Au milieu d’un brouillard national, le conseil départemental de l’Indre a tenté, ce vendredi 17 janvier 2025, de poser des repères de stabilité. À l’ordre du jour : le vote du budget initial 2025. Un « gros bébé » de 312 millions d’euros, en hausse de 6% par rapport à l’an dernier, destiné à rassurer les citoyens et poursuivre la modernisation du territoire. La majorité départementale en a fait un symbole de « un pragmatisme ambitieux ». L’opposition, de son côté, souligne un manque de dynamique.
« Un engagement au-delà du minimum attendu »
« Là où certains reculent, nous avançons »» a clamé Marc Fleuret, président du Département, défendant une « budget pragmatique et responsable ». Les chiffres avancés sont vertigineux : 78 millions d’euros d’investissements (+19%, par rapport à 2024) et 234 millions d’euros de dépenses de fonctionnement (+3%). Près de 164 millions sont consacrés à la solidarité humaine, soit 70 % des dépenses de fonctionnement. Mais la majorité martèle un message : chaque euro est pesé pour maintenir l’équilibre financier du Département.
Solidarité et infrastructures : les deux piliers
A l’épicentre de ces dépenses donc : la solidarité humaine. Une enveloppe de 29 millions d’euros est dédiée aux enfants et aux familles, 44 millions d’euros aux personnes âgées, 36 millions d’euros aux personnes handicapées et 38 millions d’euros à l’intégration. «C’est la mission protectrice de notre communauté»underlined Régis Blanchet, general budget rapporteur.
L’autre pilier de ce budget concerne les infrastructures, avec une hausse marquée des investissements. La déviation de Villedieu-sur-Indre absorbera à elle seule 28 millions d’euros et sa mise en service est prévue pour fin 2025. Les collèges ne sont pas en reste : 17,5 millions d’euros seront investis dans les établissements La Fayette à Châteauroux, Condorcet à Levroux et Frédéric-Chopin à Aigurande. Les études sont lancées pour la construction d’un nouveau collège à Buzançais. Enfin, 3 millions d’euros seront consacrés à l’adaptation au changement climatique, un volet que le président Fleuret qualifie de« indispensable pour un département durable ».
François Avisseau, porte-parole de l’opposition, adopte un ton mesuré mais critique. S’il reconnaît à la majorité une direction “en bonne santé”il regrette une politique qui « gère ce qui existe au minimum, sans ambition transformatrice ». Selon lui, le ministère « manque de vision pour faire face au déclin économique, sanitaire et démographique » de l’Indre. Il plaide pour l’expérimentation, pour des initiatives plus audacieuses en matière d’énergies renouvelables, de lutte contre les inégalités et d’accès aux soins, bref, « entreprendre au-delà du minimum attendu. »
Débats tendus et piques politiques
L’échange se durcit lorsque François Avisseau s’attaque à la majorité des“immobilité”en pleine séance, sur les réseaux sociaux. Agacé, Marc Fleuret a répondu : « Notre budget d’investissement est en forte augmentation, avec des projets structurants. Nous agissons pour les enfants, pour les routes, pour les voies vertes. Qui parle d’immobilité ? Je ne peux pas l’entendre. »
Gil Avérous, conseiller départemental et président de Châteauroux Métropole, n’a pas mâché ses mots : « La gauche est critique, mais qu’en est-il de leur position au niveau régional (suite à la baisse des subventions régionales au niveau culturel, NDLR) ? Ils devraient balayer devant leur porte. » Il a également regretté que l’opposition n’ait pas suffisamment reconnu les progrès réalisés par la majorité.
François Avisseau, imperturbable, répond avec aplomb : « Oui, nous avons des différences. Mais quand c’est bon, on le dit. Je remarque cependant que lorsque cela vous arrange, vous insistez sur la bonne santé financière du Ministère pour justifier vos choix, alors que ces mêmes finances devraient vous permettre de faire beaucoup plus. En plus, nous avons plein d’idées, nous vous les donnons et vous ne les reprenez pas. »
-Ce premier budget reflète les tensions économiques et politiques du moment. Entre prudence imposée par l’incertitude des recettes et volonté affichée d’aller de l’avant, la majorité tente de maintenir un équilibre fragile. L’opposition, pour sa part, s’efforce de maintenir le débat vivant et de présenter des alternatives. Dans cet affrontement tranquille, l’Indre trace son chemin, sans tambour ni trompette, mais avec constance. Cet élan suffira-t-il à préparer l’avenir du territoire ? La réponse apparaît désormais en 2025.
Quelques chiffres clés du budget 2025
> Services d’incendie et de secours : la subvention annuelle de fonctionnement augmente à 8,7 millions d’euros (+ 2,1 %). À cela s’ajoutent 5,9 millions d’euros pour financer la modernisation des centres d’urgence et le renouvellement des véhicules.
> Plan santé : 450 000 € pour le maintien du système d’aide à l’installation ; 50 000 € pour le dispositif d’aide aux maisons de santé pluridisciplinaires ; 87 000 € pour les étudiants s’engageant à s’installer dans l’Indre ; 55 000 € pour l’aide à l’installation d’appareils de téléconsultation.
> Infrastructures sociales : pose de la première pierre de l’Espace Enfants (6 M€), modernisation de l’Ehpad de Buzançais (1,5 M€), ainsi que de Levroux, la Châtre et Saint-Maur (1,2 M€).
> Patrimoine : 400 000 € alloués à la restauration du patrimoine public et privé (château de Valençay, Fédération des sites clunisiens, cinéma de plein air à Saint-Marcel…).
> Tourisme : l’Agence d’Attractivité de l’Indre (1,3 M€) ; la construction de deux voies vertes (6,6 millions d’euros) ; hébergement touristique (550 000 €).
> Numérique : le maillage complet de l’Indre en fibre sera achevé en 2025. Un vaste projet de plus de 200 millions d’euros, ayant mobilisé des financements publics et privés.