C’est l’accusé qui soulève sans doute le plus de questions. Fils de bonne famille, élevé confortablement à Mougins, Loïc R., dont le père est un éminent neurochirurgien dévoué à ses patients, n’aurait jamais dû figurer dans un tel dossier pénal. Pas le profil, comme le disent habituellement les enquêteurs. Cependant, sa passion pour l’automobile l’a amené à en être l’un des principaux instigateurs. Et il est en détention préventive depuis plusieurs mois.
“C’est un garçon très intelligent, mais il vit dans un monde parallèleconfie Me José-Marie Bertozzi, qui défend le jeune homme en compagnie de Me Muriel Roncaglia, avocate pénaliste au tribunal de Paris. Depuis tout petit, sa passion pour les voitures frôlait l’addiction. Il rêvait de devenir pilote de Formule 1 et a toujours été attiré par ce monde. »
Un milieu automobile, où il aura sans doute croisé la route de Christophe Fruchart. Plusieurs mois avant les événements, Loïc R., « capable de démonter une Ferrari et de la remonter pièce par pièce », aurait travaillé pour le vendeur de voitures de luxe. Mais les deux hommes seraient partis en mauvais termes, car Loïc n’aurait pas “n’a pas été payé pour des travaux effectués sur une Lamborghini destinée à la revente”, affirme l’intéressé. Une version que l’instruction doit confirmer ou infirmer.
Une dette hypothétique, “environ 200 000 euros”ce qui s’avérera fatal.
« Des pieds nickelés, pas des pros de la mafia !
Car Loïc, qui bénéficie de la générosité financière parentale, serait aussi “à la tête d’une chaîne alimentaire”, composé de plusieurs de ses relations. Son ami d’enfance proche, Thomas C., dont l’allocation pour adulte handicapé ne suffit pas toujours à payer le loyer. Mais aussi Gaël S., un quinquagénaire dont le profil de voyageur-aventurier a fait ses preuves, a sans doute séduit Thomas. Lorsque « le Vénézuélien », comme on surnomme parfois Gaël S, propose d’acheter et d’exploiter une concession minière en Amérique du Sud, le cycle fatal s’enclenche.
Argent? Elle serait retirée à Christophe Fruchart, après enlèvement et séquestration. “Loïc estime que ce dernier ne portera pas plainte à la fin de l’opération, car il est à la tête d’un garage fantôme et lui doit une grosse somme”dit M. Bertozzi.
Enzo G, » présenté comme un spécialiste de la récupération alors qu’il est un mauviette. Il n’a vraiment pas le profil”, aurait alors été recruté par Gaël S., son ancien beau-père.
Mais l’expédition tourne au désastre, et se solde par la mort de la victime. En seulement 24 heures, les gendarmes de Valbonne puis de Cannes ont identifié les suspects et arrêté trois d’entre eux sur quatre..
Le dernier, extradé du Venezuela “où l’arrestation s’est très mal passée”, est jusqu’ici resté silencieux. “Il a eu l’idée d’y exploiter une concession minière, où il travaille régulièrement, mais pour l’instant, il n’a pas confirmé la nature de son éventuelle implication dans l’affaire pénale”précise son avocate Me Audrey Delas.
Pour son collègue, Me Bertozzi, cet étrange quatuor n’avait absolument pas le niveau pour monter une telle opération.
« Nous n’avons vraiment pas affaire à des professionnels de la mafia. Ce sont des gens plutôt aux pieds nickels, qui n’ont pas pris conscience de la gravité des faits. Lorsque la machine a décollé, ils ont été complètement dépassés par les événements et leurs conséquences tragiques. »
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