« Avec les ZFE, l’écologie part en guerre contre les milieux populaires »

« Avec les ZFE, l’écologie part en guerre contre les milieux populaires »
« Avec les ZFE, l’écologie part en guerre contre les milieux populaires »

ENTRETIEN – L’écrivain pense que ces restrictions de circulation des voitures les plus polluantes vont conduire à une « révolte frontale du corps social », à l’image de ce qu’a connu la avec le mouvement des « gilets jaunes ».

L’écrivain Alexandre Jardin n’est pas en colère contre les ZFE, ces zones des centres-villes où les véhicules les plus anciens et donc les plus polluants ne sont plus autorisés à circuler. Très actif sur les réseaux sociaux, il poste chaque jour des dizaines de messages, souvent largement relayés, pour critiquer ce système. Selon l’auteur, habitué aux positions anticonformistes, les ZFE vont au-delà de la lutte contre la pollution de l’air et sont « un mécanisme qui vise à excluremendiant» de la société ». Il répond à nos questions.

LE FIGARO. – Vous êtes devenu aujourd’hui la personnalité opposée la plus visible aux ZFE sur ce sujet. Êtes-vous personnellement concerné ?

Non, en fait, au début, je n’avais pas réalisé l’ampleur du problème. Mais le 31 décembre dernier, j’étais dans la boulangerie d’un petit village dans un rayon viticole. Il y avait là un père divorcé très en colère, qui buvait du café. Il m’a expliqué qu’à partir du lendemain (1er janvier, NDLR), il ne pourrait plus récupérer ses enfants chez leur mère, qui habite en zone ZFE. Il est vigneron. Et bien sûr, il n’a pas le bon véhicule. Il ne peut pas changer de voiture : il n’a pas un sou. Il me parut profondément ému. Je me demandais dans quel pays nous vivions…

Ensuite, j’ai étudié les détails de cette loi et j’ai découvert ses dimensions terribles : par exemple quand les Français sont malades, ils doivent se rendre dans des hôpitaux qui sont presque tous en zone ZFE. Alors soit on ne se soigne pas, soit on prend une pénalité.

Il existe malgré tout des transports en commun de plus en plus performants et des dérogations…

C’est une question de citadin ! Tous ces systèmes ont été conçus par des hyperurbains, mais les ruraux en France représentent 40 % de la population. On suppose aussi que les transports en commun fonctionnent 24h/24, qu’une famille de 3 enfants rêve d’être dans le métro avec la poussette, que les personnes âgées l’adorent, que c’est le moyen de transport idéal pour une femme enceinte etc.

Quant aux exemptions, oui, elles existent. A Paris par exemple, ils peuvent être activés 24 jours sur 24 (en semaine, NDLR)… Le gangster a le droit de s’infiltrer dans les maisons des riches, mais il ne faut pas qu’il soit trop spontané !

Vous décrivez également une conséquence financière inattendue : la baisse de la valeur monétaire des voitures d’occasion rendues inutilisables dans les ZFE.

C’est une double peine : cette décision politique prive les milieux populaires du seul petit pécule de sécurité dont ils disposaient : la valeur de leur voiture d’occasion. On le leur a retiré sur la base d’une simple décision politique, c’est quand même extraordinaire.

Ce sont souvent les villes de gauche qui sont les plus proactives dans la création de ZFE, comme Paris, même si elles font de la lutte contre l’exclusion et la pauvreté un de leurs thèmes majeurs. Comment l’expliquer ?

Les villes de la gauche écologique sont en effet les plus violentes socialement. Leur idéologie les amène si loin qu’ils s’attaquent aux pauvres. Ce sont les gens qui ont des bas salaires qui ne pourront plus aller travailler. Et des jeunes qui débutent leur carrière et qui ne peuvent acheter qu’une voiture d’occasion…

Un terme revient souvent dans vos textes pour qualifier ceux qui n’ont pas la bonne voiture : le mot « gueux ». Pouvez-vous clarifier ce que vous entendez par là ?

Le “mendiants » c’est l’expression qui reflète le mépris de nos dirigeants. Les Français se reconnaissent dans ce mépris. La République, c’est l’inclusion de tous, ce n’est pas l’exclusion des pauvres.

Sur les réseaux, 150 idées par seconde semblent se mobiliser et il y a un mot de ralliement, « mendiants ». Lorsqu’un mouvement choisit un nom, il est en train de se cristalliser.

On sent monter la même sourde colère de la part des Français que celle des la limitation des routes nationales à 80 km/hqui a – entre autres – conduit au début du mouvement des gilets jaunes ?

Le mouvement des gilets jaunes n’a été décrété par personne, il a commencé tout seul. Là c’est pareil. Et plus les politiques éviteront les téléviseurs, plus la vague de révolte montera. On m’a dit sur une chaîne d’information que les journalistes ne trouvaient aucun homme politique favorable au ZFE pour aller s’expliquer sur les plateaux de télévision. Ils refusent les invitations et se présentent malades.

Nous assistons à l’instauration d’une société orwellienne mais les gens ne vont pas permettre que cela se produise. Je sens monter une révolte frontale du corps social. Cela prendra du temps, quelques jours ou quelques semaines, mais c’est inévitable.

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