Le liège HPK a poussé en Algérie avant de conquérir l’espace

Le liège HPK a poussé en Algérie avant de conquérir l’espace
Le liège HPK a poussé en Algérie avant de conquérir l’espace

Parfois, trois lettres suffisent à vous transporter. Il y a presque deux siècles ; de l’autre côté de la Méditerranée. HPK signifie aujourd’hui High Performance CorK, joyau de l’Albret et de la commune du Lavardac, spécialisé dans la fabrication de pièces en liège. En 1856, lors de sa création, HPK signifiait Hamendas et Petite Kabylie.

Nous étions à l’aube de l’empire colonial français et l’entreprise était une impératrice du liège, avec près de 50 000 hectares de chênes-lièges disponibles. Sa production était alors destinée, bien sûr, à la fabrication de casquettes, mais aussi aux industries de la chaussure, du bâtiment, etc.

Lorsqu’en 1962 la algérienne embarque sur le bateau de la décolonisation pour un voyage sans retour, HPK est déjà implantée dans le Lot-et-Garonne, dans l’Albret, au Lavardac, où le liège constitue un levier économique et une activité traditionnelle. Aujourd’hui, l’Algérie française n’est plus qu’un souvenir et le liège sous ces latitudes est aussi une vieille histoire. Mais HPK a su, sous l’impulsion de sa PDG Agnès de Montbrun, aux commandes depuis 2004, se réinventer et, pour cela, mettre la barre haute. Très élevé même.

Anciens disques

Cet été, le 9 juillet, lorsque la fusée Ariane 6 décollait de son pas de tir de Kourou, en Guyane, et tournait ainsi une nouvelle page de l’histoire de la conquête spatiale européenne, c’est une pièce d’Albret et le bouchon d’HPK qui ont également été proches des étoiles. Le liège développé par l’entreprise – grâce à ses capacités de résistance à la chaleur – est utilisé dans les parois de la fusée européenne.

Je suis fier d’avoir amené cette entreprise là où elle est aujourd’hui »

«C’est une grande fierté d’avoir atteint ce niveau technologique avec une petite entreprise qui a souffert pendant de nombreuses années», confie Agnès de Montbrun. Si HPK (3 millions d’euros de chiffre d’affaires, 25 salariés) travaille en étroite collaboration avec Ariane depuis vingt ans, l’entreprise du Lavardac fournit également d’autres secteurs stratégiques intéressés par les capacités du liège et son savoir-faire.

« J’ai très vite compris que pour offrir des perspectives de croissance, il fallait se démarquer des activités traditionnelles du liège, très compétitives, et proposer des produits à très forte valeur ajoutée. Je me suis donc tournée vers des niches high-tech», explique l’entrepreneur, qui a sauvé ce patrimoine industriel en reprenant l’entreprise du Portugais Amorim. Qui l’avait acquis en 2000 et s’apprêtait à le délocaliser.

Le secret de HPK ? Sans surprise, « des années de travail ». Mais aussi « l’envie de repousser les limites de la matière ». Et Agnès de Montbrun l’avoue : « Je suis fière d’avoir amené cette entreprise là où elle est aujourd’hui », tout en regardant le passé, non sans émotion. « Je suis attaché à l’histoire de l’entreprise. Nous en sommes un lien. Il ne fallait pas le briser, en prenant néanmoins soin de ne pas en devenir prisonnier. » Agnès de Montbrun tient aussi soigneusement les registres du XIXème sièclee siècle de cette entreprise née de l’autre côté de la Méditerranée. Dans un autre siècle.

 
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