– Un restaurant visé par une enquête parce qu’il refuse de louer des skis aux juifs
L’établissement, situé dans le domaine skiable de Pischa, ne loue plus de matériel sportif à une clientèle juive. La police a ouvert une enquête.
Publié aujourd’hui à 15h42
Davos est une station balnéaire populaire auprès des touristes juifs orthodoxes. Mais une pancarte, affichée dans un restaurant du domaine skiable de Pischa, sème actuellement la consternation au sein de la communauté. L’affiche informe, en hébreu, que les clients juifs ne sont plus autorisés à louer du matériel sportif.
Député de la ville de Zurich et lui-même de confession juive, Jehuda Spielman (PLR) a publié une photo de l’affiche sur X (anciennement Twitter) pendant qu’il traduisait le texte. On peut lire : « Suite à divers incidents très malheureux, dont le vol d’un traîneau, nous ne louons plus de matériel de sport à nos frères juifs. Cela concerne tous les équipements sportifs comme les luges, les airboards, les skis et les raquettes. Nous vous remercions pour votre compréhension.”
La Fédération suisse des communautés juives (FSCI) est consternée. Le secrétaire général Jonathan Kreutner, en vacances à Davos, qualifie cette affiche de « choquante et clairement discriminatoire ». La FSCI a l’intention de porter plainte pour violation de la norme pénale contre le racisme. « De telles généralisations vont trop loin », estime Jonathan Kreutner. Et d’ajouter : « Je comprends que certaines personnes ne se sentent plus les bienvenues à Davos. »
La police cantonale des Grisons a déjà ouvert une enquête sur des soupçons de discrimination et d’incitation à la haine, a expliqué son service de presse à l’agence de presse ATS.
“Rien à voir avec la foi”
De son côté, le restaurant d’altitude Pischa s’est justifié dans un communiqué écrit. « Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Nous devions faire ces expériences quotidiennement. Selon l’établissement, il est déjà arrivé que des clients juifs voulaient louer des traîneaux en chaussures de ville, pour ensuite les abandonner à Pise et alerter les services d’urgence même s’ils n’étaient pas blessés. « Nous ne voulons plus courir le risque qu’un jour ou l’autre, l’un de ces clients ait un accident grave et nous demande des comptes. »
Mais ce ne sont pas seulement des problèmes de sécurité qui ont poussé le restaurant à prendre cette décision. L’établissement attire également l’attention sur le fait que certains luges et airboards ne sont plus restitués, ou sont dans un état défectueux. De plus, « les meilleures places en terrasse ou au restaurant sont occupées par les pique-niqueurs ».
“Si certains groupes de touristes ne veulent pas respecter les règles minimales de bienséance du pays d’accueil, c’est leur problème.”
Gérants de restaurants
Cela amène donc les restaurateurs à la conclusion suivante : « Si certains groupes de touristes ne veulent pas respecter les règles minimales de bienséance du pays d’accueil, c’est leur problème. […]. Le fait que nous ne voulions plus les louer n’a rien, absolument rien à voir avec la foi, la couleur de la peau ou les tendances personnelles, mais seulement avec le fait que nous ne voulons plus de ces discussions et frictions quotidiennes.»
En attendant, le restaurant d’altitude a totalement arrêté la location de matériel de sport, comme il l’a annoncé ce lundi après-midi.
“On prend ses distances avec cette affiche”
Ce n’est pas la première fois que Davos fait la une des journaux en raison de ses relations avec des clients juifs orthodoxes. L’été dernier, le directeur de Davos Klosters Tourismus, Reto Branschi, a mis fin à un projet de dialogue avec la Fédération suisse des communautés juives, qui visait à assurer une compréhension mutuelle entre les touristes juifs et les habitants de la région.
Reto Branschi avait dénoncé à l’époque les détritus, le non-respect des interdictions de circulation et le piétinement des prairies. Selon lui, ce type de comportement suscite le mécontentement des résidents, des invités et des autres visiteurs.
Reto Branschi se distancie cependant de la récente affiche de Pischa. Selon lui, c’est mal formulé. «Ce n’est pas dans l’esprit de la destination Davos Klosters. Nous nous distançons de cette affiche», déclare le directeur de Davos Klosters Tourismus.
« Une toute nouvelle dimension »
En septembre dernier, Reto Branschi avait annoncé la création d’une task force avec la FSCI. Mais selon Jonathan Kreutner, cela n’a abouti à rien : « On ne peut pas parler d’une task force. Cependant, une médiation est en cours, dans le cadre de laquelle des discussions ont également lieu avec nous.» Le secrétaire général de la FSCI se demande néanmoins « dans quelle mesure Davos souhaite réellement accueillir des invités juifs ». L’affiche Pischa représente, selon lui, « une toute nouvelle dimension ».
Reto Branschi assure de son côté que la task force est bien intervenue. Sa direction a d’abord dû régler beaucoup de choses. Des dates possibles pour de nouvelles discussions ont été fixées. Le dialogue continue donc. Mais des incidents comme l’affiche au restaurant d’altitude ne facilitent pas l’échange, concède-t-il. “Ils montrent aussi que le dialogue est absolument nécessaire.”
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