jeIl porte les couleurs du Stade Français depuis quatre ans. Il a concouru au niveau professionnel à Massy. Et c’est à Versailles qu’il découvre le rugby. Retracer le parcours de Léo Barré (21 ans), qui vient de faire sa première sélection au Pays de Galles avec le XV de France, revient à remonter par les circuits de recrutement d’Île-de-France.
Cet ADN francilien est puissant. Mais cela occulte une étape importante dans la carrière du latéral qui devrait une nouvelle fois débuter face à l’Angleterre samedi. En réalité, c’est sur les bords du bassin d’Arcachon que l’histoire de sa passion a commencé. A seulement 6 ans.
D’abord
« Descendez du nuage ». Auteur d’une prestation sobre mais convaincante pour sa première sélection au Pays de Galles, Léo Barré a tenté de garder la tête froide en vue du dernier match face aux Anglais samedi à Lyon : « Il y a eu du bon et au moins du bon : il y a eu certaines actions. où j’aurais pu faire mieux. Cependant, j’ai grandi grâce à cette première expérience. Mais il faut vite descendre du cloud. »
Jusque-là, le rugby ne l’intéressait pas vraiment. La discipline était pourtant bien ancrée au sein de la famille Barré. Le grand-père, Michel, avait été président du club de Versailles. Le père avait joué jusqu’aux Espoirs au Racing, où il avait notamment joué aux côtés d’un certain Thomas Lombard, aujourd’hui directeur général du Stade Français, avant de revenir au RC Versaillais. Mais ces atavismes familiaux n’avaient pas encore rattrapé Léo Barré. « J’étais éducateur au club de Versailles. Alors, il venait parfois avec moi sur le bord du terrain », se souvient Arnaud, son papa : « Mais quand je lui ai fait essayer, il n’a pas collé du tout. » A l’époque, le petit Léo pensait au karaté ou à l’équitation.
“Cliquez sur”
C’est finalement en Gironde qu’il rafistole la génétique familiale. Lorsqu’il était avec Louis, son frère aujourd’hui gardien de handball à Billère (Proligue), Léo venait passer des vacances à Gujan-Mestras, où ses grands-parents se sont installés en 2005. Michel Barré, alors éducateur au sein du club local, emmenait ses petits-fils à l’entraînement. « Ça a été le petit déclic, sourit Arnaud. « Jusque-là, il ne voulait pas », se souvient Michel qui, aujourd’hui âgé de 81 ans, ne travaille plus au sein de l’UAGM : « Je l’emmenais encore pendant les vacances de Pâques. Cela n’a pas pris le dessus sur Louis. Mais sur Léo, oui. « Je n’arrive pas à expliquer ce qui s’est passé », s’amuse Arnaud : « Mon père a simplement apporté le nécessaire. »
La nouveauté est devenue une habitude. Au retour de vacances, Léo prend une licence au club de Versailles. Le virus avait été inoculé. « Dès qu’il a pu regarder du rugby, il l’a fait », se souvient Arnaud : « Il me suivait très souvent à l’époque : quand je partais avec les moins de 18 ans ou les 16 ans, il prenait le bus avec nous. »
“C’est ce qui m’a permis de voir autre chose que la région parisienne, ce qui est déjà plutôt bien”
Et à chaque fois qu’il revenait sur les bords du bassin, l’escapade se conjuguait au rugby. « Il suivait ce programme de vacances entre 6 et 10 ans environ », murmure le grand-père : « Quand il a commencé à aimer ça, c’était le rugby matin et soir. Nous devions constamment jouer avec le ballon dans le jardin. Mes voisins me parlent encore des trous dans les haies. »
Gujan, le fil rouge
L’appétit du petit Léo ne se limitait cependant pas aux confins de la maison de ses grands-parents. Cela a fini par déborder sous les couleurs de Gujan-Mestras. « C’est souvent à Pâques ou à la Toussaint qu’il vient, sourit Michel : Mais c’est justement le moment où s’organisent les grands tournois, que ce soit à Biscarrosse ou à Saint-Médard-en-Jalles. Du coup, il en profite pour jouer avec le club alors même qu’il avait sa licence à Versailles. »
Léo Barré se souvient bien de cette époque. Avec le XV de France sur les épaules, le latéral en a encore parlé cette semaine à Marcoussis : « Cela a une importance énorme. C’est ce qui m’a permis de voir autre chose que la région parisienne, qui est déjà plutôt bien (sourire). Mais aussi de vivre un autre rugby. On a rencontré beaucoup d’équipes comme Toulouse ou Bordeaux, qu’on n’affronte pas en Île-de-France. Durant ces six années, où j’ai fait Gujan et Versailles, j’ai pu progresser davantage. »
Ces années ont nourri un profond attachement. « Léo a toujours aimé Gujan, souffle Arnaud. Le Bassin l’a cependant rendu. C’est en venant disputer un tournoi dans la cité ostréicole, sous les couleurs de Versailles en 2014, que Léo Barré est repéré par Massy. Le point de départ d’une trajectoire qui l’a mené chez les Bleus.
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