Entreprise genevoise –
Eric Richard rend son tablier de boucher
Figure de la Halle de Rive depuis 35 ans, l’artisan phare prend sa retraite le cœur léger. La prochaine génération est là.
Publié aujourd’hui à 14h31
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- Eric Richard a pris sa retraite après 47 ans de carrière en boucherie.
- Daniel Almeida, ancien employé de Richard, reprend le commerce de la Halle de Rive.
- Richard, 62 ans, souhaite voyager et peut-être réactiver son blog de boucherie.
- Il constate une baisse drastique du nombre de bouchers à Genève depuis les années 1980.
Il traitait ses clients à la crinière grise comme des princesses. Et ses clients à barbe blanche aiment les amis de la garderie. Il savait comment couper une bavette comme comment trancher un surlonge. Discutez du peu de gras en coupant un morceau de veau. Il offrit même « Mon Jérôme » à l’auteur de ces lignes, en lui vendant un de ses pâtés homériques. Émouvant, cela va sans dire. Eric Richard, après quarante-sept ans au service de la belle boucherie et trente-cinq ans de travail souriant sous la Salle du rivagevient de prendre sa retraite. Il a environ 62 ans. Il est en pleine forme, merci.
« Après toutes ces années, j’ai le sentiment d’avoir fait ma part », dit joyeusement l’artisan. « Ce n’est pas que je n’en ai plus envie : je reste passionné. Mais c’est un métier exigeant : soixante heures par semaine, toujours debout, levé à 5 heures du matin… Sans compter toutes les démarches administratives. Je vais en haut. Les affaires marchent bien, la marchandise est belle et la clientèle est fidèle. C’est un bel outil de travail. Il y a toujours du monde devant le stand.
Dormez paisiblement
Gros motif de satisfaction pour le jeune retraité : la relève est assurée. «Je confie l’affaire à mon employé Daniel Almeida. C’est un travailleur acharné. Il adore le travail. Je l’ai embauché il y a treize ans. Il venait de réaliser un stage chez nous. Je lui ai demandé s’il avait un travail. Il m’a dit non. Je lui ai dit : tu restes ! L’affaire est entre de bonnes mains : je peux dormir tranquille. »
Né à Tours, Eric a fait son apprentissage en France. Après l’armée, il se retrouve à Genève, d’abord dans une boucherie de la rue Leschot, puis chez Floquet à Chêne Bourg. Il y resta huit ans. « J’ai commencé à travailler pour Jacky Bula à la Halle de Rive le 1est Avril 1990. Nous avons uni nos forces. Puis, lorsqu’il a pris sa retraite, j’ai repris le stand. Et voilà.
Sombre agonie
Sur le billot depuis près de cinq décennies, Eric a été témoin de l’agonie lugubre des boucheries de Genève. « Nous étions une centaine d’indépendants dans les années 80 ; nous ne sommes même pas dix aujourd’hui. Nous sommes devenus des extraterrestres. Le métier a-t-il changé ? “Pas vraiment. Les gens ne veulent plus de tripes, de graisse. Les gros morceaux que nous partagions en famille, les cuisses de 2,5 kilos, ne sont plus vendus. Mais nous nous adaptons.
Son tablier au placard, l’artisan pourra voyager, bronzer et lire des livres. Et pourquoi pas, réactivez votre blog, Le Louchébèmeconsacré à l’argot de la boucherie ? « Il est toujours en ligne. Mais bon, les blogs, c’est fini. Maintenant, c’est Instamachin et tout ça. Je n’y comprends rien !
Boucherie Jacky Bula, Halle de Rive, du lundi au samedi à partir de 7h30 (samedi 6h)
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Jérôme Estèbe dirige la section culturelle et le supplément week-end. Il aborde notamment les thématiques gastronomiques et œnologiques. Il est lauréat du prix du journalisme local du Berner Zeitung 2002. Plus d’informations
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