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Meurtre de Garges : accablé par les témoignages aux assises, l’assassin présumé dénonce « un complot »

Il a toujours nié avoir tiré sur Alsény, un homme de 31 ans, tué de 9 ou 10 balles dans sa Twingo, au coeur du quartier de la Muette, à Garges (Val-d’Oise), en janvier 2020. Hakim J ., 29 ans, n’a pas changé sa version ce jeudi devant la cour d’assises du Val-d’Oise lors de son interrogatoire sur les faits. “Je n’ai rien à voir avec cette histoire”, a encore clamé celui qui est jugé depuis mardi pour récidive de meurtre, après avoir déjà été condamné en 2016 pour tentative de meurtre.

Pourtant, depuis l’ouverture de son procès, les charges se multiplient contre lui. Mercredi, trois témoins sous X ont déposé anonymement, par crainte de représailles. Deux d’entre eux ont une nouvelle fois formellement désigné Hakim comme le tireur, « à 100 % » pour l’un d’eux, le troisième confirmant les propos d’un habitant qui, quelques minutes après la fusillade, place Mandela, lui avait donné le nom du tireur, Hakim, et de la victime, « Kiki », surnom d’Alsény.

Des témoins qui confirment les éléments recueillis par les enquêteurs de la police judiciaire, notamment le témoignage de l’automobiliste qui se trouvait juste derrière la Twingo de la victime et qui se trouvait au premier rang des lieux.

«Ils essaient de me faire du mal, de me faire prendre la responsabilité»

« C’est ça qui est un peu bizarre. Tout le monde est très spécifique contre moi. Tout est contre moi, il faut arrêter, ce n’est pas moi», a réagi l’accusé à l’accumulation des charges ce jeudi après-midi, dénonçant une enquête menée selon lui uniquement contre le parquet. « Les témoins sont une conspiration. Je ne sais pas d’où ça vient, les gens essaient de me faire du mal, de me faire prendre la responsabilité. Je n’ai vraiment rien à voir avec cette histoire. » Sa seule explication : « Il y a des gens qui m’en veulent et qui m’ont menacé. Je ne peux pas vous dire qui, parmi les gens du quartier, dans un clan, il y a des rivalités à propos de la drogue… Ma famille est menacée. »

Parmi les charges retenues contre l’accusé figurent également les déclarations de ses propres parents. Son père comme sa mère, lors de deux déclarations ponctuelles, ont assuré qu’il était présent à leur domicile le dimanche et le lundi des faits, qu’il est parti à 19 heures pendant dix minutes et qu’ils ne l’ont plus revu. . Hakim avait affirmé être au Mans (Sarthe), sans grande précision de son côté.

“Mes parents font une erreur”, a-t-il assuré devant le tribunal ce jeudi. Plus tôt, son père, à la barre, avait tenté de ne pas l’incriminer mais avait fini par confirmer les propos tenus lors de son audition. « C’est télécommandé, Madame », assure le père au président de la cour d’assises. « Dans les quartiers, c’est plus fort que dans toutes les familles. Nous le forçons », dit-il, ajoutant qu’il ne peut pas parler : « Il sait ce qui va se passer ensuite… »

Extraits du compte Facebook de l’accusé. Capture d’écran

La cour d’assises est également revenue sur son compte Facebook, qu’il a notamment alimenté depuis la prison entre 2014 et 2018. Compte où il multiplie les messages agressifs, à l’image de la photo d’Al Pacino dans “Scarface” en tête de son compte. « Mon Glock va vous mettre à genoux », ou encore « ceux qui poukaves ne sont pas faits pour ce métier MDR »… « On a le sentiment que vous voulez vous imposer par la force… », constate le président. “Je ne menace personne, ce sont des phrases de rappeurs”, répond-il.

La famille de la victime veut « juste comprendre »

Du côté des parties civiles, il y avait peu d’illusion sur la volonté de l’accusé de reconnaître ses actes, de présenter une explication. Me Sandy Corler, qui assiste la famille d’Alsény, a souligné devant le tribunal à quel point ils « voulaient juste savoir, comprendre, voulaient juste des mots et n’obtiendront rien ». Parlant également d’une mère « qui voulait le ramener en Guinée pour qu’il puisse fuir le quartier » et qui « ramenait un corps criblé de balles entre quatre planches ». « Une mère sans haine, qui a trouvé la paix avec Dieu et ses proches. »

L’avocat n’évite pas le passé de la victime. « Cet homme n’était pas un saint. Peut-être un trafiquant. Il avait réglé ses dettes auprès des tribunaux. Quelles que soient les erreurs, les mauvais choix d’Alsény, personne n’avait le droit de prendre la vie de ce fils. La loi de la jungle n’a pas sa place à Garges. »

Le procès se poursuit ce vendredi avec les réquisitoires de l’accusation suivis des plaidoiries de la défense, le verdict est attendu dans la journée.

 
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