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Les cadeaux onéreux de Valérie Pécresse aux lycées privés d’Île-de-

Comme Stanislas – « Stan », en abrégé – le lycée privé Sainte-Geneviève, à Versailles, porte son petit surnom : « Ginette ». Son usage distingue les initiés ; il s’inscrit jusque dans les communications de cet établissement très chic sous contrat avec l’État, installé sous les arcades désormais vitrées de l’ancien couvent des Sœurs du Cénacle.

Le lycée, fondé par les jésuites, se targue de compter parmi ses élèves de nombreuses personnalités issues de l’élite économique, culturelle et politique. Parmi eux, Valérie Pécresse, la présidente droite du conseil régional d’Île-de-, a arpenté ses travées brillantes. Coïncidence?

Des subventions « accordées à titre discrétionnaire »

En 2023, « Ginette » s’est vu attribuer par la région, au-delà du forfait scolaire de jour prévu par la loi, une confortable subvention pour financer la construction d’un deuxième gymnase sur le terrain de son vaste parc arboré : 949 000 euros. Une des plus grosses enveloppes, parmi l’ensemble des subventions accordées à 138 lycées privés pour des travaux de sécurisation, de mise aux normes, de rénovation et d’extension – montant total : 12,5 millions d’euros d’argent public.

Le programme « Participation à la rénovation et à l’équipement des lycées privés » étant insuffisant pour assurer ce financement, l’exécutif régional a dû procéder à un tour de passe-passe, en mobilisant la ligne budgétaire dédiée à la rénovation des lycées publics. Une mesure purement technique, élude l’entourage de Valérie Pécresse : « La gestion budgétaire courante nécessite des transferts permanents de crédits entre lignes budgétaires. »

« Scandale politique ! » proteste l’opposition. Ces subventions purement facultatives sont « accordé sur une base discrétionnaire »dénonce en outre Céline Malisé, présidente du groupe de la Gauche communiste, écologiste et citoyenne au conseil régional d’Île-de-France, regrettant qu’elles ne soient pas conditionnées « ni à l’indice de position sociale (IPS, qui mesure le recrutement social des étudiants – NDLR)ni à l’absence d’excédents budgétaires de ces établissements privés ».

La majorité de droite assume, en réponse à « financer les dépenses d’investissement des établissements sous contrat au-delà de l’obligation de financer le contrat d’école de jour prévue par le Code de l’éducation »et compare les sommes mobilisées dans ce sens aux “Le budget des lycées publics (qui) est de l’ordre d’un milliard d’euros alors que la gauche en a dépensé la moitié”.

Pas question de toucher aux subventions de Stanislas

Elle a toutefois reculé devant le scandale provoqué l’an dernier par la ponction sur le fonds de roulement des lycées publics : 16 millions d’euros au total prélevés sur les économies que ces établissements conservent pour faire face aux imprévus. Cette pratique inédite, qui avait davantage touché les lycées des banlieues défavorisées que ceux des quartiers huppés, avait épargné les lycées privés.

Résultat : les dépenses régionales consacrées au forfait scolaire de jour – obligatoirement versées aux établissements privés – avaient dépassé, par élève, la dotation globale de fonctionnement versée aux lycées publics. Pour 2024, l’exécutif régional a fini par y renoncer.

Pas question pour autant d’inverser le financement public alloué au lycée privé Stanislas, où la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, scolarise ses enfants. Et ce, malgré des informations qui ont amené le parquet à contacter le 5 commissariat.e et 6e districts d’une enquête pour « injure publique et incitation publique à la haine ou à la violence en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre ». En 2022, avec 1,3 million d’euros, Stanislas a été le premier bénéficiaire du forfait externat attribué par la région.

Sur le budget 2023, elle bénéficie – comme « Ginette » – d’une subvention supplémentaire, facultative : 487 000 euros pour financer la rénovation de deux ascenseurs, l’installation d’une centrale de traitement d’air pour une salle de bain. études, la création d’une cour et la rénovation des chambres et des salles d’eau de l’internat.

Céline Malisé, à l’origine du dernier signalement au parquet, demande la suspension de ces subventions. Réponse écrite de James Chéron, vice-président chargé des lycées : « Nous n’avons aucune information selon laquelle l’Éducation nationale ne maintiendrait pas le contrat d’association avec l’établissement. La région Île-de-France répond donc à son obligation légale. » L’élu de gauche, qui multiplie depuis deux ans les alertes sur Stanislas, regrette, “une passivité qui confine à la complicité”.


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