Les Français seront-ils au rendez-vous pour les soldes d’hiver, qui débutent ce mercredi 8 janvier 2025, dans la plupart des départements, et dureront quatre semaines jusqu’au 4 février ? Malgré les incertitudes économiques liées au contexte politique et à la concurrence des plateformes internet, les traders se montrent plutôt optimistes.
« Est-ce qu’il va y avoir un engouement ou pas ? »» s’interroge Fabien Lignelet, gérant du magasin Sandro du centre commercial Les Halles à Paris. Ventes privées « fonctionnent plutôt bien par rapport à l’année dernière. Voyons ce que la première semaine des vraies ventes apportera”ajoute-t-il.
Les détaillants misent notamment sur la météo et ce début d’hiver « plus frais » que les années précédentes, ce qui pourrait inciter les consommateurs à dépenser pour de nouveaux pulls et autres vêtements chauds.
« Le pire est derrière nous »
“On peut penser que les soldes d’hiver vont fonctionner” cette année, précise Laure Brunet-Ruinart de Brimont, déléguée générale de la Confédération des commerçants de France, qui regroupe 23 fédérations d’entreprises indépendantes.
Un ralentissement de l’inflation pourrait également stimuler les achats. Dans le secteur de la mode, les prix n’ont augmenté que de 1% en 2024, contre 3% en 2023 et 6% en 2022, selon l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM).
« Aujourd’hui, le pire est derrière nous. L’inflation a baissé, les taxes sur l’électricité vont être réduites, ce qui laisse un peu plus de marge de manœuvre aux consommateurs pour se faire plaisir.estime Yohann Petiot, directeur de Commerce Alliance, qui représente les enseignes des grands magasins.
Une perception des prix « floue »
Black Friday, seconde main, ventes privées, sites de mode ultra-rapide… Les consommateurs se voient aujourd’hui proposer toute l’année des articles de mode à petits prix, estime l’économiste Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’IFM.
« La perception du prix est donc quelque peu floue »il explique. Ce phénomène peut même conduire à une rationalisation des comportements. « Nous achetons quand nous en avons besoin et nous ne cédons plus à l’achat impulsif, qui semble presque appartenir au passé. […] Cela veut dire que nous n’allons pas faire quelque chose de fou pendant les soldes”il explique.
D’autant que les soldes d’hiver pourraient pâtir du contexte politique. L’absence de budget 2025 alimente l’incertitude des ménages. Toutefois, l’habillement est un poste de dépense qui « n’est pas la priorité des consommateurs lorsqu’il existe un environnement économique défavorable, instable, avec très peu de visibilité »underlines Gildas Minvielle.
Des « attentes toujours fortes » de la part des commerçants
58% des plus petits commerçants se disent également inquiets des répercussions de la crise politique sur leur activité, selon une enquête réalisée par le SDI, syndicat qui représente 25 000 TPE en France, dont de nombreux commerçants.
Les fédérations se veulent plus optimistes. « Nous n’avons pas affaire à des montants aussi élevés que lorsque nous achetons un canapé ou une maison. » Acheter des vêtements, c’est “encore moins engageant” pour le consommateur. Le secteur de la mode est donc moins exposé « des bouleversements politiques »explique Yohann Petiot, qui reconnaît néanmoins un « un climat qui reste extrêmement fragile ».
« Je crois que nous sommes capables de surmonter cette instabilité »acquiesce Yann Rivoallan, président de la Fédération du prêt-à-porter féminin, qui représente 600 marques françaises. Il croit qu’il y a toujours un « une forte attente » commerçants, même s’il souhaiterait que le début des soldes soit reporté “plutôt à la fin de l’hiver”le jugeant trop proche de Noël, « financièrement lourd pour les ménages »et trop prématuré pour déstocker.
La Confédération des commerçants français a également appelé, mardi, dans un communiqué à « décaler le début des soldes d’hiver au dernier mercredi de janvier » verser « préserver l’attractivité du commerce ».