Certaines routes d’immigration clandestine sont plus impénétrables que d’autres. Les enquêteurs de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM) ont pu le constater en démantelant un vaste réseau criminel qui organisait le transport massif de migrants tunisiens vers la France. Dirigée par le puissant clan serbe « El Tetwani » ou « Tetouani », en référence à la ville marocaine de Tétouan, d’où est originaire son chef, cette mafia internationale supervisait la traversée des clandestins en provenance du Maghreb via la route des Balkans.
Treize personnes ont été interpellées mardi en région parisienne ainsi que dans d’autres départements français dans le cadre de cette enquête, menée par la Juridiction nationale chargée de lutter contre la criminalité organisée (Junalco), ouverte pour de multiples délits : aide à l’entrée et au séjour clandestins en milieu organisé. gangs, traite des êtres humains en bandes organisées, blanchiment d’argent, etc.
Colis contenant des passeports tunisiens
Les investigations ont débuté à la suite d’un signalement de la société de livraison DHL qui constatait, dès octobre 2022, un afflux anormal d’envois de colis contenant des passeports tunisiens en provenance de Serbie et à destination de plusieurs adresses de l’île. -de France. Selon l’enquête, les candidats à l’exil français ont quitté le Maghreb, notamment la Tunisie, puis se sont dirigés vers l’Europe de l’Est pour brouiller les traces.
Soutenus par le réseau en Serbie, étape de leur voyage, ils ont ensuite dû remettre leurs papiers d’identité à leurs passeurs. Une fois le passage vers la France réussi, grâce à de nouveaux faux papiers, l’organisation criminelle se chargeait de leur renvoyer leurs passeports tunisiens vers la France par colis DHL vers les planques où ils étaient hébergés.
Avec la collaboration d’Europol, les policiers français de l’OLTIM ont pu identifier rapidement la main du gang des « Tétouanis ». Les dirigeants et organisateurs du réseau se cacheraient à l’étranger pour organiser leur lucratif trafic, notamment en Tunisie, en Serbie, en Hongrie et en Turquie. Mais ils ont de nombreuses complicités en France, entre les logisticiens chargés de récupérer les colis contenant les passeports, les collecteurs d’argent donnés par les migrants et les blanchisseurs, les fabricants de faux documents ainsi que les hébergeurs.
Un chanteur qui a tourné plusieurs clips en Serbie
Treize personnes ont été placées en garde à vue lundi. A l’issue de leurs auditions, dix ont été présentés à un juge d’instruction à Paris. L’une, soupçonnée d’être l’épouse d’un dirigeant du réseau, a été mise en examen et placée en détention provisoire jeudi. Cette jeune femme, enceinte à un stade avancé, a la particularité d’être également une chanteuse tunisienne bénéficiant d’une certaine notoriété sur YouTube, où elle a publié plusieurs clips, notamment tournés en Serbie. Interrogé, son avocat, Me Julien Roelens, a seulement confirmé l’incarcération de son client, précisant qu’il avait “entamé en urgence des recours judiciaires contre cette mesure disproportionnée concernant l’interruption de grossesse”.
Les neuf autres suspects ont été à leur tour déférés ce vendredi pour mise en examen. Selon un article du Courrier International datant d’octobre 2023, ce clan de « Tétouanis » est basé dans une zone frontalière du nord de la Serbie, où ils sont connus pour « la violence de leurs méthodes », n’hésitant pas à brutaliser les migrants qui refuser leurs services ou leurs concurrents sur le marché de l’immigration clandestine.
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