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Un propriétaire condamné pour avoir expulsé sa locataire de 81 ans sans préavis et volé ses biens

l’essentiel
Cette retraitée loue un logement à Gaillac depuis 11 ans. Il n’a pas pu rentrer chez lui pendant la nuit et n’a pas pu récupérer toutes ses affaires. Le propriétaire maladroit vient d’être condamné par le tribunal correctionnel d’Albi.

Il a quitté son domicile à Gaillac dans la journée du 12 avril 2021 pour se rendre à un rendez-vous. Mais ce retraité de 81 ans n’a jamais pu y remettre les pieds. Et pour cause : à son retour, la propriétaire du logement avait pris possession des lieux, avant de changer les serrures.

Pourtant, les deux se connaissent bien. Le retraité vivait depuis 11 ans dans ce logement construit par un couple de propriétaires, aujourd’hui séparés et en instance de divorce, avec qui il avait noué des amitiés. Il n’y a jamais eu de bail écrit, mais un simple contrat oral. Et les paiements de loyer chaque mois.

Le jour de son « expulsion », la propriétaire, 57 ans, s’est présentée avec une valise et a emménagé elle-même dans le logement. Le retraité a trouvé refuge chez sa fille, qui vit également dans le Tarn. Mais il n’a pas pu récupérer toutes ses affaires. Le tribunal a été saisi et à l’issue de l’enquête, le propriétaire a été jugé le 7 septembre par le tribunal correctionnel d’Albi pour vol et « manœuvre, menace, voies de fait ou contrainte en vue d’obliger une personne à quitter son lieu d’habitation ».

Face aux magistrats, la prévenue a indiqué que son locataire n’avait pas payé le loyer depuis trois mois. Elle a répété à plusieurs reprises qu’elle ne l’avait pas mis à la porte, qu’elle lui avait simplement proposé « une colocataire » parce qu’elle traversait une « mauvaise passe ». “Je n’avais pas d’autres solutions.” Selon son avocat, Me Saurat, c’est à cause des « menaces » de son mari, riche entrepreneur de la région toulousaine, qu’elle a changé les serrures.

Quant aux biens de sa locataire, la prévenue assure qu’elle les a toujours gardés « à sa disposition ». Le retraité affirme au contraire avoir tenté à plusieurs reprises de les récupérer mais que le propriétaire a fait la sourde oreille. “Elle ne répondait plus à moi ni à mes enfants.” Présent en fauteuil roulant au tribunal suite à une opération récente, il explique qu’elle a laissé quelques cartons devant la maison ou sur le trottoir et qu’il lui manque encore de nombreux effets personnels, comme sa collection de 400 disques vinyles de jazz. , dont certains sont annotés ou dédicacés par leurs auteurs. “Nous n’en avons trouvé que 176.”

Interrogée par le président Arrial sur sa situation personnelle, la prévenue a indiqué qu’elle était actuellement « au chômage ». Très présente sur les réseaux sociaux, elle s’est néanmoins reconvertie vers la « massothérapie énergétique » après de nombreuses années passées comme adjointe de direction de son mari. Selon son site Internet dédié, elle propose ce mois-ci des formations à Gaillac mais aussi à Paris et Marrakech.

« Mauvaise foi flagrante »

La vice-procureure Murielle Costa a souligné dans ses réquisitions « la mauvaise foi flagrante » du prévenu lors de l’instruction. Ce dernier a nié le fait même d’avoir un locataire. Lors de la perquisition effectuée en janvier dernier dans la maison, les enquêteurs ont retrouvé certains effets personnels du retraité. Elle leur a alors assuré qu’ils étaient à elle, qu’elle avait acheté les mêmes. Les gendarmes ont également retrouvé certains disques de jazz chez sa sœur à Niort.

Le tribunal l’a reconnue coupable des faits reprochés et l’a condamnée à une peine de 8 mois de prison avec sursis de 2 ans, comprenant l’obligation de travailler et d’indemniser la victime.

 
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