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En Bretagne, l’embauche de réfugiés plus controversée que jamais

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Des réfugiés russes et ukrainiens suivent une formation à Auray. À GAUCHE GULNARA ET À DROITE ALLA GULNARA EST UN BASHKIR RUSSE ET COMPTABLE PAR PROFESSIONNEL. ALLA EST UKRAINIENNE ET INGÉNIEUR LA PHOTO EST PRISE AU CENTRE DE FORMATION AFPA D’AURAY CAR ALLA ET GULNARA Y ALLENT

Un temps, le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, envisageait d’organiser une visite, en octobre, à la conserverie La Belle-Iloise, à Quiberon (Morbihan), à l’extrémité de la presqu’île du même nom. L’examen du projet de loi « immigration » a débuté au Sénat et il a ainsi voulu démontrer la pertinence du fameux article 3, qui prévoyait la régularisation des sans-papiers dans des métiers en tension., convaincu, comme il a déclaré le 12 septembre que “La réindustrialisation de la France ne se ferait pas sans l’immigration”.

La Belle-Iloise était a priori un bon exemple : l’entreprise a formé, de 2019 à 2021, des groupes d’une dizaine de réfugiés – ayant déjà obtenu des papiers – pour devenir opérateurs de production. L’apprentissage du français et un stage immersif ont permis à la majorité d’entre eux de travailler comme saisonniers, voire de poursuivre sur un contrat plus long. Mais il n’y aura finalement pas de visite ministérielle. La Belle-Iloise refusera d’expliquer pourquoi, se contentant de répondre que le sujet est « brûlant ».

L’entreprise ne le dira pas officiellement, mais un article de Ouest de la France daté de 2021 lui a laissé de très mauvais souvenirs. Cependant, il a décrit son programme d’intégration modèle en termes bienveillants. Sauf que la publication a suscité des centaines de commentaires haineux sur les réseaux sociaux. «On fait moins pour les sans-abri», «Combien de Français au chômage [sic] nous nous sommes entraînés ? », « Avec 10 millions de pauvres en France, n’importe quoi »… Un florilège qui a marqué les acteurs proches du dossier : la mission locale ainsi que le centre de formation.

De nombreux dispositifs en place

Le cas de La Belle-Iloise n’est pas unique : de plus en plus d’industriels bretons ont recours à la formation de migrants pour compenser le manque de main d’œuvre, mais refusent d’en parler ouvertement de peur de susciter des inquiétudes. réactions violentes. Avec un taux de chômage de 5,8 % au deuxième trimestre 2023 – le deuxième taux régional le plus bas de France – la région est particulièrement touchée par la pénurie de main d’œuvre : 462 000 postes seraient à pourvoir dans la région. d’ici 2030 dans tous les secteurs, selon le ministère de l’Économie.

Kodiko, Sésame, Melting Breizh… Les dispositifs d’insertion par l’emploi se sont répandus au fil des années dans le territoire, soutenus par diverses institutions : missions locales, Pôle emploi, associations pour l’emploi. Responsable du programme HOPE de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes de Bretagne et de Loire-Atlantique, Lionel Frein met en relation les entreprises en difficulté et les réfugiés pour des formations professionnelles avec des cours de langues. «Quand il a été lancé, en 2017, c’était une expérimentation, avant tout pour libérer des places d’hébergement», note-t-il.

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