Deux jours après la découverte du corps de Dylan, un adolescent tué d’une balle dans la tête, neuf personnes sont actuellement interrogées par la police judiciaire de Toulouse. Ce meurtre est lié à un petit réseau de proxénétisme.
C’est une histoire qui s’est répétée inlassablement ces derniers mois. Des adolescentes isolées se prostituent sous la houlette de garçons à peine plus âgés. Ces « proxénètes de la ville » promettent de les loger et de les protéger contre une partie des gains. Ce samedi, quartier Bonnefoy, à Toulouse, tout s’est terminé dans un bain de sang.
Dylan, un garçon de 15 ans, est mort d’une balle dans la tête alors qu’il tentait de défendre l’une des jeunes filles placées sous sa protection. Le tireur, âgé de 17 ans (!), s’est dénoncé dimanche soir, avant d’être placé en garde à vue. Il est actuellement interrogé par les enquêteurs de la police judiciaire, assistés de ses avocats, Mes Alexandre Parra-Bruguière et Jocelyn Momasso-Momasso.
Approché par des filles
Tout aurait commencé fin 2023. A cette époque, des filles en fugue ou isolées posaient leurs valises à Toulouse. Après avoir parcouru la France, ils sont perdus et craignent de se retrouver à la rue. Au cours de leur périple chaotique à travers la Ville rose, ils rencontrent très vite des « amis », qui leur vantent les mérites de la prostitution. Une façon de gagner beaucoup d’argent en peu de temps. « En général, ils se laissent cajoler. Le deal est simple : dans un premier temps, ils offrent des faveurs sexuelles et partagent les bénéfices avec des protecteurs qui gèrent les réservations et la sécurité. Puis, au bout de quelques mois, ces jeunes femmes recrutent à leur tour dans l’actualité pour qu’elles travaillent sous leur contrôle », confie un enquêteur, habitué à démanteler ces réseaux clandestins.
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Quelques jours plus tard, début janvier, ils sont enfin convaincus par les habitants des villes situées au nord de Toulouse. Ces petits délinquants âgés de 15 à 18 ans les prennent en photo avant de diffuser les annonces sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres. Ensuite, ils réservent un appartement pour quelques jours sur Airbnb, quartier Bonnefoy à Toulouse. Le message est clair : ceux qui souhaitent coucher avec leur protégé doivent s’y rendre et payer avant la prestation. « À l’époque, ce type de trafic était généralement la spécialité des personnes originaires d’Europe de l’Est ou d’Afrique. Mais maintenant, tout le monde s’y met. Cela peut rapporter de gros profits», confie ce spécialiste.
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Neuf personnes en garde à vue
Cette semaine, de nombreux clients ont répondu favorablement à l’annonce. Une clientèle souvent très jeune malgré les tarifs pratiqués. Selon le temps passé avec ces prostituées, certaines paient entre 300 et 1 000 € pour une nuit entière. Une grande partie de cette somme est redistribuée au réseau. « Les filles ne gagnent, au maximum, que 50 euros par jour », assure un policier.
Ce samedi, le tireur a voulu voler ce butin. Il s’est faufilé dans une chambre avant d’exhiber son pistolet. Dylan, l’un des membres de l’organisation, chargé de la sécurité, a voulu l’arrêter à l’aide d’un Taser. Lors de cet affrontement, cet agent de sécurité a finalement été tué. Et dans la confusion, le meurtrier s’est immédiatement enfui.
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Au lendemain des faits, se sentant très menacé par les amis de la victime, le suspect a finalement décidé de tout raconter à la police. Agitait-il pour le compte d’un autre individu ? C’est une question qui est actuellement étudiée par les forces de l’ordre. Il faudra attendre mercredi, et son inculpation, pour en être sûr. Entre-temps, deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet. L’un pour « homicide », l’autre pour « proxénétisme aggravé ». Ce lundi, 9 personnes étaient encore en garde à vue pour cette affaire.
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