l’essentiel
De Bondy en Seine-Saint-Denis à Laujuzan dans le Gers, le chemin a été long mais le parcours musical a été fulgurant pour Mickael Montes alias Bobby Buntlack. Le rappeur qui s’est produit aux côtés de JoeyStarr devant 45 000 personnes est désormais basé dans le Gers. Rencontre.
Son nom ne vous dit peut-être rien, mais à 46 ans, Mickael Montes alias Bobby Buntlack a de quoi rendre nostalgique toute une génération de puristes et de fans de hip-hop. Ancien membre du groupe « FatCap », le rappeur, désormais installé dans le Gers, s’était fait une place à l’époque des punchlines bien tournées sur fond de boîte à rythmes, dans le célèbre label « BOSS » d’un un certain Didier Morville alias JoeyStarr.
Mickael Montes, actuellement commercial en informatique, a fait un véritable et insolite saut en s’installant en 2016 à Laujuzan, près de Nogaro en campagne et loin de Bondy où il a grandi.
Du graffiti à la rime : la naissance de FatCap
Avant d’arriver dans les paysages gersois, Mickael Montes a vécu le quotidien des villes du Nord Bondy. Bercé dès l’adolescence dans la culture rap au moment de son importation américaine, il s’immerge et suit l’ascension fulgurante des grands noms du milieu comme NTM, Dee Nasty, Lionel D. « Nous avons tous été pris dans ce tourbillon de hip-hop. sautez dans le quartier », dit-il.
Vers 1994 et aux côtés de son meilleur ami il fonde le groupe « FatCap ». Un début dans les paroles “une histoire de galère dans le quartier, de tenir les murs en faisant des petits freestyles à la MJC quand certains avaient des micros”, se souvient-il.
L’idée en tête : tuer l’ennui. Entre deux séances de freestyle, des jeunes de banlieue se sont aussi retrouvés dans la rue, bombe de peinture à la main. Les pionniers se souviennent des marques délébiles, signées « Lady V ». Mickael Montes n’est pas de cette génération. Il arrive lors de celui qui suit.
« Le nom du groupe vient aussi de ça ! Nous avons longtemps cherché le nom des grosses astuces nécessaires pour faire du gros graffiti : FatCap !
Courir, payer, finir en garde à vue : l’adrénaline portée par ce nouvel art s’essouffle. Le jeune Mickael se tourne vers la musique. « On commençait déjà mais, très vite on a eu envie d’aller en studio, trouver des plans de compilation etc… » De fil en aiguille, les deux membres de FatCap se sont retrouvés à traîner dans des soirées hip-hop.
“Au début, on y allait pour les filles, puis ça n’a pas marché, donc on est allé voir les groupes de rappeurs et avec le carnet d’adresses, ça marchait beaucoup mieux !”, plaisante Mickael. Plus tard, grâce à ces nouveaux liens qui se nouent, Bobby Buntlack rencontre DJ Spank, connu pour ses productions avec Suprême NTM et de nombreux réalisateurs tels que Besson, Chabat et Langmann.
Le point culminant : BOSS
En 1996, FatCap a l’occasion de figurer sur une compilation : Hostile Hip. Anthologie du houblon. Sur ce premier volume, des artistes dont plusieurs générations se souviennent inévitablement des noms. Parmi lesquels : Akhenaton, Polo, Aktivist, Arsenik, Lunatic, 113 et bien d’autres.
Mickael et son acolyte présentent « Adrénaline », présente sur ce deuxième disque. Deux ans plus tard, un certain Joey Starr et Dj Spank lancent leur collectif, baptisé « BOSS » pour « Boss Of Scandalz Strategyz », dans lequel apparaît le groupe FatCap.
En 1999, un feat avec JoeyStarr sur le titre « Comme chaque été » propulse le groupe sur les ondes de Skyrock durant la saison estivale. « On parle de l’été en ville, c’est notre première apparition à la radio nationale », se réjouit Mickael. Le label progresse et les projets se succèdent jusqu’à la sortie du film « Yamakasi » en 2001.
“Joey et Spank ont réuni des artistes pour le thème et nous avons pu poser sur le titre “Comme des fous” qui était inséré dans le film et dans un album”, raconte Mickael. En 2002, le groupe se réunit pour interpréter le titre sur scène devant 45 000 personnes au Stade de France pour le premier concert « Urban Peace », aux côtés de Psy 4 de la rime, Ärsenik et de la Fonky Family. “Nous étions heureux de vivre ce moment, c’est comme si vous jouiez dans un city stade du quartier et qu’on vous proposait de jouer au Stade de France.”
De la ville à la campagne
Le label s’essouffle rapidement et les artistes quittent le collectif. FatCap emboîtera le pas. La musique ne s’arrête pas pour autant. Mais sans l’aide d’un label, c’est difficile de vendre. « On a mis le rap entre parenthèses pendant un moment, raconte Mickael. Mais rencontrer sa compagne actuelle va l’amener à devoir s’organiser. « Nous nous sommes d’abord installés à Aire sur L’Adour avant de trouver une maison à Laujuzan non loin de Nogaro. »
Evidemment, les mentalités sont différentes, Bondy et Laujuzan sont différents. Le rappeur de Seine-Saint-Denis devait se faire une place dans un nouvel environnement. Une évolution qu’il exprime subtilement dans son album « Insane Asylum » récemment sorti, disponible sur plateformes et en CD. “On s’adapte, ce n’est pas un problème, mais on ne perd pas nos origines.”
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