Une élève de 14 ans a été tabassée devant son école à Frontignan en janvier dernier. Trois mineurs ont été présentés au tribunal le 13 mars 2024.
L’affaire a dépassé le cadre du collège Simone de Beauvoir de Frontignan, établissement devant lequel, le 8 janvier, un étudiant de 14 ans a subi un passage à tabac ultra-violent de la part d’une autre collégienne. La scène a été filmée, mise en ligne et diffusée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Les trois écoliers impliqués sont présentés au juge des enfants de Montpellier ce mercredi 13 mars.
Depuis l’attaque, “ce n’est pas facile, quelque chose a été détruit”confie pudiquement la mère de la collégienne de 14 ans. « Ma fille a beaucoup de mal à retourner en classe. Elle n’y va que le matin. Elle dort très mal », poursuit la mère (elle préfère rester anonyme) qui se sent impuissante face au traumatisme vécu par son enfant. Si la jeune fille de 14 ans s’est remise tant bien que mal de ses blessures physiques (2 jours d’ITT selon le coroner), même si ses migraines persistent, elle reste très affectée psychologiquement. D’autant plus que la collégienne connaissait déjà de grosses difficultés scolaires et vivait également difficilement le divorce de ses parents. « Nous sommes arrivés en fin d’année scolaire d’Alsace, dit la mère, pour ma fille, c’est très différent ici. Elle se cherchait aussi personnellement. Elle s’est rapprochée des mauvaises personnes et a été victime de harcèlement, puis sur le plan académique, ce n’était plus le cas. La famille a bénéficié du soutien d’une assistante sociale de l’Hérault. « pour nous aider à trouver des solutions, éviter l’échec scolaire ».
“Elle est laissée à l’état sauvage”
Et puis l’agression “comme une tornade” est venu bouleverser cet équilibre fragile. Sans parler de l’impact de la médiatisation vidéo. Le quotidien de la collégienne est devenu encore plus lourd, avec le sentiment de ne pas être accompagnée ni écoutée dans sa souffrance. « Ma fille est retournée à l’école une dizaine de jours après les faits, mais nous n’avons même pas été informés que les trois accusés avaient été expulsés. Ma fille l’a découvert dans un couloir. Ce n’est pas normal, « c’est quand même important de le savoir pour la victime. Nous n’avons reçu aucun appel de la direction de l’établissement, même pas pour nous rassurer ou préparer le retour en classe de ma fille. Elle est laissée à l’état sauvage. “
L’affaire a eu un fort impact sur les étudiants. « On en parle à l’école, à ma fille, certains viennent lui dire qu’ils ont été très choqués par ce qui s’est passé. Mais il n’y avait pas de cellule psychologique ni de débriefing au sein de l’établissement », regret la mère de la victime.
« Reconnaissons que ce sont des faits graves »
Cette dernière est bien entendu liée aux enseignants. “Ils comprennent la situation mais on nous répète sans cesse que l’école est obligatoire, donc que ça se passe bien ou pas, ce n’est évidemment pas leur problème.” La mère a demandé au rectorat l’enseignement à domicile pour sa fille. « On m’a dit qu’il faudrait des mois pour l’obtenir, donc je ne sais pas si ce sera possible cette année. D’ici là, j’espère que ma fille ne connaîtra pas un échec scolaire total.”.
“La situation est suivie avec une attention particulière” indique le rectorat de Montpellier
Contacté, le rectorat de Montpellier a indiqué que « la situation de cet étudiant fait l’objet d’un suivi avec une attention particulière de la part des services de l’Éducation nationale (…). Dès la violente agression dont l’étudiant a été victime, des conseils de discipline ont été immédiatement convoqués et deux étudiants ont été définitivement exclus de l’établissement et une cellule locale d’accompagnement et de soutien a été immédiatement mise en place tant sur le plan pédagogique que sur le plan médico-social. niveau scolaire pour favoriser son retour à l’école. Cette unité est cependant confrontée à l’absentéisme scolaire de cet élève, absentéisme qui préexistait avant l’attentat et pour lequel toute la communauté éducative s’est mobilisée dès les premières absences. Le 13 novembre 2023, une information inquiétante est faite aux services sociaux. Depuis, la situation de cet élève est suivie à intervalles très réguliers au sein du groupe de prévention du décrochage scolaire chargé de prévenir l’absentéisme, en assurant le lien avec tous les services dont ceux du département.
Le procès qui aura lieu ce mercredi 13 mars est une nouvelle épreuve pour la jeune victime et sa famille, qui ne bénéficient d’aucun soutien psychologique. « On vient de nous dire au commissariat qu’il fallait aller au tribunal de Montpellier, mais c’est tout. Ma fille va se retrouver face à ses agresseurs, c’est très compliqué pour elle », témoigne la mère qui attend une réponse de l’aide judiciaire. Qu’attend-elle du procès ? “Reconnaissons qu’il s’agit de faits graves et que le préjudice psychologique soit pris en compte.”
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