la série est-elle scientifiquement réaliste ?

la série est-elle scientifiquement réaliste ?
la série est-elle scientifiquement réaliste ?

Si vous êtes fan de Breaking Bad, c’est surtout pour l’aura légendaire de Walter White alias Eisenberg, le plus grand patron des professeurs de chimie, avouez-le… Mais entre dissolutions acides, explosions spectaculaires et méthamphétamine d’une pureté inégalée, quelle est la substance chimique de Walter White des prouesses qui valent vraiment la peine sous l’œil des experts ?

Après cette série mythique, chacun regardait différemment son professeur de physique-chimie. Moi y compris, imaginant que Monsieur Fournet (dévouement), sous ses airs de professeur blasé, fabrique secrètement de la méthamphétamine après les cours… Briser le mauvais c’est l’histoire de Walter White, un professeur de chimie méticuleux qui se transforme en baron de la drogue. Dès les premières scènes, son savoir-faire captive les spectateurs et impose une rigueur scientifique rarement vue à l’écran. La production est basée sur l’expertise de deux chimistes de la DEA (le service américain de lutte contre les stupéfiants) comme consultant pour le volet « drogue » et fait appel à Donna J. Nelsonprofesseur de chimie à l’Université d’Oklahoma, pour les scènes se déroulant au collège. Et il faut dire que c’est une sacrée réussite. Clovis Darrigan, maître de conférences en chimie à l’université de Pau, confirme dans les colonnes de Science et avenir : « D’un point de vue chimique, il n’y a pas grand chose de choquant dans cette série. On retrouve tous les codes de la chimie de laboratoire”.

Même le générique montrant le tableau périodique des éléments, le tableau de Mendeleïev, est correct !

La crédibilité de Walter repose sur des détails subtils. Que ce soit dans les ustensiles et la verrerie qu’il utilise ou lorsqu’il explique à Jesse Pinkmanson acolyte drogué, qu’une fiole jaugée ne doit jamais être chauffée directement. UN règle élémentaire enseigné à tous les étudiants en chimie. Mais un point diffère : Walter a un doctorattandis que la plupart des enseignants du secondaire aux États-Unis entrent dans la profession avec un diplôme de premier cycle. Ce détail, bien qu’un peu exagéré, renforce l’image d’un expert capable de transformer ses connaissances en un empire criminel. Peut-on pour autant dire que la série est scientifiquement crédible ?

Dissoudre un corps avec de l’acide ?

La chimie joue un rôle central dans le récit de Briser le mauvaisavec des scènes spectaculaires mêlant réalisme et dramatisation. L’une des séquences les plus mémorables survient lorsque Jesse tente de dissoudre un cadavre dans de l’acide fluorhydrique. Au lieu d’utiliser un récipient en plastique adapté, il verse l’acide dans une baignoire en céramique, provoquant un désastre et une scène par ailleurs hilarante : au contact du liquide, le fond de la baignoire puis le sol finissent par se dissoudre complètement en traversant le sol pour terrain sur celui du rez-de-chaussée… Inoubliable.

La meilleure scène de la série, pas de débat possible…

« Le choix de cet acide est très bien vu : l’acide fluorhydrique permet d’attaquer et de dissoudre toute la matière organique et osseuse, y compris les dents, alors que les autres acides n’ont pas cette propriété. Certains plastiques ne seraient cependant pas attaqués.»explique Clovis Darrigan. Scène un peu exagérée oui, mais pas aberrante scientifiquement non plus. Autre moment marquant : l’utilisation de le mercure fulmine des cristaux pour provoquer une explosion. Walter jette un de ces cristaux contre un mur, déclenchant une détonation impressionnante. Anne Helmenstine, consultante scientifique, confirme que le fulminate de mercure est un véritable composé explosif, mais précise : « Le fulminate de Mercure est en effet très instable ; on peut éventuellement discuter du réalisme de la taille du cristal dans l’épisode, mais c’est vrai que si on en jette un contre un mur, il explose”elle argumente dans une interview accordée at Sciences et Avenir.

Méthamphétamine « bleue »

Le produit signature de Walter White, une méthamphétamine bleue d’une pureté exceptionnelleest un élément central de la série. En réalité, la couleur bleue n’est pas un indicateur de pureté. “La couleur d’un cristal est souvent liée à des impuretés ou à des propriétés spécifiques de la lumière, mais cela ne reflète pas nécessairement sa qualité chimique”précise Ralph Weisheit, professeur de sciences criminelles à l’université de l’Illinois. Que Briser le mauvais illustre bien, en revanche, ce sont les défis de la fabrication de méthamphétamine. Les méthodes évoquées, comme celle à base de pseudoéphédrine (aussi appelée « crystal meth »), sont réalistes et reflètent les pratiques réelles des trafiquants. La série aborde également complications liées à l’approvisionnement en précurseurs chimiquesun problème majeur dans le commerce illicite de cette drogue.

Ce n’est pas si fou que ça la rende bleue scientifiquement, désolé Walt…

Chimie + pantalon parachute : mauvais mélange

Briser le mauvais se distingue par son souci du détail, mais certaines scènes trahissent parfois la réalité pour privilégier l’impact visuel. Et c’est tout à fait normal ! La tenue emblématique de Waltervêtu de sous-vêtements simples et d’un tablier dans les premières scènesest évidemment irréaliste. « On ne fait pas de chimie en short ! En tant que chimiste, j’ai des gants, un manteau… Je n’arrête pas de répéter à mes élèves qu’il faut porter des chaussettes hautes, des pantalons longs… Quand on le voit, seulement avec un boxer et un tablier, ça, évidemment, ce n’est pas crédible !insiste Zohra Benfodda, maître de conférences en chimie médicinale à 20 minutes. Rappelons qu’au début, Walter White commençait à produire des « met’ » dans un camping-car…

Tablier, calebar, caravane, drogue : il n’en fallait pas plus pour devenir une légende…

Sauf que faire de la chimie aussi avancée dans la caravane de grand-mère et grand-père au milieu du désert, “c’est un peu compliqué”pour reprendre l’euphémisme de Zohra Benfodda. De même, la production à grande échelle dans le laboratoire souterrain de Gus Fringl’énigmatique « big boss » du trafic de drogue au Nouveau-Mexique et grand méchant de la série, s’éloigne des pratiques réelles aux Etats-Unis. Patrick Radden Keefe, journaliste à New-Yorkaisexplique que méga-laboratoires comme ceux de la série plus fréquent au Mexique ou au Guatemalaoù sont les réglementations moins strict. Aux États-Unis, la production de méthamphétamine est généralement limitée à petites quantités.

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Les drogues et leurs conséquences

On s’éloigne certes de la chimie, mais l’une des forces de Briser le mauvais réside également dans sa représentation des effets destructeurs de la méthamphétamine. “Dans Breaking Bad, la méthamphétamine n’est pas romancée, confie Laurie Galvan, spécialiste des maladies neurodégénératives à 20 Minutes. « On voit les conséquences directes que ce médicament a sur un être humain. On voit que les deux héros s’enrichissent, mais qu’ils détruisent leur vie, et que leur état se dégrade, petit à petit. Ces choix qui ont été faits pour la série sont proches de la réalité. »ajoute le spécialiste. Les effets de la méthamphétamine, tels qu’une euphorie intense suivie d’une dépendance rapide, sont décrits avec précision.

La scène qui nous a fait détester Walt et pleurer en même temps.

Lorsque Jesse boit avec sa petite amie et se réveille pour découvrir qu’elle est morte d’une overdose, cela reflète une réalité tragique pour de nombreux utilisateurscelle d’une course addictive qu’ils ne peuvent gagner. Et pour cause, une personne qui consomme rencontre » n’est plus elle-même, depuis presque 12 heures. Son cerveau est comme piraté. Elle ne ressent qu’une sensation de bonheur et d’euphorie. Elle ne ressent rien d’autre. La personne n’a plus envie de manger, elle n’a plus envie de rien. ». Selon Laurie Galvan, les effets de ce médicament font, « aveugle au monde qui nous entoure, aveugle au danger ». Pourtant, quand la transe s’estompe, une personne dépendante ne peut s’empêcher de prendre une autre doseprécipitant sa chute vers une mort certaine. “Et ça, la série le montre plutôt bien”conclut le chercheur. Bref, Briser le mauvais Est une série qui a le souci du détail, ce qui rend son message encore plus fort, et c’est aussi pourquoi nous l’aimons. Et aussi un peu pour le flow monstrueux de Walter White portant son chapeau de cowboy, évidemment…

Sources :

  • Sciences et avenir – “Labo clandestin, cours de chimie : la série Breaking Bad est-elle réaliste ?”Arnaud Devillard, 23 septembre 2013.
  • 20 minutes – “Les scientifiques démystifient la série Breaking Bad”Nicolas Bonzom, le 8 décembre 2022.
  • Le New-Yorkais – “La représentation étrangement précise du commerce de la méthamphétamine dans Breaking Bad”Patrick Radden Keefe, 13 juillet 2012.
  • BBC – « Dans quelle mesure la science de Breaking Bad est-elle réelle ? »16 août 2013.
  • Université d’État de l’Illinois – “Le professeur parle de faits ou de fictions sur la méthamphétamine Breaking Bad”Ryan Denham, 23 septembre 2013.

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