Il n’y aura pas de petits gâteaux ni de discours pour marquer la nouvelle année. Le cœur n’est pas à la fête, pour de nombreuses collectivités en France qui choisissent délibérément de boycotter les cérémonies de vœux traditionnelles afin de protester contre les restrictions budgétaires dont elles s’estiment victimes.
Au Département, la présidente Marie-Agnès Petit s’explique. Sa décision intervient dans un contexte déjà tendu, à la fin de l’année dernière avec l’annonce du projet de loi de finances pour 2025. Chaque président de département a réagi très vite, chacun à sa manière. Certains brandissent des menaces, comme mettre en vente tel ou tel immeuble appartenant à la collectivité et affecté au service public, ici une préfecture, là un tribunal. La Haute-Loire est restée globalement « raisonnable », visant la cérémonie des vœux. « Ce n’est pas ainsi que nous cherchons à réaliser des économies significatives. Il faut surtout voir un message politique dans ces turbulences budgétaires nationales », annonce Marie-Agnès Petit.
Par courtoisie, les maires, présidents de communautés de communes, représentants du monde économique et associatif, membres des structures que le Département soutient financièrement ont été informés de la décision par courrier en fin d’année dernière.
En Haute-Loire comme ailleurs, les recettes ont chuté, notamment au travers des droits de mutation, entre -20 et -30 % en moins des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) dans les départements.
« Laissons l’État balayer sa maison avant de nous faire les poches ! » »
Dans le même temps, les charges imposées par l’État ont augmenté. « J’ai encore en tête les 11 millions d’euros de charges supplémentaires non compensées qui nous ont été imposées par l’État en 2024. Quand on ajoute ce qui était prévu dans le PLF (Projet de loi de finances, NDLR) – qui n’existe plus mais le Premier Le ministre annonce de nouvelles économies -, soit 10 millions d’euros en Haute-Loire, soit 21 millions d’euros de dépenses de fonctionnement supplémentaires. Ce qui était tout simplement inapplicable», s’insurge le président.
Les dépenses imposées se retrouvent dans les différents domaines sociaux : Ségur, aide à domicile, hausse de 4,5% du RSA, hausse des points d’indice, etc.
Pour Marie-Agnès Petit, l’État ne devrait-il pas, avant de « faire les poches » des collectivités, « balayer devant sa porte et d’abord revoir son mode de vie en procédant à quelques coupes dans les 1 200 agences qui coûtent 80 milliards d’euros ! » Le président rappelle : « Nous n’avons plus de levier fiscal. »
A une autre échelle, l’Agglomération du Puy-en-Velay a également décidé d’adopter une stratégie de bouderie. Après l’annonce lors du dernier conseil municipal, Michel Chapuis a expliqué : « Cette décision, certes symbolique, est un choix qui a été fait, à la fois pour marquer le sens des responsabilités affiché par les élus communautaires face aux incertitudes budgétaires qui planent sur les collectivités locales. autorités… et aussi une forme de respect par rapport au décès, encore très présent dans les esprits, de Michel Joubert. »
Philippe Suc
France