l’essentiel
Vendredi, l’association Les Amis des Orgues a remis un chèque de 3 000 € à l’antenne Figais de Jamais Sans Toit. Un don généreux qui ne fait pas oublier que ce concert de charité a été refusé dans l’église de Figeac, et accepté dans celle de Capdenac-Gare. On vous explique pourquoi.
« Catholique ou pas, vous êtes les bienvenus. » Cette affiche affichée à l’intérieur de l’église Notre-Dame-des-voyageurs de Capdenac-Gare a attiré l’attention des bénévoles de l’association Jamais sans toit de Figeac.
Car, s’ils ont été chaleureusement accueillis en Aveyron par le curé de la paroisse, à Figeac, le curé n’a pas souhaité leur ouvrir les portes de l’église Saint-Sauveur. Une décision qui passe mal à Figeac, notamment auprès des élus de la ville et du Grand Figeac, à commencer par sa représentante de la Culture, Hélène Lacipière.
« Dans le cadre d’un concert, l’association des Amis des orgues de la ville a souhaité soutenir une association locale à vocation humanitaire et nous a contactés. Avec Christiane Sercomanens en charge des affaires sociales, nous avons pensé à Jamais sans toit qui intervient auprès des migrants dans le Figeacois», se souvient Hélène Lacipière. Ce qui motive également les deux élus, c’est la pertinence d’aider les bénévoles qui agissent en faveur des plus démunis et dont les dons sont directement gérés et mis en œuvre à Figeacois.
Contact établi entre les deux associations, une belle rencontre fraternelle et culturelle se profile alors pour le dimanche 24 mars, avec la volonté d’inviter et d’impliquer les migrants dans ce projet. Tout le monde est loin d’imaginer le refus qui leur sera opposé par le curé de la paroisse locale, l’abbé Guillaume. “D’autant”, souligne Michel Estrade, “que pour les Amis des Orgues c’était la première fois que nous organisions un concert caritatif.”
Afghans, Rwandais, Érythréens, Syriens… Une quarantaine de migrants sont aidés
« Nous essayons d’aider les personnes qui ont fui leur pays, qui n’ont plus rien et qui sont légalement incapables de travailler ou de trouver un logement. Sur les quatre antennes créées dans le Lot, ce sont une quarantaine de personnes (Afghans, Rwandais, Erythréens, Syriens…) que nous accompagnons directement ou indirectement, parfois des familles. A Figeac, trois logements sont mis gratuitement à disposition par les propriétaires, et nous en louons deux autres », soulignent Sophie Guillemont et Marie-Hélène Pottier, représentantes de l’association.
La cause paraissait donc très noble ; sauf pour la paroisse de Figeac, dont l’autorité ecclésiastique a estimé que cette association était trop politisée, justifiant ainsi son refus d’accueillir le concert de charité. « Nous n’avons pas compris cette justification. Nous sommes bénévoles depuis Figeac et au sein de Jamais sans toit ; les orientations politiques de chacun sont diverses. Nous ne sommes pas un parti politique, nous n’en faisons pas, notre vocation est la solidarité », rétorquent les représentants de l’association. Quant à Michel Estrade et Gilles Foussier, coprésidents des Amis des Orgues, ils sont visiblement déçus, mais indiquent : “Nous avons pris acte de cette décision du curé que nous ne souhaitons pas commenter.”
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Explications du diocèse
La rédaction de La Dépêche du midi a contacté l’évêque de Cahors, la haute autorité ecclésiastique du Lot, pour comprendre les éléments qui ont conduit le curé de Figeac à refuser la tenue de ce concert dans l’église Saint-Sauveur.
Une décision difficile à comprendre, sachant que le 19 janvier, en présence de Mgr Camiade, une collecte a été réalisée au profit de la branche cadurcienne de l’association Jamais Sans Toit, dans le cadre de la traditionnelle semaine annuelle de prière pour l’unité des chrétiens. , dans l’église du Sacré-Cœur. Cela ne posait évidemment aucun problème. « Les Amis des orgues de Figeac ont été contraints de délocaliser cet événement en Aveyron », précise le diocèse de Cahors. » Concernant l’Association « Jamais sans Toit », Mgr Laurent Camiade encourage son action en faveur des personnes déplacées ayant dû fuir leur pays et son partenariat avec le Secours Catholique. Concernant le concert lui-même, chaque responsable de paroisse apprécie la possibilité d’animer ou non un concert dans un lieu de culte. Il y a plusieurs critères, dont la compatibilité du programme avec le caractère sacré du lieu et les liens éventuels des organisateurs avec la paroisse», indique encore le diocèse.
Figeac a signé la charte de l’Association nationale des villes et territoires d’accueil (ANVITA), en faveur des migrants
Ce n’est donc pas la programmation artistique établie par les Amis des Orgues qui a choqué l’église locale, mais le choix de l’association bénéficiaire des dons. « Une position qu’on comprend d’autant moins depuis que Figeac a signé la charte de l’Association nationale des villes et territoires d’accueil (ANVITA), en faveur des migrants », argumente Marie-Hélène Pottier.
Pour Hélène Lacipière aussi, tout cela est incompréhensible. « Certes, la loi dit que la ville est propriétaire de l’église, mais qu’elle est attribuée au curé de la paroisse. Je trouve normal qu’un prêtre veille à ce que le contenu d’un programme culturel soit respectueux et conforme à ses valeurs religieuses, c’est choquant”, dénonce le député à la Culture.
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Le succès de ce concert qualifié d’exceptionnel et l’ampleur des dons récoltés, soit 3 000 €, ont compensé la déception de ne pouvoir l’organiser dans l’église Saint-Sauveur. A cela s’ajoute l’accueil particulièrement chaleureux reçu par le curé de Capdenac-Gare, ravi… d’aider son prochain.
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