L’histoire de la grève féministe en Suisse

Date historique

14 juin : L’histoire de la grève féministe en Suisse

Pourquoi les Suissesses se rassemblent-elles depuis plusieurs années à cette date précise ? Retour sur l’histoire de cette mobilisation.

Publié aujourd’hui à 10h00

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Cet article du 13 juin 2024 a été importé de Femina.ch et republié sur notre site le 7 janvier 2025.

Qui dit 14 juin en Suisse, dit grève féministe. Cette date est en effet synonyme de combat pour l’égalité avec des manifestations de grande ampleur organisées dans tout le pays, cette année encore en 2024.

Mais qu’est-ce qui a conduit à ces rassemblements en Suisse ? Retour sur plusieurs dates importantes qui ont ancré cette journée dans l’histoire.

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7 février 1971

Les Suissesses ont enfin obtenu le droit de vote, bien après de nombreux pays du monde, notamment 53 ans après l’Allemagne, 36 ans après la Turquie et 27 ans après la . L’introduction du droit de vote des femmes, soumise au vote, a été acceptée par les citoyens à 65,7 %. Il s’agit d’un premier pas important vers l’égalité après un combat décisif mené par les femmes.

14 juin 1981

Les Suissesses ont enfin obtenu le droit de vote, bien après de nombreux pays du monde, notamment 53 ans après l’Allemagne, 36 ans après la Turquie et 27 ans après la France. L’introduction du droit de vote des femmes, soumise au vote, a été acceptée par les citoyens à 65,7 %. Il s’agit d’un premier pas important vers l’égalité après un combat décisif mené par les femmes.

29 août 1990

Le projet d’une grève féministe a été lancé en 1990, tout comme son organisation par les syndicats et les organisations de femmes du pays. Liliane Valceschini en est l’initiatrice. Cette ouvrière horlogère, membre de la Fédération suisse des travailleurs de la métallurgie et de l’horlogerie (FTMH), a suggéré l’idée d’une mobilisation féminine à Christiane Brunner, secrétaire centrale du même syndicat et vice-présidente de l’Union syndicale suisse (USS). .

Ce dernier transmet ce plan de grève au comité syndical qui l’approuve en août. Puis, en octobre, le congrès de l’USS a également accepté à l’unanimité la grève, même s’il a fallu mener un travail de persuasion, notamment auprès des hommes récalcitrants.

14 juin 1991

Ça y est, nous y sommes. Une grève féministe a lieu dans tout le pays sous le slogan : « Les femmes les bras croisés, le pays perd pied ». Un demi-million de femmes et d’hommes se mobilisent en solidarité sur les lieux de travail et des manifestations sont également organisées dans les rues. Certaines personnes ne s’arrêtent que brièvement, portent des badges, organisent des sit-in ou du théâtre de rue et prennent des repas de groupe. L’ambiance est à la fête.

La grève de 1991 a également eu lieu dans la sphère privée – une originalité – où les femmes ont arrêté tout travail domestique. Il s’agit du plus grand rassemblement public depuis la grève générale de 1918.

Vingt ans après l’obtention du suffrage des femmes et dix ans après l’instauration du principe d’égalité, les manifestants réclament l’application de cet article, notamment dans la sphère professionnelle, mais aussi dans la sphère privée, avec le partage des tâches domestiques et la fin de violences sexistes et sexuelles.

La réponse médiatique est forte, au niveau national et international, même si certains médias minimisent la grève féministe, ce qui avait déjà été le cas a priori. Dans les années suivantes, certaines avancées ont eu lieu pour les droits des femmes en Suisse, comme l’adoption de la loi sur l’égalité en 1995, l’entrée en vigueur de la solution sans délai (avortement) en 2002 et de l’assurance maternité en 2005.

8 mars 2018

À l’occasion de la Journée internationale de la femme, les syndicats espagnols organisent une grève féministe à l’échelle nationale. C’est un succès : 5,3 millions de personnes mobilisées. Les femmes espagnoles souhaitent dénoncer toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes. Cet engouement donne des idées aux syndicats suisses, qui commencent à flotter l’idée d’une nouvelle grève en Suisse. La volonté de marquer le coup le 14 juin, en référence à la grève de 1991, a été rapidement évoquée.

22 septembre 2018

On assiste à un avant-goût de la grève – dont les syndicats parlent de plus en plus pour l’année suivante – lors de cette manifestation organisée à Berne. Ce cortège est organisé notamment pour réclamer l’application de l’égalité salariale. Car parallèlement, une révision de la loi sur l’égalité, entrée en vigueur en 1996, est en cours d’élaboration au Parlement, sous la houlette du Conseil fédéral. La colère gronde. Utilisant des pancartes et des slogans évoquant les discriminations vécues par les femmes, 20 000 personnes défilent dans les rues de la capitale.

L’égalité salariale n’est en effet toujours pas d’actualité avec un écart de 18% entre hommes et femmes. Mais les discussions sont houleuses et des réticences se font sentir. Certains parlementaires ne souhaitent pas s’engager dans cette révision ni retirer tout caractère contraignant à la nouvelle loi. De quoi révolter les syndicats et jeter de l’huile sur le feu en faveur de l’organisation d’une grève féministe.

Une révision du texte a finalement été adoptée le 14 décembre 2018 et est entrée en vigueur le 1er juillet 2020. Mais elle ne prévoit pas de sanctions pour les entreprises qui ne respecteraient pas l’égalité salariale. Il suffit que les entreprises de plus de 100 salariés réalisent une analyse des salaires des hommes et des femmes et publient leurs résultats. De quoi réchauffer encore davantage les femmes avant la grève de 2019.

14 juin 2019

Une vague violette déferle sur la Suisse et rassemble à nouveau 500’000 personnes. Pour réussir à organiser cette grève et les différentes manifestations qui l’accompagnent, des collectifs se sont constitués au niveau cantonal.

L’égalité salariale continue d’être réclamée, tout comme la promotion des tâches domestiques. Les violences sexistes et sexuelles sont dénoncées et le discours est plus ouvert sur ce sujet grâce à l’avènement du mouvement #MeToo en 2017.

Dans les années suivantes, la grève féministe continue de rassembler chaque année de nombreuses femmes dans le but d’atteindre l’égalité. Durant la pandémie, la participation a néanmoins été fragilisée, mais en 2023, 300 000 personnes ont été mobilisées dans tout le pays.

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Depuis 2019, on assiste également à une convergence de luttes pour lutter contre toutes les discriminations vécues par les femmes à cause du patriarcat (racisme, homophobie, transphobie). Les bas salaires et retraites des femmes deviennent également un thème clé.

14 juin 2024

De nombreux événements, actions et cortèges sont à nouveau organisés en Suisse en 2024. Les membres des collectifs féministes romands se sont accordés sur plusieurs revendications et thèmes qu’elles souhaitent rendre visibles: la guerre à Gaza et le sort des femmes palestiniennes, la montée de la transphobie, le vote sur la réforme de la LPP contre laquelle ils appellent à voter non, la non-reconnaissance du travail de soin, les inégalités salariales et les bas salaires dans les secteurs féminisés ainsi que le combat important qui reste à mener menée contre les féminicides.

Rendez-vous dans les rues pour cette nouvelle mobilisation !

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Sonia Imseng est journaliste à la rédaction numérique. Il couvre des thèmes sociaux et culturels ainsi que l’actualité. Elle a également travaillé pour Femina, la RTS, Le Temps, Le Courrier.Plus d’informations @SoniaImseng

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