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Besançon. Mémoire de la ville ouvrière, la bibliothèque Rodhiacéta ferme ses portes

” Défense d’entrer “. Depuis un peu plus d’un mois, l’enseigne est apposée sur la porte de cette bibliothèque d’un autre temps, un local d’à peine 50 m², situé avenue du Chardonnet, à la place de l’ancienne Rhodiacéta, non loin de la friche artistique, à Besançon.

Depuis quinze ans, quelque 10 000 livres, documents, disques (vinyliques) et cassettes appartenant au comité de direction de l’ancien CE RPT Rhône Poulenc y sont installés. La bibliothèque date pourtant bien plus longtemps : 1966. « A l’époque, le bureau de lecture des cadres avait fait une dotation au CE pour qu’elle puisse être créée », raconte Annie Verdy, 79 ans, militante syndicale CFDT, quarante ans en les affaires. A cette époque, il y a plus de 3 000 salariés, de l’argent, beaucoup d’activité, un ferment culturel…

Le dernier Goncourt

Il y a les années riches – où la discothèque bibliothèque tourne à plein régime, accueillant les écoliers, fonctionnant, dès 4 heures du matin, pour s’adapter aux rythmes des 4X8 des ouvriers. Puis le déclin, les luttes, les plans sociaux, puis les reconversions. Fermée un temps, la structure, initialement implantée au sein même de l’entreprise, a rouvert ses portes à la fin des années 1980 dans le centre du quartier, puis dans différents lieux proches. Annie Verdy prend la direction, avec l’accord du CE. «Je lis beaucoup», sourit-elle. Ce n’est pas sa seule motivation : l’accès pour tous à la culture et la transmission en sont ses moteurs.

Il y a quinze ans, la Ville a racheté le terrain en friche. Et propose, pour l’euro symbolique, la mise à disposition des locaux actuels à l’association. C’était censé être temporaire : c’est devenu permanent.

L’endroit est exigu. Mais le lieu fonctionne, accueille les écoles, ouvre deux après-midi par semaine au public. Ils sont à ce jour 35 abonnés et membres : pour 6,5 € par an, ils ont accès à 33 chansons révolutionnaires, à l’intégralité de la série des Alice dans la bibliothèque verte, des centaines de livres historiques et régionaux et… les derniers prix Goncourt.

Car oui, ici, ce ne sont ni les Archives, ni un musée. Mémoire de la richesse ouvrière de la ville, la bibliothèque est vivante, actuelle, remplie de romans et de documents. Et ce, grâce au travail bénévole d’Annie Verdy qui, avec la subvention annuelle que la Ville alloue à l’association (1 000 €), les adhésions et les nombreux dons, parvient à faire fonctionner le lieu.

Le cadre en question

Rien à voir avec les fastes du passé, mais « il faut y croire ». Mais là, un coup dur. Décidés et financés par la mairie, propriétaire des lieux (qui accueillent également les sièges d’autres associations), les travaux s’annoncent compliqués. Plus long en tout cas que les deux mois initialement prévus. « Le choix a été fait de rénover la toiture afin de conserver le patrimoine de la Ville en bon état », explique Sandrine David Adoir, directrice de l’action culturelle, qui évoque un budget d’environ 80 000 €. “Mais lorsque les ouvriers ont ouvert, ils ont découvert une situation compliquée.”

De toute évidence, la structure, qui est vétuste, ne semble pas solide. Pas d’arrêté de danger, mais pour « sécuriser et protéger les personnes », le bâtiment n’est plus accessible au public. Difficile, voire impossible, de trouver un local de même taille, sur place ou plus loin, mais la Ville, par la voix de son adjointe à la Culture, Aline Chassagne, l’assure : elle n’abandonne pas la bibliothèque privée, « symbole » de la culture populaire. éducation et mémoire de la ville et de ses luttes : « Nous cherchons une alternative ».

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