur la même période.

Ne manque pas

Contrairement à son voisin d’outre-mer, le Québec n’a pas en vue d’atteindre un seuil où sa capacité à approvisionner tout le monde en eau serait dépassée. Et ce, même si le mot d’ordre est la densification.

« Ce n’est pas quelque chose qu’on a en vue de dire qu’on se dirige vers quelque chose qui commence à devenir critique », explique Mme Asselin.

Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Québec
(Caroline Grégoire/Le Soleil Archives)

À Lévis, la réalité est toute autre. Sous la pression du développement soutenu dans l’ouest, près de la tête de pont, l’administration Lehouillier s’est vue contrainte de stopper les projets immobiliers pour préserver le réseau d’aqueduc et d’égouts, rapporte le journal. Radio-Canada mois dernier.

« Des efforts » multiples

Il faut dire que le Québec a fait beaucoup pour y arriver, estime Marie-Josée Asselin, élue dans l’équipe du maire Bruno Marchand.

A commencer par les actions menées au sous-sol. « Notre taux de fuite est excellent », souligne l’édile. D’une dizaine de jours il y a quelques années, le délai de réparation des fuites est passé à moins de trois jours, évitant ainsi de gaspiller de l’eau sous nos pieds.

La ville soutient également que la réparation des canalisations les plus critiques et les investissements réalisés dans les infrastructures hydrauliques ont contribué à la diminution de la production.

Plusieurs conduites d’eau et d’égout ont été remplacées au sous-sol. (Patrice Laroche/Le Soleil Archives)

Il y a ensuite la réglementation plus stricte depuis deux ans, à laquelle les citoyens ont « bien collaboré », souligne Mme Asselin. Pour contenir la consommation d’eau des citoyens, le nouveau Règlement d’agglomération sur l’eau potable entré en vigueur en juin 2022, qui vise principalement l’arrosage des pelouses, a augmenté la période d’arrosage permise à un maximum de deux heures par semaine depuis l’an dernier.

« Nous avons atteint ce que nous souhaitions atteindre en matière de réglementation. Il n’y a pas de tour de roue supplémentaire qui s’ajoutera l’an prochain », promet l’administration Marchand, sans s’étendre davantage sur ses objectifs de réduction.

Pour « donner l’exemple », le Québec affirme aussi avoir réduit ses besoins en eau.

A l’exception des terrains de sport, l’« entretien écologique » des parcelles enherbées est encouragé pour limiter les arrosages et les jeux d’eau ne sont activés qu’au-delà de 18 degrés et pour une durée plus limitée. Les toilettes et urinoirs automatiques ne sont plus installés dans les bâtiments municipaux et les paniers de fleurs ont disparu du décor.

Au Québec, les jeux d’eau ne s’activent qu’à partir de 18 degrés Celsius et pour une durée maximale de trois minutes à la fois. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)

« On a moins d’aménagements temporaires, parce que ça nous obligeait à prendre un camion, à faire le tour des quartiers et à le remplir d’eau potable pour arroser », explique Mme Asselin.

« Nous essayons, en tant que ville, d’être exemplaires. »

— Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif, responsable du dossier de l’eau

Il faut dire que les derniers étés pluvieux ont peut-être contribué à faire baisser le niveau d’eau consommé par les citoyens, mais la Ville y voit avant tout le fruit d’un élan conjugué à des efforts collectifs.

« On a encore des irréductibles, mais socialement, les gens sont plus conscients que c’est un privilège qu’on ait d’ouvrir le robinet et d’avoir de l’eau potable », constate la vice-présidente du comité exécutif. Et pour preuve : peu de gens appellent le 3-1-1 pour dénoncer l’interdiction d’arrosage. « Au contraire, il y a plus de plaintes pour dénoncer un voisin qui fait ceci ou cela », illustre-t-elle.

 
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