Lorsqu’elle est arrivée en renfort l’automne dernier, à la tête d’un Département de la protection de la jeunesse (DPJ) embourbé dans les polémiques, Lesley Hill a promis de “nettoyer les toiles d’araignées dans la maison”.
Après ses premières semaines de travail, elle dit en avoir trouvé plusieurs. Sa tournée du réseau de protection de la jeunesse a mis en lumière des lacunes. Je jouerai la carte de la transparence
nous raconte-t-elle franchement en entrevue à -.
Les deux premières semaines, je paniquais à la maison en pensant : « Oh mon Dieu ! Que vais-je faire ? Mais il semble que plus j’avance, plus cela me devient clair
explique-t-elle.
Elle note que la sécurité doit être renforcée de trois manières dans les centres jeunesse : en revoyant le recours aux mesures de contention auprès des jeunes agités ; en encadrant mieux l’embauche du personnel; et en prêtant une attention particulière à la obsolescence des installations de réseaux.
Recrutement du personnel : Les choses ont mal tourné
Il ne fait aucun doute pour Lesley Hill que nous devons recruter plus soigneusement les intervenants du réseau. Selon le nouveau directeur national du DPJles réformes imposées au fil des années ainsi que la pandémie ont contribué à la perte bonnes pratiques
en termes de ressources humaines.
Dans les centres de rééducation, il fallait auparavant avoir un âge minimum pour être à l’étage. Nous pouvons avoir des jeunes contrevenants qui restent là jusqu’à l’âge de 21 ans. Imaginez un jeune éducateur de 19 ans avec des gars de 21 ans. C’est explosif ! C’est comme demander des ennuis !
Mme Hill souhaite donc réimposer des seuils d’âge minimum pour assumer certaines responsabilités. Elle pense également que la formation doit être plus robuste
.
Nous avons compressé les entraînements avec la pandémie. Il n’y a pas eu de formation depuis près de cinq ans. Avec le roulement du personnel et la mobilité, nous pouvons avoir [des gens] qui n’ont qu’une formation initiale sur le terrain.
Elle déplore le manque d’encadrement et d’accompagnement après l’embauche. Le mentorat pourrait donc faire partie des solutions. Idéalement, un jeune éducateur devrait pouvoir dire qu’il s’attache trop à un jeune. Il faut en parler pour reprendre la distance nécessaire.
Mme Hill fait référence au scandale sexuel survenu au Centre jeunesse de la Cité-des-Prairies à Montréal, qui a mené au congédiement de quatre éducateurs.
Quand on travaille dans un environnement difficile comme celui-là, quand on est jeune et tout juste sorti de l’école, on a toute la bonne volonté du monde. Vous voulez changer l’univers ! Mais vous risquez très, très fort de tomber dans la sympathie et de glisser de votre rôle professionnel vers une relation trop intime.
analyser Lesley Hill.
Entrevue complète avec Lesley Hill, directrice nationale de la protection de la jeunesse
Le complexité
of Santé Québec
Lesley Hill a consulté le ministère de la Sécurité publique sur la façon de filtrer les demandes.
Est-ce qu’on vérifie la moralité de la personne, ce qu’on appelle l’absence d’empêchement ? Prenons-nous des références ? La personne comprend-elle son rôle d’autorité et connaît-elle son code d’éthique ? Ce sont tous des éléments que nous devons examiner dès la porte d’entrée
explique Mme Hill.
Le directeur national du DPJ affirme avoir également contacté le responsable des ressources humaines du ministère de la Santé afin de revoir l’encadrement du personnel après l’embauche. Mais il y a une complexité ici
elle admet.
Maintenant, les ressources humaines, c’est Santé Québec. C’est un nouvel acteur dans l’environnement, nous avons donc dû saisir le nouveau Vice-président qui s’occupe des ressources humaines à Santé Québec. Déjà, j’entends des gens dire : « Oh mon Dieu, ça a l’air compliqué ! » Oui, c’est compliqué !
Rappelons qu’avant sa nomination, Mme Hill avait demandé au ministre Christian Dubé de s’assurer que Santé Québec ne néglige pas les services sociaux des Québécois. C’est un peu mon emploi mélanger les choses et pousser les gens à mettre en place ce qui est nécessaire
dit-elle.
Elle appelle également à la collaboration du ministère de la Justice pour réduire la judiciarisation des affaires judiciaires. DPJ. Un recours plus intensif à la médiation dans les dossiers de protection de la jeunesse pourrait contribuer à désengorger les tribunaux, selon Lesley Hill.
Plus de managers sur le terrain
Le nouveau patron du DPJ estime qu’il est nécessaire d’augmenter le ratio de gestionnaires et de superviseurs cliniques dans le réseau.
Tout le monde dit : il faut supprimer les managers ! Ce n’est pas grave, un manager ! Ce sont des bureaucrates ! Mais dans une maison de jeunes, la gestion de proximité est très importante.
Quant à la dégradation des bâtiments de certaines maisons de jeunesse, elle dit avoir demandé une évaluation rapide de l’état de vétusté des installations
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Lesley Hill, directrice nationale de la protection de la jeunesse au Québec
Photo : - / Simon Brown-Racine
Redonner la fierté de travailler à la DPJ
Un autre projet auquel Lesley Hill s’attaque concerne la motivation des parties prenantes. Les polémiques relayées dans les médias ont dévalorisé la profession, selon elle. Les bons mouvements doivent briller.
Je suis vraiment attristée car il y a des assistantes sociales qui m’ont dit : « Quand on me demande ce que je fais, je n’ose même plus dire que je travaille au DPJ. Je dis simplement que je travaille avec les jeunes. Pourtant, même dans les établissements où j’ai découvert les toiles d’araignées, j’ai vu de belles choses !
Pour atteindre vos objectifs, vous n’avez pas forcément besoin de plus d’argent, mais vous devez surtout revoir vos façons de faire.
En revanche, je dirais que, dans un contexte budgétaire difficile, il faut protéger les budgets de la jeunesse et des services sociaux. Nous devons veiller à préserver les budgets dédiés aux personnes les plus vulnérables de la société.
Cette responsabilité revient au ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. Lesley Hill veut avoir l’assurance qu’elle ne perdra pas ses moyens avec l’arrivée de Santé Québec, la énième réforme qui bouscule le milieu.