Nicolas Nova, la pensée sauvage : l’hommage de Frédéric Kaplan

Nicolas Nova, la pensée sauvage : l’hommage de Frédéric Kaplan
Nicolas Nova, la pensée sauvage : l’hommage de Frédéric Kaplan

Perec, Zola ou Rabelais plutôt que des penseurs contemporains

Nicolas Nova avait certainement une méthode dont il avait décrit certains aspects dans ces Exercices d’observationns ou dans le Manuel de conception-fictionmais il ne suivait aucun dogme théorique et ne souffrait d’aucun asservissement à une seule discipline ou à une école particulière. Il s’est toujours dit plus inspiré par Perec, Zola ou Rabelais que par tout autre penseur contemporain. Ses complices, ses amis, étaient de tous types : designers, inventeurs, artistes, écrivains peu orthodoxes, venus du monde entier, unis simplement par un plaisir infini à explorer des territoires ignorés par la recherche académique. Avec eux, il pouvait construire des ponts, dessiner des cartes, et surtout donner naissance à des objets, comme il le fit pendant des années avec les Laboratoire du futur proche, un collectif international de créateurs espiègles et brillants. Ainsi, plutôt que de parler d’avenir, Nicolas Nova et ses camarades ont réalisé un « vrai » catalogue de vente par correspondance d’objets fictifs, un « vrai » journal sportif présentant des analyses produites par des intelligences artificielles encore à inventer et tant d’autres et des objets complets venus directement du futur. Là encore, il s’agissait de faire tomber les barrières rassurantes qui séparent habituellement la science de la fiction pour retrouver le pouvoir de l’imagination et lui donner corps, rendant visibles ici et maintenant les futurs possibles, dans leurs complexités et leurs contradictions. .

Des archives d’une valeur inestimable

Au fil des années, Nicolas Nova n’a cessé de documenter continuellement son travail, notamment sous forme de newsletters épisodiques. Dernière incarnation de ses carnets de recherche, Lagniappedont il a réalisé la quatre-vingt-unième édition en mars dernier, listait les expressions idiomatiques et les mots-valises qu’il rencontrait au cours de ses lectures et ce qu’il appelait les « onglets ouverts dans le navigateur », listes de lectures en cours, matière première intrigante qui n’a pas encore été créée. trouvé une place dans ses écrits. Ces archives de recherches en mouvement sont d’une valeur inestimable, à la fois source d’innombrables livres à écrire et chronique souterraine d’une époque dont nous ne comprenons encore que très partiellement les grandes mutations.

Nicolas Nova a trouvé la mort à l’âge de 47 ans, sur le terrain, loin de chez lui. Il vient de publier son 19ème livre. Ses pensées, toujours libres, accélérées, amplifiées, aiguisées. Il a tracé un chemin infiniment original, absolument nécessaire, si personnel qu’il semble impossible de le poursuivre. Que pouvons-nous faire pour que les lumières qu’il a allumées dans tant de territoires inexplorés avant lui ne s’éteignent pas ? Relisez ses livres et les archives de ses recherches en mouvement, s’approprier ses propos et ses méthodes, repartir humblement sur les chemins, explorer les périphéries où tout se mélange et s’hybride, où nos catégories sont inefficaces, où nos histoires simplificatrices se brisent, pratiquer le des exercices tous les jours pour poursuivre l’initiation à la pensée sauvage.

Notre récente rencontre : Nicolas Nova, anthropologue : « Le folklore numérique nous aide à réfléchir aux nouvelles technologies »

 
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