Bonjour le Canada, bonjour le Québec, où est passée notre culture politique ?

Bonjour le Canada, bonjour le Québec, où est passée notre culture politique ?
Bonjour le Canada, bonjour le Québec, où est passée notre culture politique ?

Un petit sentiment de désespoir en ce début d’année ? 2025 commence par une gueule de bois collective et une rentrée où l’on aimerait rester sous les couvertures. Pouvons-nous parler politique maintenant que les vacances sont terminées ?

Le Au revoir nous a présenté une année 2024 sous le slogan « Les temps sont durs », dressant le portrait catastrophique d’une année marquée par des crises politiques et climatiques sans précédent. De son côté, le bilan Infoman 2024 décrivait Pierre Poilievre comme le futur premier ministre incontournable du Canada. Une fatalité politique aux accents de droite, qui semble échapper à tout contrôle démocratique, tant pour les Canadiens que pour les Québécois.

Le matin du 6 janvier, par un coup de théâtre, ce que nous avions annoncé était vrai : Justin Trudeau a démissionné. Ça résonne dans mes oreilles : OK, donc la prochaine étape logique, c’est Poilievre ? Pourquoi, finalement ?

Rien d’étonnant de la part de nos grands médias, c’est juste une répétition de ce qu’on nous raconte toute l’année : un portrait sombre, tant au Canada qu’au Québec, où le programme politique semble se résumer à des débats complètement absurdes, ressassés à l’infini. encore jusqu’à ce que nous soyons étourdis, fatigués et désintéressés. Parmi ces débats, le fameux troisième lien (un record battu depuis 2016, faut-il le rappeler ?) ou encore Northvolt (oui, un sketch éculé qui me donne envie de disparaître).

La politique québécoise est poussiéreuse. Si construire le troisième lien ou installer les usines Northvolt permet d’avancer, de prendre de la hauteur, d’approfondir les enjeux, de faire une révolution, de s’attacher aux ponts pour empêcher les voitures de passer ou encore de mobiliser les citoyens autour d’enjeux sociétaux qui sont actuellement affaiblis, alors j’ai envie de dire : « Allez-y. » Construisez leur autoroute, installez leurs usines, puis bloquez-les, changez le record. Parlons enfin de sujets et d’enjeux capables de mobiliser ceux qui seront encore en vie en 2050.

Certes, cela fera moins de contenu pour le Au revoirmais au moins pouvons-nous laisser plus de place à la médiatisation d’autres sujets politiques essentiels, qui représentent 95 % de ce qui devrait réellement nous préoccuper : un système de santé qui s’effondre, un système éducatif en déroute, une crise qui aggrave les opioïdes, l’abolition de notre Système français pour les demandeurs d’asile, coupes budgétaires catastrophiques dans la culture… etc.

Ces transformations majeures sont en cours autour de nous. Ils nous concernent directement, en tant que citoyens. Ils façonnent ce qui permet à une province, voire à un pays, d’être en bonne santé. Ils auront un effet sur l’avenir de nos enfants et de leurs enfants.

C’est de la politique, mes amis.

La suite logique, selon nos élus fédéraux fatigués, car il va sans dire que la politique canadienne semble s’essouffler. Plutôt que de rester passif face à ce scénario dystopique, pourquoi ne pas faire un effort pour en parler et réfléchir collectivement ? Notre culture politique, tant canadienne que québécoise, est-elle vraiment incapable de faire face aux défis de l’avenir ? Et si, au lieu de céder à la résignation, on imaginait des solutions, des formes de mobilisation, des histoires porteuses d’espoir ?

Pourquoi se contenter d’une histoire qui réduit les Canadiens à devenir le 51e État des États-Unis ? Pourquoi continuer à tolérer une stratégie étroite comme celle du gouvernement Trudeau, qui suspend la TPS pour apaiser un électorat inquiet de l’inflation ? Cette absurdité mérite d’être analysée. Montrons qu’il n’est pas trop tard. Il existe des groupes, des collectifs citoyens et des projets politiques capables de proposer une autre direction à notre société.

Au lieu de céder à des discours préfabriqués et pessimistes, inculquons une capacité d’action et un sentiment de résilience collective. Il est possible d’écrire d’autres histoires, de rêver d’autres avenirs, comme cela a été le cas dans certains pays face à des gouvernements conservateurs. Pourquoi ne pas nous prendre au sérieux et proposer une vision politique audacieuse lors de nos bilans annuels et lors de notre couverture médiatique ? Comment pouvons-nous inverser la tendance qui « s’orienter » chez les jeunes de « pas d’avenir »…

Et si nous créions des espaces d’apprentissage où nous pourrions commencer à débattre, à comprendre la politique, à mieux comprendre l’importance de notre rôle de citoyen ? Avons-nous tellement peur des désaccords que nous préférons être dominés par un tyran ou nous aligner sur des valeurs dépassées ?

Pourquoi avons-nous peur de nommer ce qui est politique ? Pourquoi ne pas appeler à l’action collective, à la mobilisation, plutôt que de sombrer dans la résignation lasse, prêts à suivre le voisin pour des raisons économiques ? Où est passée la rigueur politique canadienne? A-t-elle jamais existé ?

Les médias ont également un rôle clé à jouer. Ils doivent cesser de relayer uniquement le message dominant et contribuer à faire prendre conscience des alternatives. Le risque est grand, surtout sous un éventuel gouvernement Poilievre, où les médias grand public pourraient être massivement sous-financés. Parlez, innovez, concentrez-vous sur autre chose que vos notes. Les conséquences de l’inaction sont trop graves : il suffit de regarder ce qui se passe aux États-Unis pour s’en convaincre.

Cette semaine encore, on entend dire que, pour maintenir nos échanges économiques avec les Etats-Unis, le candidat aligné sur leurs valeurs présidentielles est présenté comme le prochain premier ministre. Une prédiction que les diffusions sommaires de - avaient déjà annoncée comme inévitable. Sommes-nous si résignés, si apolitiques, si désintéressés de notre avenir collectif ?

Bonjour le Canada, bonjour le Québec, où est passée notre culture politique ? Comment se donner les moyens de comprendre et de s’intéresser à ce qui se passe dans le monde ?

Je cherche d’autres avenirs. Est-il possible, collectivement, de parler d’imaginaire politique ?

En vrac : des questions sur l’avenir. Pourquoi nous imposons-nous un récit unique, qui non seulement décrit le passé, mais prétend également dicter l’avenir ? Pourquoi Poilievre est-il présenté comme une fatalité ? Comment s’étonner de la dépolitisation des jeunes quand on leur offre un avenir fixe, sans options ?

Où sont les médias pour guider la réflexion vers des options viables ?

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