A l’EARL Les Chambres, basée dans la Drôme non loin de Valence, tomates, fraises, concombres et autres cultures maraîchères cultivées dans 3 000 m² de serres ont laissé la place aux clémentines, pomelos, oranges et avocats. Anthony Obousssier, à la tête de l’entreprise, revient sur les raisons et les perspectives de cette nouvelle expérimentation.
Trouvez une autre culture récoltée entre novembre et février
Si jusqu’au début 2024 Anthony Oboussier produisait des fraises et des pommes de terre nouvelles au printemps, des légumes ratatouilles en été (avec pas moins de 10 variétés de tomates anciennes), des concombres, des haricots verts et enfin des légumes feuilles en automne/hiver (laitue, mâche, épinards et blettes), des difficultés de production et de planning l’ont poussé à mettre un terme à l’activité. « Cumuler le travail dans les serres en parallèle avec celui dans les vergers est devenu avec le temps beaucoup trop chronophage et épuisant, d’autant plus qu’il a fallu multiplier les équipes alors que même les problèmes de recherche de main d’œuvre persistent. Ensuite parce que réussir à produire des légumes de qualité devenait illusoire à mes yeux », explique Anthony, qui avait choisi le biocontrôle (piégeage, libération d’auxiliaires et confusion sexuelle). “Les résultats de la 3ème année d’activité, malgré l’augmentation des doses, n’ont pas été concluants avec de nombreuses différences et donc du gaspillage dans les différentes espèces.” Suite à cette halte il décide de se tourner vers d’autres cultures. « Il fallait en trouver une qui puisse accueillir la serre, mais aussi mon calendrier, la fenêtre d’avril à septembre étant très chargée, mais les agrumes et les avocats se récoltent entre novembre et février.
C’est aux Pépinières de Vessières dans le département des Pyrénées-Orientales qu’Anthony Obousssier s’est procuré les plants d’agrumes et d’avocatiers. Grâce à un partenariat entre le pépiniériste et la Chambre d’Agriculture, Anthony a pu bénéficier d’une journée de formation sur place. Sur la photo à gauche le Pomelo et à droite la Clémentine.
« Je choisirai la culture qui me semble la plus adaptée »
Après des analyses de sols « très satisfaisantes », 40 clémentiniers, 20 orangers, 20 pamplemousses et 40 avocatiers ont rejoint les fruits à noyau en mars 2024 (date de plantation) (cerisier 0,7 ha, abricots 5 ha, pêches nectarines 16 ha) et kiwis. (1,3 rouge et 0,7 jaune) de la ferme. « Des cultures qui peuvent paraître surprenantes dans le département », reconnaît Anthony, mais qui finalement « se comportent très bien sous le climat nord drômois ». En fin de compte, l’agriculteur choisira la culture la plus appropriée. Pour le moment, l’heure est à l’observation : évolution des arbres, nouaison… « C’est une expérimentation en vue de s’élargir avec un projet de nouvelle serre de 5 000 m² pour laquelle je choisirai de planter celle qui semble moi d’être le plus adapté, l’objectif étant de produire à plus grande échelle pour pouvoir apporter du volume.”
À droite : oranger
Des résultats prometteurs
Pour la nouaison, il faudra compter 3 ans pour les agrumes et 5 ans en moyenne pour les avocats, qui semblent également bien se porter tant au niveau de la production que de la commercialisation. « J’ai choisi les variétés Hass et Fuerte car 2 variétés sont nécessaires (groupe A et B) pour la pollinisation et la nouaison. Hass car c’est la variété la plus répandue et la plus consommée avec une bonne capacité de production, de bons rendements, de bons calibres et une qualité gustative correcte (pour le groupe A) ; puis Fuerte car en termes de qualité gustative, de taille, l’agronomie est aussi la plus avantageuse à planter en groupe B. » Même s’il faudra attendre encore quelques années avant d’être définitif, Anthony voit déjà des résultats probants. “Ça penche clairement vers l’avocat !” Depuis la plantation, la croissance est très bonne. Et l’avantage avec ce fruit, c’est que dès qu’il a atteint sa taille sur l’arbre, la maturation s’arrête et le fruit peut se conserver entre 4 et 6 semaines avant d’être récolté, ce qui permet une récolte sur commande. »
Si dans un premier temps Anthony Obousssier compte proposer ses fruits aux exploitants avec lesquels il travaille déjà, il envisage par la suite de développer l’offre auprès des magasins de producteurs, maraîchers et grandes surfaces de la région.
Photo de : EARL
Pour plus d’informations :
Anthony Oboussier
EARL Les Chambres
Tel. : 06 75 85 59 51
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