Comprendre la prorogation du Parlement demandée par Trudeau

Comprendre la prorogation du Parlement demandée par Trudeau
Comprendre la prorogation du Parlement demandée par Trudeau

En plus d’annoncer sa démission prochaine, le premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé à la gouverneure générale Mary Simons de proroger le Parlement jusqu’au 24 mars. Les travaux parlementaires ne reprendront donc pas avant cette date, évitant ainsi un vote qui pourrait faire tomber le gouvernement et provoquer des élections.

En utilisant la prorogation, le gouvernement actuel ne peut plus tomber, car la Chambre des communes ne peut plus se réunir pour procéder à un vote de censure.résume Patrick Taillon, professeur de droit constitutionnel à l’Université Laval, en entrevue à l’émission C’est encore mieux l’après-midi.

Ce délai devrait permettre au Parti libéral du Canada de se trouver un nouveau chef. Les partis d’opposition dénoncent cette mesure et réclament immédiatement des élections.

La nouvelle personne à la tête de API deviendra premier ministre du Canada et devra rapidement affronter la Chambre des communes. Sur le chemin du retour [de la prorogation] la première chose que nous allons faire est un discours du Trône qui mènera à un vote de confianceajoute le professeur de droit.

Le vote de confiance sera suivi d’un budget. Le gouvernement fédéral doit adopter son budget et ses crédits au printempscontinue-t-il. Selon lui, ces votes cruciaux augmentent les possibilités de se retrouver en élection quelques jours après son retour au Parlement.

Que se passe-t-il pendant la pause ?

Durant la prorogation, le gouvernement ne cesse pas de fonctionner ; le Président de la Chambre des communes, le Premier ministre, les ministres et les secrétaires parlementaires restent en fonction. Toutefois, les projets de loi qui n’ont pas encore reçu la sanction royale sont abandonnés et les comités parlementaires cessent leurs activités, à moins qu’une motion ne leur permette de continuer.

Pour prendre une métaphore informatique, il s’agit d’une profonde remise à zéro du processus parlementaire. Il ne s’agit pas seulement de redémarrer l’ordinateur, mais d’effacer presque le disque dur.illustrates Patrick Taillon.

Parmi les projets de loi qui pourraient mourir au Feuilleton, il y a celui sur l’augmentation des impôts sur les gains en capital. Cette taxe n’existera pas, à moins qu’après le 24 mars on reparte de zéro. Donc pour moi aujourd’hui, je ne voudrais pas être fiscaliste aujourd’hui et conseiller les clientsremarque le professeur.

Outil controversé et conventions fragiles

Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement recourt à la prorogation. Le précédent premier ministre, Stephen Harper, a utilisé ce mécanisme à quatre reprises au cours de son règne, dont une fois en décembre 2008, pour empêcher une coalition libérale-néo-démocrate de faire tomber son gouvernement, avec l’appui du Bloc québécois. Jean Chrétien l’avait également utilisé à quatre reprises.

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C’est assez amusant parce qu’en 2008, c’étaient des gens plutôt conservateurs, le fait qu’on veuille que le gouverneur s’en mêle, alors aujourd’hui ils sont conservateurs parce qu’ils sont dans une situation d’opposés partisans qui dénoncent [la prorogation]underlines Patrick Taillon.

La gouverneure générale a encore une fois accepté la demande du premier ministre, mais aurait-elle pu la refuser? Il s’agit d’une grande controverse qui revient périodiquement. Des voix continuent de pousser l’idée selon laquelle le représentant du roi pourrait soudainement devenir un acteur politique et exercer son jugement et ne plus obéir à la volonté du premier ministre.relate le professeur de l’Université Laval.

La gouverneure générale Mary Simon arrive à la cérémonie du jour du Souvenir au Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa, le lundi 11 novembre 2024.

Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick

En réalité, c’est le gouverneur qui a le pouvoir, mais dans la réalité de nos conventions, il n’a pas le droit. Cela dépend des lunettes que nous décidons d’utiliser pour apprécier la situation devant nous.ajoute-t-il.

Techniquement, Mary Simons aurait donc pu refuser la prorogation, mais cette action aurait été en contradiction avec la tradition parlementaire canadienne. La chose la plus précieuse que nous ayons dans notre système repose sur des règles assez vagues, qui sont des lois non écrites et assez souples, que nous appelons des conventions constitutionnelles.specifies Patrick Taillon.

Tout le parlementarisme canadien et britannique repose sur le respect de ces règles fragiles. Bien sûr, c’est un peu étrange car ce ne sont pas des garanties aussi solides qu’on pourrait s’y attendre, surtout dans des situations de crise.résume le professeur.

Avec les informations de Guillaume Dumas et François Pouliot

 
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